SAAQclic: Denis Gallant récemment témoin d'un autre fiasco informatique à la Ville de Montréal
La Ville vient de résilier un contrat de 20 M$, puisque le dossier de numérisation de la cour municipale n'avançait pas.

Dominique Cambron-Goulet
Le juge Denis Gallant, chargé de faire la lumière sur le désastre SAAQclic, a ironiquement été aux premières loges d’un autre fiasco informatique, celui du virage numérique de la cour municipale de Montréal, où il travaillait jusqu’à tout récemment.
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La Ville de Montréal vient de mettre sur pause ce projet qui piétine depuis des années, a appris notre Bureau d’enquête.
Le mois dernier, les élus montréalais ont résilié un contrat de plus de 20 M$ accordé à Fujitsu Canada en 2021, prétextant que l’entreprise ne livrait pas la marchandise dans les temps.
De 2022 à 2024, le juge Gallant était responsable de la direction des poursuites pénales et criminelles à la Ville de Montréal, une unité pour laquelle le projet de numérisation de la cour municipale a un impact majeur.
C'est le service des technologies de l'information qui gère ce dossier.
Une seule phase complétée
Fujitsu Canada devait remettre en juin 2025 une solution «clé en main» à la Ville pour moderniser les systèmes informatiques de la cour municipale, qui datent des années 1990.
Or, à trois mois de l’échéance prévue, à peine 16% du travail a été effectué. Près de 2,5 M$ ont été injectés jusqu’à maintenant dans ce contrat.
«Au cours des derniers mois, le projet a fait face à des enjeux de vélocité, les périodes de tests (qualité) ont pris plus de temps qu’anticipé et les différentes révisions des échéanciers ont culminé vers une situation qui nous amène à la recommandation de résiliation», est-il écrit dans les documents du conseil municipal.
Malgré ce constat d’échec, le dossier n’a suscité aucune question ou commentaire de la part de 65 élus lors du vote au conseil.
Selon nos informations, Fujitsu n’avait pas les connaissances ni la capacité de gérer le virage numérique, ce qui a mené la Ville à l’évincer après quatre ans de collaboration.
Sur les neuf phases que comprenait le projet, «une phase a été complétée et deux autres étaient entamées, mais non complétées», indique Gonzalo Nuñez, porte-parole de la Ville de Montréal. La phase complétée porte sur la gestion des dossiers criminels.
Invité à s'expliquer, Fujitsu Canada, n’a pas répondu à nos questions. Denis Gallant, lui, ne voulait pas commenter en raison de sa nomination comme commissaire.
Systèmes désuets
Les systèmes de la cour municipale sont dans un langage informatique qui n’est pratiquement plus utilisé de nos jours.
Les jeunes informaticiens ne connaissant pas ce type de code, la Ville a déjà dû avoir recours à des employés à la retraite pour en faire l’entretien.
Déjà en 2018, la vérificatrice générale, soulignait que la «désuétude» des systèmes informatiques de la cour municipale empêchait notamment le recouvrement de sommes dues à la Ville en lien avec des constats d’infraction.
Sept ans plus tard, ces systèmes ne semblent pas près d’être mis à jour.
«Le projet de la cour municipale demeure pertinent au niveau affaires et technologique. Sa portée sera revue et des solutions alternatives font l’objet d’évaluation», soutient Gonzalo Nuñez.
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