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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Drame d’Amqui: découvrir l’horreur après 5 semaines de coma

Pauline Desmarais a décrit au jury ses blessures et le vide laissé par la mort de son mari au procès de Steeve Gagnon

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-05-21T16:18:01Z
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La journée du 13 mars 2023 avait commencé comme toutes les autres de la retraite paisible que vivaient Pauline Desmarais et Jean Lafrenière à Amqui. Leur marche quotidienne, dont la femme ne garde aucun souvenir, aura toutefois été leur dernière, a-t-elle raconté au procès de Steeve Gagnon mercredi.

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La septuagénaire ne se souvient de rien de cette journée fatidique et n’est même pas certaine encore aujourd’hui si les souvenirs qu’elle a du dîner avec son mari sont de cette journée ou pas.

Ce qu’elle sait, elle l’a appris cinq longues semaines plus tard, quand elle s’est réveillée du coma dans un hôpital de Québec.

Sauvée in extremis par les médecins, la femme s’est depuis remise de la majeure partie de ses blessures. Reste toutefois un grand vide dans sa vie, celui laissé par le départ de Jean.

Photo tirée du Facebook de Jean Lafrenière
Photo tirée du Facebook de Jean Lafrenière

«Ma plus grande perte dans tout ça, c’est mon mari», a confié Mme Desmarais au jury qui devra trancher le sort de Steeve Gagnon, accusé du meurtre prémédité de Jean Lafrenière et de deux autres hommes qui ont perdu la vie le 13 mars 2023.

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«Sauvée de justesse»

La femme ne verse pas dans l’exagération lorsqu’elle affirme que les médecins l’ont «sauvée de justesse». La liste de ses blessures donne à elle seule le vertige.

Lésions cérébrales, pneumothorax, lacérations aux poumons, à l’estomac, au foie et au gros intestin. Multiples fractures, soit au bras droit, au bassin et aux deux jambes, en plus de 16 côtes cassées. Greffe de peau à une jambe et multiples transfusions sanguines.

Pauline Desmarais est une survivante dans le sens le plus littéral du terme.

Le Journal avait rencontré Pauline Desmarais en décembre 2023, neuf mois après l'attaque au camion-bélier qui a tué son mari, Jean Lafrenière.
Le Journal avait rencontré Pauline Desmarais en décembre 2023, neuf mois après l'attaque au camion-bélier qui a tué son mari, Jean Lafrenière. Jeremy Bernier - Journal de Québec

Malgré le temps qui a passé, ses souvenirs, eux, n’ont jamais refait surface.

«J’ai complètement oublié ce qui s’est passé quelques jours avant. Pis ce n’est pas revenu», raconte la dame.

Elle sait toutefois pertinemment qu’elle et son mari faisaient leur marche quotidienne ce jour-là. Comme ils avaient l’habitude de le faire chaque après-midi, entre une petite séance de lecture, une promenade en raquettes et leurs cours de danse en ligne.

Tout ça s’est arrêté le 13 mars 2023, après cinquante ans de vie commune.

Premières images

Pour une première fois mercredi, les 14 jurés ont pu voir des images de ce qui s’est passé le jour du drame.

La vidéo déposée par le ministère public est fragmentaire, prise d’une passerelle qui se trouve derrière la microbrasserie La Captive. La caméra de surveillance est placée à environ 50 mètres du boulevard Saint-Benoît.

Par l’ouverture du petit chemin menant à la passerelle, on aperçoit les cinq membres de la famille qui a été fauchée par Steeve Gagnon.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

On y voit la poussette où se trouvait une fillette de six mois à peine, poussée par sa grand-mère. Derrière eux, la maman, suivie par son fils de trois ans, près de son grand-père.

On entend ensuite un cri strident au même moment où la camionnette entre dans le cadre en soulevant de la poussière. 

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Le son de l’impact donne froid dans le dos, les victimes étant projetées hors du champ de vision de la caméra.

Steeve Gagnon fait face à trois chefs de meurtre prémédité pour la mort de Jean Lafrenière, Gérald Charest et Simon-Guillaume Bourget. S’ajoutent deux chefs d’accusation de tentatives de meurtre multiples visant au total neuf personnes.

Selon la Couronne, l’accusé de 40 ans en avait contre le système et avait planifié son geste.

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