Sophie Lorain explique comment elle concilie travail et amour
«MR BIG» est disponible sur la plateforme illico+
Marjolaine Simard
Sophie Lorain et son conjoint, Alexis Durand-Brault, sont les créateurs de nombreuses séries à succès, telles que Portrait-robot, Mégantic, Sortez-moi de moi... Aujourd’hui, ce duo talentueux nous dévoile sa toute nouvelle série, Mr. Big. Dans cet entretien, Sophie Lorain partage avec nous son enthousiasme de travailler aux côtés de son partenaire de vie, tout en évoquant la relation profonde et inspirante qu'elle entretient avec sa mère, Denise Filiatrault.
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Qu’est-ce qui vous a attirés dans le projet de la série MR BIG?
Alexis et moi aimons soutenir de nouveaux talents avec des idées originales. En découvrant Marie-Hélène Lafortune et son travail sur sa première série, nous avons eu envie de la rencontrer. Nous nous sommes vite demandé pourquoi ce projet n’avait pas encore vu le jour. Avec l’ajout d’André Gulluni, l’auteur de Portrait-robot, l’équipe s’est renforcée. Et avec la distribution de rêve, qui inclut François Arnaud, Guillaume Cyr, Julianne Côté, Véronique Perron et Fred-Éric Savail, c’est vraiment un beau projet.
Comment décrirais-tu cette nouvelle production?
C’est une série qui mêle humour et drame, dans l’esprit du film Ocean’s Eleven. Elle est divertissante et colorée. C’est une série policière au rythme soutenu, où des policiers sous couverture créent des mises en scène pour piéger des criminels. Leur objectif: obtenir des aveux. Lorsque des enquêteurs ne peuvent pas prouver un crime, ils font appel à l’équipe de MR BIG, qui est là pour gagner la confiance des suspects et les faire avouer.
Dirais-tu que ta rencontre avec Alexis Durand-Brault relève du destin ou d’une chance unique qui a réuni deux créateurs?
Alexis et moi, c’est absolument la rencontre de deux créateurs dont les talents sont parfaitement complémentaires. Nous avons rapidement eu envie de créer des projets qui nous ressemblent, une télévision différente, avec notre propre signature.
Dès votre rencontre, vous avez senti une bonne chimie...
Oui, bien avant que nous devenions un couple! Je l’ai engagé comme directeur photo sur un projet, et ça a tout de suite bien fonctionné. Très vite, nous avons eu envie de créer des projets à notre image, et nos liens se sont renforcés au fil du temps, pour devenir une histoire d’amour.

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Vous avez abordé un moment clé de notre histoire avec la série Désobéir: Le choix de Chantale Daigle. Pourquoi ce projet vous a-t-il marquée?
Quand ce projet est arrivé sur mon bureau, personne n'y croyait, mais moi, j’étais enthousiasmée. Je pensais: «Il faut absolument faire ça!» C’était un sujet tellement actuel. Beaucoup de jeunes femmes ignorent qui est Chantale Daigle, et le fait que c'est grâce à son combat, qui l’a menée jusqu’en Cour suprême à l’âge de 21 ans, que les femmes peuvent aujourd’hui avorter au Canada. Voir David affronter Goliath, c’est fascinant!
Comment travaille-t-on sur autant de projets avec son conjoint? Est-ce possible de décrocher après le travail?
Nous, on travaille tout le temps. Nous ne sommes pas de bons exemples! (rires) Nos esprits sont très actifs sur le plan de la création.
Donc, même pour un dîner en tête-à-tête, il est difficile de décrocher?
Quand un projet est en cours, c’est comme un bébé: il y a constamment des décisions à prendre. Ce qui est difficile, c’est qu’un seul projet ne suffit pas, il y en a toujours d’autres en préparation, sans qu'on sache s’ils verront éventuellement le jour. C’est épuisant et très exigeant. On est constamment dans le rush, alors on se retrouve comme couple... de temps en temps!
On constate dans le nom de votre maison de production, ALSO, qui unit le début de vos deux prénoms, que vous êtes vraiment liés. C'est comme si vous étiez les deux hémisphères d’un même cerveau...
C'est tout à fait ça, chacun a un hémisphère.
C’est amusant, car on entremêle souvent les noms des couples que l’on désigne comme un «power couple»...
C'est drôle, parce que quelqu'un nous a parlé de ça cette semaine, mais on n'est tellement pas «power couple», parce qu’on est pas mal trop occupés à se demander de quoi demain sera fait... Mais je vais le prendre! (rires)
Reste que, l’un sans l’autre, votre création serait bonne, mais peut-être un peu moins powerful, non?
J’avoue! C’est certain! L’un sans l’autre, je ne crois pas qu’on serait aussi actifs. On a en effet quelque chose de complémentaire. Un ancrage qui se fait en se posant des questions, en s’obstinant, en s’engueulant même des fois. (rires) On finit par trouver le filon et la façon dont on veut faire les choses. On n’est pas tout le temps consensuels.
Est-ce que ça vous arrive d’être romantiques?
Pantoute! (rires) On est dans le concret!
Pendant des années, vous ne viviez pas dans la même maison. Est-ce toujours le cas?
Pendant 10 ans, on a effectivement vécu séparément. Mais très récemment, on a décidé d'emménager ensemble. On va voir si ça marche! Alexis, j’admire son intelligence. C’est un grand travailleur et ça, j’aime ça. Il est aussi doté d’un immense sens de l’humour. Il me fait beaucoup rire. Et j’en ai aussi. Ça aide beaucoup d’avoir de l’humour dans un couple.
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Travailler autant ne te rend pas malheureuse?
Non, je suis passionnée. Si, demain, je ne pouvais plus travailler, là, oui, je serais malheureuse! Avec Alexis, on a écrit notre première série ensemble, on a réalisé chacun de notre côté, j’ai joué dans ses projets, et on vient d’écrire un épisode entier de MR BIG. Cela nous permet, en tant que couple, d'apprendre l'un de l'autre. C’est notre façon de passer du temps ensemble.
Va-t-on bientôt te revoir en tant qu'actrice dans l’un de tes projets?
Oui, il y a un rôle qui pourrait se concrétiser, mais je ne peux pas en parler pour l'instant. C’est un projet assez extrême, et on verra s’il va aboutir, mais j’espère sincèrement que ça se fera. Cela dit, jouer pour le simple plaisir de jouer n’est pas essentiel pour moi.
Ta mère, Denise Filiatrault, a quitté la direction du Théâtre du Rideau Vert après 21 ans. En avez-vous beaucoup discuté?
Non, mais je pense que c’était le bon moment. Elle avait un public très fidèle et avait redressé le théâtre, qui était financièrement en ruine lorsqu’elle l’a repris. Elle lui a donné une nouvelle vie et une belle couleur. Elle a beaucoup donné. Ces dernières années, de nombreux théâtres ont changé de direction artistique, et elle voyait cela comme une évolution saine. À 93 ans, je crois qu’elle peut dire: «Ça va, j’ai fait ma part!»
Êtes-vous proches toutes les deux? Vous voyez-vous souvent?
Oui! Elle est présentement à l’extérieur du pays, mais quand elle est là, on se voit et on se parle beaucoup.
A-t-elle eu une grande influence sur ton choix de devenir comédienne?
C’est certain! Vous savez, mes parents étaient comédiens. Mon père a été agent d’artistes. Les parents de mon père, en France, aussi. Ma grand-mère était comédienne et mon grand-père, directeur de théâtre. Disons que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre.