Serge Savard raconte son meilleur et son pire échange avec le Canadien


Stéphane Cadorette
La date limite des transactions approche à grands pas et s’il ne faut pas s’attendre à grand-chose du Canadien, qui maintient le cap sur son plan de reconstruction, il fut une époque où certains échanges ont marqué profondément l’organisation, pour de bonnes et moins bonnes raisons.
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Le collègue Jonathan Bernier a dressé une liste captivante qui permet de revenir sur les 25 meilleures et 25 pires transactions dans l’histoire de l’équipe. Des deux côtés de la médaille, on y trouve d’inoubliables bijoux.
Certains trocs ont été marquants parce qu’ils ont clairement amélioré l’équipe, tout en permettant de se débarrasser de bois mort. Dans d’autres cas, c’est complètement l’inverse et le Canadien a parfois mis des années à s’en remettre.
Notre équipe des sports a aussi parlé à différents intervenants dans le monde du hockey, qu’il s’agisse d’anciens membres du Tricolore qui ont été impliqués dans des transactions marquantes, ou à des joueurs d’autres équipes qui nous expliquent bien les dessous de transactions qui les ont affectés.
Un directeur général marquant
Dans un tel dossier, impossible de passer à côté de Serge Savard. Le sénateur a sans contredit été l’un des directeurs généraux les plus importants dans l’histoire du Canadien.

Savard, en poste de 1983 jusqu’au ménage fracassant de 1995, a été derrière les deux dernières conquêtes de la coupe Stanley du Canadien, en 1986 et 1993.
Il est l’auteur de 6 des 25 meilleures transactions dans notre liste, rien de moins.
À commencer par une décision qui pouvait à la base avoir l’air plutôt anodine, à ses débuts, le 4 novembre 1983, lorsqu’il a cédé le défenseur Robert Picard aux Jets contre un choix de troisième ronde. Ce choix n’est devenu nul autre que Patrick Roy.
«Je peux être pas mal fier qu’il ait marqué l’histoire du Canadien. Cette transaction-là tombe dans la bonne colonne! Roy, c’était vraiment le gars que je visais. Je l’avais vu quelques fois et la seule raison qu’il était là en troisième ronde, c’est parce qu’il jouait pour l’un des pires clubs juniors à Granby», raconte Savard, 42 ans plus tard.
«Je l’avais étiqueté comme choix de début de troisième ronde, mais je n’irai pas jusqu’à prétendre que je savais ce qu’il deviendrait.»
Un moins bon coup
Évidemment, personne qui occupe un poste de directeur général ne frappe pour ,1000! Même une figure adulée comme Serge Savard dans la longue tradition du Canadien en a échappé quelques-unes.
«J’en ai des très mauvaises aussi et je ne m’en suis jamais caché. J’aime mieux parler des bonnes!» lance Savard, pince-sans-rire.
«Disons que Chris Chelios est dans la colonne des pires. On a fait une évaluation qui n’a pas été exacte. Les spécialistes en médecine de notre équipe croyaient qu’il ne jouerait plus dans un horizon d’un an... Il a finalement joué jusqu’à presque 50 ans! Ma seule consolation, c’est qu’on a gagné la coupe après l’avoir échangé», note Savard, affirmant qu’il s’agit selon lui de son pire coup.

Il avait cédé Chelios et un choix de deuxième tour en retour d’un Denis Savard en perte de vitesse. Chelios a finalement disputé 19 autres saisons, remportant deux trophées Norris et deux coupes Stanley.
Pas toujours évident
Pour les joueurs impliqués dans ces transactions bonnes et moins bonnes au fil du temps, il est parfois difficile de comprendre sur le coup.
Maxim Lapierre, par exemple, a mal digéré de passer du Canadien aux Ducks en plein 31 décembre. Avec du recul, toutefois, cet échange lui a finalement permis d’aboutir à Vancouver, où non seulement il a été heureux sur le plan hockey, mais où il a également rencontré son épouse.
«À Anaheim, je tombais dans un mode de vie où les gars golfaient après la pratique et même si ça peut paraître le fun, moi, j’avais besoin de me retrouver dans un vrai marché de hockey», dit-il.
«Ç’a tout changé pour moi parce que je suis finalement arrivé à Vancouver, où j’ai rencontré ma femme et aujourd’hui nous avons trois enfants. Il y a un côté très positif dans tout ça. On a renversé la situation quand tu regardes l’histoire entière.»
De son côté, Jocelyn Thibault, qui a été la pierre angulaire de l’échange contre Patrick Roy en décembre 1995, réalise des années plus tard après avoir été propriétaire et directeur général du Phoenix de Sherbrooke, que la vie de DG n’est pas de tout repos.
«C’est très différent quand c’est toi qui es dans la chaise et qui as le téléphone au bout de la main pour faire l’échange. Tu dois prendre la responsabilité et les gens ne réalisent pas la pression que ça amène. Parfois, tu ne feel pas bien!»