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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Attaque au camion-bélier à Amqui: Steeve Gagnon s’est livré «tout bonnement», «comme si tout était normal»

Un témoin qui a suivi la camionnette de l’accusé jusqu’au poste de police décrit la conduite de l’homme comme «parfaitement normale» même s’il venait de semer la mort

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-05-22T15:26:31Z
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Un résident d’Amqui qui a suivi la camionnette de Steeve Gagnon dans les minutes suivant l’attaque au camion-bélier du 13 mars 2023 a expliqué jeudi que l’accusé s’est rendu «tout bonnement» aux policiers, «comme si tout était normal», «les mains dans les poches», même s’il venait de semer la mort sur son passage.

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Guillaume Parent circulait sur le boulevard Saint-Benoît quand une camionnette «avec le hood [capot] plié en deux» s’est retournée dans une entrée pour reprendre le boulevard en direction est.

Le citoyen a mentionné avoir tout juste réussi à éviter l’impact, klaxonnant au passage l’autre conducteur, qui s’est révélé être Steeve Gagnon.

Arrêté à une intersection, M. Parent a vu le Ford F-150 bleu le dépasser par la gauche pour griller le feu rouge. C’est en tournant la tête que le témoin a aperçu un homme couché au sol.

«Juste comment il était, je savais qu’il était décédé», a confié le témoin au jury en ouverture de la cinquième journée du procès de Gagnon.

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Photo d'archives Stevens LeBlanc
Photo d'archives Stevens LeBlanc
«Il marchait tout bonnement»

Quand une femme en panique lui a crié que la camionnette qui venait de partir était en cause, Guillaume Parent a décidé de prendre le suspect en chasse pour «prendre son numéro de plaque».

Selon son témoignage, le suspect de l’attaque s’est ensuite arrêté aux feux de circulation, adoptant une conduite «irréprochable», respectant les limites de vitesse et les règles de circulation.

«C’est comme si tout était normal», a expliqué le témoin, précisant que Gagnon est entré dans le stationnement du poste de police d’Amqui et s’est stationné «bien normalement, entre les deux lignes».

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Voulant s’assurer que l’homme se livrait, M. Parent a fait demi-tour et a repassé devant le poste de la Sûreté du Québec.

C’est là que son regard a croisé celui du suspect.

«Il marchait tout bonnement, bien normal, vers le poste de police. [...] Il avait les deux mains dans les poches», s’est souvenu le témoin, une pointe d’incrédulité dans la voix devant autant de détachement dans les minutes suivant le drame qui venait de se jouer.

Sans émotion au poste

La préposée à l’accueil du poste de la SQ qui a été la première à recevoir Steeve Gagnon l’a aussi décrit comme «très calme», même «sans émotions».

Quand Stéphanie Carrier lui a demandé pour quel motif l’homme se livrait, l’accusé lui a répondu que les policiers «allaient le savoir, les téléphones vont sonner bientôt». Gagnon tendait à se moment les bras vers l’agente de bureau qui se trouvait derrière un plexiglas, comme pour mimer qu’il était prêt à se faire passer les menottes.

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«Il n’avait aucune émotion sur le visage, il était tout le temps très calme», a souligné la femme, ajoutant qu’à ce moment, les téléphones se sont effectivement mis à sonner.

«Ça ne dérougissait pas, les appels rentraient pour dire qu’il y avait un accident et beaucoup de blessés.»

Scène d’ampleur

L’ambulancier chargé du triage des patients sur la scène du drame a aussi témoigné jeudi matin.

Maxime Berger a raconté que l’appel initial est entré pour trois patients peu après 15h, mais que rapidement, il a compris l’ampleur de ce qui se présentait devant lui, son collègue et le stagiaire qui les accompagnait.

«Surpris», le paramédic n’a même pas pris sa trousse de triage, prenant ses notes directement sur ses gants de protection. «Je me suis dit: “Là, concentre-toi.”»

Une fois les neuf patients happés par la camionnette pris en charge, M. Berger a sillonné la scène pour être certain «qu’on n’en oublie pas un». Puis, l’ambulancier a mis le cap pour le centre hospitalier d’Amqui un peu avant 16h.

«Je suis parti avec mon gant rempli de notes pour voir avec le médecin responsable du code orange, pour m’assurer que tous les patients que j’avais notés sur mon gant étaient tous rendus», a expliqué l’ambulancier de 12 ans d’expérience.

Ce dernier a expliqué qu’à leur arrivée sur le boulevard Saint-Benoît, deux patients ont été triés «noir», soit des patients pour qui les chances de survie sont à peu près nulles. Il s’agissait de Gérald Charest et Jean Lafrenière.

Initialement trié «rouge» et évacué rapidement, Simon-Guillaume Bourget n’aura finalement pas pu être sauvé par les médecins.

Simon-Guillaume Bourget, Jean Lafrenière et Gérald Charest. Les trois hommes ont perdu la vie lors de l’attaque au camion-bélier d’Amqui, survenue le 13 mars 2023. L’auteur de l’attaque, Steeve Gagnon, a été accusé de trois chefs de meurtre prémédité, en plus de deux chefs de tentatives de meurtre multiples sur neuf autres personnes. Crédit: Photos tirées des avis de décès des victimes
Simon-Guillaume Bourget, Jean Lafrenière et Gérald Charest. Les trois hommes ont perdu la vie lors de l’attaque au camion-bélier d’Amqui, survenue le 13 mars 2023. L’auteur de l’attaque, Steeve Gagnon, a été accusé de trois chefs de meurtre prémédité, en plus de deux chefs de tentatives de meurtre multiples sur neuf autres personnes. Crédit: Photos tirées des avis de décès des victimes Photos tirées des avis de décès des victimes

Steeve Gagnon est visé par trois chefs d’accusation de meurtre au premier degré pour la mort des trois hommes. Deux chefs d’accusation de tentative de meurtre s’ajoutent pour neuf autres victimes qui ont survécu au drame. 

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