Stéphane Demers croit savoir pourquoi on lui confie souvent des rôles de méchants
Il sera de la série «Indomptables» cet hiver.
Patrick Delisle-Crevier
Cette année, on verra Stéphane Demers dans le rôle d’un agriculteur qui n’a pas le sourire facile dans la série Indomptables, une véritable saga où deux familles jadis amies sont prêtes à s’entretuer. Entrevue avec le comédien à propos de son nouveau rôle, de son personnage de tueur psychopathe dans Indéfendable, de sa vie de famille et de bien d’autres choses encore.
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Stéphane, comment vas-tu?
Je vais très bien. J’ai passé un bel été à travailler beaucoup sur un projet qui me stimule énormément, alors je ne pourrais pas demander mieux. Ce projet a pour titre Indomptables. C’est une nouvelle série assez atypique à saveur western, dans laquelle je partage la vedette avec Benoît Gouin, entre autres. J’adore cette série, dans laquelle nous avons les deux pieds dans le territoire. Nous avons tourné en région, et ç’a été une expérience magnifique.
Quelle est la prémisse de cette série?
Au départ, il y a deux clans tissés serrés: les Richer et les Martineau. Mais quelque chose va arriver et ça va venir briser cette belle harmonie. Il va y avoir une bataille et de gros drames vont détruire les familles. La guerre sera déclarée entre ces amis de longue date et ça va avoir des répercussions sur l’entourage et sur la région en entier.
Parle-moi de ton personnage.
Il s’appelle Michel Martineau. C’est un homme qui n’a pas beaucoup de vernis. C’est un agriculteur de cinquième ou sixième génération qui est très ambitieux. Il n’a pas nécessairement les moyens de ses ambitions, mais il se les donne, même s’il doit parfois tourner les coins ronds. Ce n’est pas quelqu’un qui a beaucoup de scrupules; il trouve que c’est fait pour les faibles. Disons que ça m’éloigne un peu de ce que j’ai pu jouer récemment. J’ai souvent joué des méchants ou des gars cultivés. Cette fois-ci, ce n’est pas le cas: la seule culture de Michel, c’est le maïs! Même que dans son monde, on se méfie des gens qui ont trop de culture.
As-tu été surpris qu’on pense à toi pour un tel rôle?
Oui, mais c’est la joie d’être acteur que de recevoir de telles propositions, qui arrivent comme des surprises. Je ne pensais pas jouer un tel personnage un jour, mais on me l’offre, alors je vais le jouer avec plaisir et je pense que ça marche. C’est justement pour ce rôle que je porte la barbe fièrement en ce moment. Disons qu’on est tous pas mal transformés et on a tous de bonnes gueules dans cette série.
La saison dernière, on a pu te voir dans le rôle d’un tueur en série psychopathe dans Indéfendable. Que retiens-tu de cette expérience?
Ç’a été un grand cadeau pour moi de jouer ça, et aussi un beau défi. C’est vertigineux de jouer un psychopathe; il peut y avoir des pièges. Izabel Chevrier, l’idéatrice de la série, m’a donné beaucoup d’informations sur le personnage. Le dossier était très étoffé et ça m’a permis de construire quelque chose qui me stimulait beaucoup. Je suis assez content du résultat, surtout considérant le rythme auquel se déroule une quotidienne. Ç’a été une magnifique expérience et l’équipe a été extraordinaire. Pour jouer ça, j’ai puisé dans mon instinct, dans mes peurs, et c’était si bien écrit que tout était cohérent.
On pense souvent à toi pour des rôles de méchants. Pourtant, c’est bien loin de ce que tu es dans la vraie vie!
J’ai une théorie là-dessus: ça part du visuel. À partir du moment où tu as les yeux clairs, les pommettes hautes et une mâchoire comme la mienne, c’est possible qu’on pense à toi pour de tels personnages. Les «pas fins» sont souvent fort intéressants à jouer, parce qu’ils ont beaucoup de substance, et il y a un fun factor là-dedans. Je me réjouis qu’on me fasse confiance pour de tels personnages.
Stéphane, tu fais le métier d’acteur depuis 35 ans. As-tu la carrière que tu voulais au départ?
Je suis très, très satisfait. Je me souviens qu’en sortant de l’école de théâtre, je m’étais donné cinq ans pour voir si ça marcherait. Mais il n’était pas question pour moi de faire vœu de pauvreté et de misère pendant une plus longue période! Je m’étais dit que si ça ne marchait pas, j’allais faire autre chose. Ça voudrait simplement dire que ce n’était pas pour moi. Mais finalement, le métier m’a choisi et a continué de me choisir, donc j’ai sauté là-dedans avec plaisir. Je suis heureux et reconnaissant d’avoir la carrière que j’ai.
Qu’est-ce qui t’a amené à vouloir faire ce métier-là, au départ?
Ce n’était pas instinctif pour moi d’aller vers le devant de la scène. Je savais très bien que je ne le faisais pas par habileté naturelle. Mais je savais que si je voulais être en lien avec les autres, je devais trouver un moyen. Et les gens que je trouvais intéressants, à l’école secondaire, étaient souvent ceux qui faisaient du théâtre, alors je suis allé vers ça en sachant très bien que ça me sortirait de ma zone de confort. C’est ce que je voulais. Aussi, je m’intéressais à Michel Tremblay et à la scène. En y mettant les pieds pour la première fois, j’ai vite compris que ça marchait pour moi: j’adorais ça.
Il y a très peu d’informations sur toi sur le web. Tu accordes peu d’entrevues et tu es très discret sur ta vie. Fuis-tu tout ça?
Effectivement, je ne dévoile que très peu de choses sur ma vie privée, tout simplement parce que je ne vois pas l’intérêt que les gens pourraient avoir pour ma vie de famille. Ont-ils besoin de savoir si j’ai un chien ou un chat? Moi, en tant que spectateur, je ne veux pas en savoir trop sur les personnes que je vois dans des projets. Cela dit, je ne fuis pas les entrevues, je suis quelqu’un de gentil et avenant. Quand ça fait mon affaire, j’évite ça, mais je ne suis pas snob. Je pense que ça fait partie du métier et c’est bien correct.
À quoi ressemble ta vie quand tu ne tournes pas?
Je me retrouve dans le bois, avec Nadine, ma blonde, ou avec mon fils, qui a 26 ans. Il a étudié en cinéma, il est passionné par la direction photo et il travaille dans le domaine, mais dans l’ombre. J’aime aussi jardiner et je cuisine, parce que j’adore ça. Je suis vraiment un gars heureux en campagne, avec les gens que j’aime.
En terminant, quels sont tes prochains projets?
Je vais être dans une autre série qui sera annoncée très bientôt, et mon personnage dans la série Dumas va revenir. Sinon, je ne pense pas que mon personnage de STAT reviendra: l’autrice, Marie-Andrée Labbé, voulait aborder le thème de la maladie de Parkinson et je pense qu’elle l’a bien fait. De mon côté, j’ai été touché de jouer ça, parce que mon père était atteint de cette maladie. Autrement, j’ai 58 ans et je ne pense pas à la retraite: je suis un acteur et je veux mourir sur scène comme dans la chanson de Dalida!