Son anxiété sous contrôle, une nageuse québécoise réussit ses meilleurs temps en carrière à l’âge de 28 ans

À l’instar de l’humoriste Dominique Michel qui annonçait son départ du Bye bye chaque année avant de se raviser, Sarah Fournier est de retour dans la piscine sans la pression de performer et elle réussit ses meilleurs temps en carrière à l’âge de 28 ans dans un sport où les athlètes restent rarement actifs au-delà du quart de siècle.

Après une bonne pause, Fournier a décidé de reprendre l’entraînement, mais en oubliant les compétitions. «J’ai de la difficulté à gérer la pression et tout le monde le sait, a-t-elle expliqué. Je suis une personne anxieuse au départ et ça devient anxiogène quand la pression est trop forte. Après les Jeux de Paris, où je n’ai pas été en mesure de me qualifier, il y a eu une remise en question avec ma thérapeute et on a essayé quelque chose de nouveau.»

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«Une vie plus stable»

Fournier a retrouvé un meilleur équilibre de vie. «Parce que j’ai souffert de problèmes d’anorexie et que le contrôle de poids est encore très présent, la natation me permet d’avoir une vie plus stable, a-t-elle confié. J’ai besoin de bouger et la natation fait partie de mon équilibre de vie.»

Sa passion pour la natation est intacte. «Sans pression et en n’oubliant pas l’amour de mon sport, je nage pour moi-même et j’apprécie le processus. La passion est toujours là et mon travail me permet de continuer. J’arrêterai quand je serai tannée. J’ai parlé tellement souvent de prendre ma retraite que c’est devenu une blague récurrente au sein du club.»

Ses meilleurs temps à vie

Cette nouvelle approche a donné d’excellents résultats. À Fort Lauderdale du 30 avril au 3 mai à l’occasion du Tyr Pro Swim Series, la nageuse du CNQ a réussi un chrono de 54,45 s au 100 m libre et de 25,22 s au 50 m libre pour épingler deux records personnels.

Dans les deux cas, elle a atteint la finale A dans la compétition qui marquait le grand retour de la sensation française Léon Marchand, qui a remporté quatre médailles d’or individuelles aux Jeux olympiques de Paris devant un public complètement fou et une de bronze au relais 4 x 100 m libre.

«Son chrono au 100 m est le troisième meilleur par une Canadienne cette année, a mentionné son entraîneur Marc-André Pelletier. Seulement Mary-Sophie Harvey et Penny Oleksiak ont été plus rapides qu’elle. Sarah a de bonnes chances de se qualifier pour le relais 4 x 100m.»

Comment Pelletier explique-t-elle ce retour en force? «Elle a trouvé un meilleur équilibre entre son travail, la natation et ses problèmes personnels. Sa santé mentale est beaucoup mieux. Il ne faut pas oublier non plus qu’elle a souffert d’une blessure à un coude en octobre 2023 qui l’a retardée de huit à dix semaines dans sa préparation. C’est long à son âge. Quand l’intégrité physique et mentale est au rendez-vous, son niveau augmente.»

Si la nageuse de 28 ans peut répéter sa performance lors des Essais canadiens qui prendront l’affiche à Victoria du 7 au 12 juin, elle sera en très bonne posture d’obtenir son billet pour le championnat mondial qui se déroulera du 27 juillet au 3 août à Singapour. Elle avait remporté le bronze au relais 4 x 100 m à Doha lors du mondial de février 2024.

«Je devrai livrer la performance au bon moment, mais je vais me présenter au bloc de départ sans pression et avec l’objectif de m’amuser, a-t-elle souligné. Je suis confiante et je me retrouve à la place où je souhaitais être.»

Un message pour les plus jeunes

Fournier sera en action au 50 m et au 100 m, lundi et mardi. Il s’agit de ses deux épreuves de prédilection. Elle nagera fort probablement aussi le 200 m la dernière journée des sélections.

«C’est encourageant de réussir des records personnels à mon âge. Plusieurs nageurs arrêtent entre 20 et 25 ans. Ma performance est encourageante pour les plus jeunes qui peuvent envisager une carrière plus longue.»