7 ans après le décès de son père, Matthieu Pepper raconte comment il lui a enseigné l'humour
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Marjolaine Simard
Depuis aussi loin qu’il s’en souvienne, Matthieu Pepper a toujours rêvé de devenir humoriste. Benjamin d’une grande fratrie, il a développé son sens de l’humour en s’inspirant de son père, dont le talent pour désamorcer les tensions par des blagues bien senties laissait rarement indifférent. Après avoir peaufiné son art pendant des années sur la scène du mythique Bordel Comédie Club, s’être illustré à la radio et conquis le public avec sa série rafraîchissante Entre deux draps, il poursuit la tournée de son spectacle En attendant la fête au village et animera un Gala Juste pour rire Québec le 8 août prochain. Rencontre avec un artiste aux mille facettes.
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Matthieu, animer un gala, c’est une première expérience pour toi. Comment te sens-tu?
Je me sens bien! Dans mon gala, je veux retrouver l’esprit des soirées d’humour que j’ai animées au Bordel. Je veux un enchaînement d’invités qui fait que le public ressort en se disant «Hey, c’était juste une grosse soirée d’humour!» comme celles que j’adorais plus jeune. Je me souviens des Galas Juste pour rire à l’époque. Je trouvais des billets de dernière minute à bas prix, même si je n’avais pas d’argent. Parfois, ils remplissaient les balcons vides. Moi, j’étais toujours partant.

Tu souhaites un gala avec des humoristes de tous les âges...
Je trouve ça important qu’il y ait un mélange de générations. C’est organique. Parfois, on dirait qu’on veut séparer les générations. Moi, je suis un peu entre les deux. J’ai autant de fun avec les plus vieux qu’avec les plus jeunes.
Tu t’es également bien entouré pour l’écriture du gala...
D’habitude, j’écris toujours seul, mais pour le gala, j’ai demandé un coup de main à mon ami P-O Forget et à Mégan Brouillard. J’avais travaillé sur le show de Mégan et un jour elle m’a dit: «J’aimerais ça écrire avec toi.» Quand le gala est arrivé, je lui ai proposé de collaborer et on s’est lancés. Je pense que ça va être vraiment le fun.

J’aimerais que tu me parles du titre de ton spectacle: En attendant la fête au village...
«La fête au village», c’est un concept inventé par mon père. Un concept qui est un véritable message d’espoir. Son interprétation, c’est que lorsqu’on traverse des moments dramatiques, il faut se rappeler qu’une fête est à venir. Et c’est un peu ça mon spectacle. En attendant que ça aille mieux, il faut se rappeler qu’il y aura de beaux moments à venir.
Ton père était diacre et accompagnateur spirituel pour des personnes en fin de vie. Il avait une manière unique d’aborder l’humour, même dans les moments difficiles...
Il faisait des blagues sur des sujets lourds. Ça pouvait faire grincer certains des dents, mais venant de lui, ça ne faisait que dédramatiser. Parfois, il franchissait la ligne, ce qui pouvait surprendre, mais il m’a appris qu’il faut oser, prendre des risques. Je n’avais pas conscience à l’époque que j’étais en train de suivre une masterclass d’humour.
As-tu voulu lui rendre hommage dans ton spectacle?
Je n’aime pas dire que je lui rends hommage, mais que je l’amène avec moi. Je veux juste le sentir à mes côtés. J’ai un numéro entier sur lui dans le show, où j’aborde son décès des suites d’un cancer. C’est le numéro sur lequel j’ai le plus travaillé. Je ne voulais pas que ce soit touchant, tout en ne faisant aucun compromis sur le rire. Je voulais dire les vraies choses, sans édulcorer la réalité. C’est un signe de respect envers lui d’avoir mis autant d’effort dans ce numéro. Je sens qu’il est vraiment avec moi sur scène. Il est partout dans mon aventure.
Lorsque ton père était en fin de vie à l'hôpital, tu dis t’être beaucoup rapproché de lui...
La mort, ça rapproche parce que tu sens le compte à rebours. Mon père et moi, on avait beaucoup de points communs, surtout l’humour. On allait voir des films ensemble. Parfois quand je n’habitais plus à la maison, je venais le rejoindre à Saint-Eustache. On allait dîner, puis au cinéma. C’était simple, mais c’était une belle relation.
