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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Essais olympiques: une nageuse québécoise a déjà remporté sa plus importante victoire avant même de grimper sur le bloc de départ

Photo STEVENS LEBLANC
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Photo portrait de Richard Boutin

Richard Boutin

2024-05-16T21:13:39Z
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TORONTO | Avant même de grimper sur le bloc de départ pour le 100m libre des Essais olympiques qui se déroulent cette semaine au Centre panaméricain à Toronto, Sarah Fournier a déjà remporté sa victoire la plus importante.

Depuis qu’elle a reçu un diagnostic d’anorexie en 2012, la nageuse de 27 ans du Club de natation de Québec (CNQ) a vécu des moments très difficiles qui ont mené, entre autres, à trois hospitalisations au cours d’une période de 18 mois. Au plus gros de la vague, elle pesait 92 livres du haut de ses 5 pi et 11 po.

Photo STEVENS LEBLANC
Photo STEVENS LEBLANC

«J’avais la peau et les os, a-t-elle résumé. Mon entraîneur Marc-André Pelletier m’en a parlé avant que je reçoive le diagnostic à l’hôpital. C’est super délicat pour un coach d’aborder ce sujet surtout avec une fille de crainte d’empirer la situation. Je lui serai redevable toute ma vie et je ne serai jamais capable de lui redonner tout ce qu’il m’a apporté.»

«Le déni est tellement fort qu’il est difficile de voir des signes extérieurs, de renchérir Pelletier. La santé mentale est l’enfant pauvre du système santé. Le plus difficile est d’accepter qu’elle va devoir vivre avec cette condition toute sa vie.»

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Couteau à double tranchant

La natation a été un couteau à double tranchant. «La natation a failli me tuer, mais elle m’a sauvée, a illustré la médaillée de bronze au relais 4x100m des derniers Mondiaux à Doha en février dernier. En 2012, j’étais comateuse quand je suis entrée à l’hôpital et je n’ai aucun souvenir des vacances familiales. Pourtant, dans ma tête, je me disais que j’étais correcte. J’ai touché le fond du baril à plusieurs reprises.»

Hospitalisée, Fournier n’oubliait pas la natation. «J’étais incapable de terminer mon souper à l’hôpital, mais je reprenais mon assiette parce que je voulais retourner à la natation. Ce n’était pas facile, mais je devais me parler. Au départ, je nageais pour perdre du poids.»

Poids plus stable

Le retour n’a pas été facile. «Ce fut long avant de remonter, mais je suis plus stable depuis deux ans, a-t-elle indiqué. Mon poids est plus stable et je me pèse chaque matin après l’entraînement. Je veux m’assurer de ne pas perdre de poids et j’ai besoin de 7000 calories par jour.»

Fournier estime qu’elle est mieux outillée maintenant quand des problèmes surviennent. «J’ai appris à voir les embûches arriver et détecter les signes précurseurs avant d’être prise le doigt dans l’engrenage. Je possède les ressources nécessaires pour passer au travers. Quand ça va moins bien, je descends moins bas qu’avant. Au lieu de subir une vague, c’est seulement un soubresaut. Je suis une personne assez anxieuse et c’est important de consulter.»

Forte d’une première participation à une compétition internationale depuis 2019 lors du Mondial à Doha, Fournier a été ennuyée par une blessure à un coude qui l’a ralentie dans sa préparation pour les Essais, mais elle est parfaitement rétablie et a pu combler le retard.

«Que je me qualifie ou non pour les Jeux, je me serai battu pour la victoire, mais ça serait le fun de passer malgré toutes les embûches rencontrées. Il y a toujours des moments de doute et tu n’es jamais prête à 100% pour ce genre de compétition, mais ça fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien.»

Vendredi, au 100m libre, Fournier tentera de se glisser parmi les quatre premières afin d’obtenir une place dans le relais à Paris. Elle sera aussi en action au 50m dimanche. Lors des Essais menant aux Jeux de Tokyo, Fournier avait raté sa qualification par seulement 0 s 19. Elle avait pris trois mois de congé, croyant même que sa carrière était terminée.

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