Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Sarah Fournier: la retraite pour une nageuse québécoise qui a fait preuve d’une résilience exceptionnelle

Partager
Photo portrait de Richard Boutin

Richard Boutin

2024-05-21T13:24:12Z
Partager

TORONTO | Confrontée à de nombreuses embûches depuis ses débuts, la nageuse Sarah Fournier a décidé d’accrocher son maillot au clou de la retraite, dimanche, après sa dernière course aux Essais.

La nageuse du club CNQ a conclu sa carrière avec une quatrième place au 50m libre. «Ce fut une course émotive et la dernière de ma carrière, a confié Fournier. Après 21 ans, ce n’est pas évident, mais je le savais en venant à Toronto pour les Essais. J’ai tenté d’en profiter au maximum. J’ai terminé sur une note positive.»

Âgée de 27 ans, Fournier estime que le moment était venu de tourner la page. «J’ai fait le tour et je suis prête à me concentrer sur mon travail avec le CNQ, a-t-elle expliqué. J’ai été blessée à quelques reprises cette année et mon corps m’envoie des signaux. Je suis contente d’avoir pu revenir sur la scène internationale après une absence de cinq ans à l’occasion du championnat mondial à Doha en février où nous avons remporté une médaille de bronze au relais relais 4x100m libre. Ce fut une belle expérience.»

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

«Des gens me demandent si ça va être difficile d’arrêter de nager tout en demeurant à l’emploi du CNQ, mais je pense que c’est une transition intéressante, d’ajouter Fournier. Je ne coupe pas les ponts avec la natation tout d’un coup.»

Publicité
Une résilience à toute épreuve

La carrière de Fournier a été marquée au sceau de la résilience. Comme elle nous le racontait lors d’une récente entrevue, Fournier a vécu l’amour-haine avec son sport. Diagnostiquée anorexique en 2012, elle nageait pour perdre du poids et, en contrepartie, elle s’est convaincue de manger pendant ses hospitalisations afin de pouvoir reprendre la natation.

«La résilience est ce qui a marqué le plus ma carrière, a-t-elle souligné. Tu n’apprends pas toujours en gagnant. Tu deviens plus forte quand ça va mal et que tu décides de continuer de te battre. Ces apprentissages te servent toute ta vie et pas seulement dans le sport. Je suis plus forte mentalement qu’à mes débuts en natation. Ça va me servir toute ma vie. On a toujours des défis à relever.»

Un entraîneur impressionné

Marc-André Pelletier est impressionné par la ténacité affichée par sa protégée. «Les athlètes dans sa condition n’atteignent pas ce niveau, a affirmé l’entraîneur-chef du CNQ. Elles s’écrasent. Sarah possède une résilience incroyable. Elle pouvait se fâcher une journée et vouloir abandonner, mais elle revenait encore plus forte le lendemain pour les deux ou trois prochains mois.»

Un double emploi

En plus de devoir vivre avec un trouble alimentaire, Fournier devait travailler d’arrache-pied pour boucler son budget. «Le dossier du Journal sur les athlètes qui vivent pauvres [à lire ici], ça correspond tellement à Sarah, a souligné Pelletier. Parce qu’elle n’avait pas de brevet de Sports Canada, elle devait travailler 30 heures par semaine au lieu de se reposer. Ça a fait la différence entre sa qualification ou non pour Paris.»

«Sarah n’est pas une super vedette, mais c’est une fille qui est capable d’aider une équipe, d’ajouter Pelletier. En natation, tu as besoin de filles de troisième trio. Sa sélection était tellement accessible. La 5e fille retenue pour le relais 4x100m libre a fait 54 s 7. Sarah a fait mieux que ça l’été dernier. En raison de sa blessure à un coude, il a fallu réduire l’entraînement. On aurait eu besoin de trois ou quatre semaines de plus.»

Si elle délaisse la natation, Fournier aimerait s’initier à la boxe. «J’aime bouger et j’aimerais essayer l’entraînement de boxe, a-t-elle indiqué. Je ne veux toutefois pas me battre. Je ne veux pas frapper quelqu’un parce que j’aurais peur de lui faire mal.»

Publicité
Publicité