Tu es le benjamin d’une famille de cinq enfants de Saint-Eustache...
Exact! Je suis le cinquième. Ma sœur aînée, Nathalie, a 50 ans, et moi j’en ai 34. Malgré la différence d’âge, on est proches, car on travaille ensemble. Un jour, elle m’a dit: «J’ai toujours voulu faire ça, m’occuper d’un artiste!» et elle s’est jointe à moi. Travailler avec ma sœur, c’est super. Elle comprend tout, elle est efficace et très à l’écoute. Elle m’aide naturellement, car elle me connaît vraiment bien. C’est agréable d’avoir la famille proche, je me sens chanceux.
Tu viens donc d’une famille tissée serrée. Tu es oncle également...
Oui, je suis oncle six fois. Mes neveux et nièces ont entre 4 et 25 ans. Je suis devenu oncle pour la première fois quand j’avais huit ans. C’est drôle, car un de mes neveux est venu me voir au Bordel. C’est bizarre de penser que mon neveu m’attendait pour prendre un verre dans le bar où je fais mes spectacles.
Est-ce qu’il y en a dans ta famille qui ont l’humour facile et qui pourraient marcher dans tes pas?
Je ne pense pas, mais tout le monde est drôle. Ma sœur Patricia, par exemple, est super drôle. Elle a des réponses cyniques, parfois elle peut même être un peu baveuse. J’ai aussi un neveu avec qui j’ai écrit des numéros pour le 40e anniversaire de mariage de mes parents. On pensait qu’il serait intéressé, mais finalement, non.
À quel âge t’es-tu dit que tu souhaitais devenir humoriste?
Vers huit ans, je dirais! Mon père écoutait de l’humour en anglais. Ma mère m’a dit un jour: «À cette époque, tu voulais faire rire les gens!» Et c’est vrai, j’ai toujours nourri ce rêve.
La même année que tu es devenu oncle pour la première fois...
C'est vrai! Vous me faites réaliser que l’année de mes huit ans a été une grosse année. Dans mon show, je mentionne souvent cette époque, car il y a beaucoup d'affaires qui me sont arrivées dans cette période-là. C’était également le début de l'anxiété. C’est à ce moment qu’elle est entrée dans ma vie.
Tu parles de cette fameuse anxiété dans ton spectacle. Est-ce qu'il y a eu un déclencheur?
Aucune idée! On ne s'en est rendu compte que plus tard. Aujourd'hui, ça ne me définit pas, mais ça peut influencer certaines journées et décisions. Par exemple, ce matin, ça m’angoissait un peu de venir à la conférence pour présenter les galas, mais à chaque fois, ça se passe bien et je m’amuse. C’est ma tête qui complique les choses, alors que c’est souvent tout simple.
Tu as d’ailleurs dit en entrevue que tu ne pensais pas avoir d’enfant. Est-ce la peur de transmettre cette anxiété à ta progéniture?
Je sais que j’ai des qualités qui feraient de moi un bon père, mes amis me le disent souvent. Mais moi, je vois plus loin, comme si j'avais peur de transmettre quelque chose que je ne veux pas. C’est pourquoi, pour l’instant, j’ai pris la décision de ne pas en avoir. Qui sait, peut-être que je serai beau-père un jour, si je rencontre quelqu’un qui a déjà un enfant. Je sais que je serai capable de m’impliquer dans la vie d’un enfant.
Tu as choisi de ne pas parler de tes amours. Même Sam Breton a tâté le terrain dans son balado et tu n’as pas voulu en parler...
Ça l’avait un peu dérangé! (rires) Je m’en souviens, parce qu’on est de très bons amis. On déjeune ensemble et je lui raconte tout sur ma vie. Mais là, devant la caméra, j’ai juste dit «Non!» Je pense qu’il a été surpris par ma réponse. J’ai ce désir de garder ça privé.
Finalement, comment décrirais-tu ton quotidien?
J’habite à Montréal. Je me lève tôt et j’écris. J'essaie d'écrire tous les jours pour le gala. Si ce n'était pas du gala, je commencerais l’écriture de mon deuxième spectacle.