Publicité
L'article provient de Clin d'oeil
Culture

Roselle: «Faire de l'art, c'est un acte politique»

Partager

Amélie Hubert-Rouleau

2025-10-31T13:00:00Z
Partager

Artiste électro-pop à la plume affûtée et au cœur vibrant, Roselle nous revient cet automne avec Regardez-moi, deuxième volet d’un projet musical en trois temps. Entre introspection et revendications, elle se confie sur son engagement artistique et sa créativité multifacette.

• À lire aussi: Voici 10 paires d'écouteurs à moins de 100$ pour ajouter du flair à sa tenue

• À lire aussi: Le retour de cette it-girl ne passe pas inaperçu et voici comment s'inspirer de son look mystérieux et assumé

• À lire aussi: 4 initiatives mode à appuyer pour soutenir la Palestine

Comment décrirais-tu ton nouvel EP, Regardez-moi, en quelques mots?

Je dirais: givré, frontal et exploratif.

Ce microalbum est le deuxième pan d’un projet musical plus ambitieux. Peux-tu nous en parler un peu?

Éventuellement, ça va être un album complet, mais celui-ci a été divisé en trois parties. La première partie, c'était STP, qui avait un côté un peu plus sweet, plus léger. La deuxième partie, Regardez-moi, c'est la suite plus franche et assumée. Cet album complet et cette nouvelle phase musicale sont nés de mes grandes réflexions des dernières années. Des réflexions sur ma conception de l'amour, sur mon identité queer et de femme. J'ai pris le temps de réfléchir aux choses que j'avais envie de dire et à la place que j'occupe dans ce monde complexe dans lequel on vit. Dans le premier EP, j'abordais mes questionnements, alors que dans le deuxième EP, je prends position.

Publicité

Qu’est-ce qui t’a inspirée à vouloir mener un projet en plusieurs volets?

En toute transparence, c'est mon label qui m'a proposé de faire les choses ainsi. En 2025, faire de la musique, c'est encore plus compliqué que ce l'était parce qu'il y a tellement d'offres, de plateformes de streaming différentes et de façons de se faire connaître. On pouvait ainsi s'assurer que chaque chanson et chaque partie avait son moment pour briller. Finalement, selon les chansons que j'avais écrites, ça fonctionnait aussi au niveau de la trame narrative. Ça permettait de sortir des chansons pop et lumineuses avant l'été et de commencer l'automne avec celles qui sont un peu plus frontales. Disons qu'il y aura des surprises dans l'album final. La dernière partie va être présentée au début 2026.

Tu crées de la musique à la fois pour faire réfléchir et danser. Comment penses-tu qu’il est possible de mêler ces deux idées?

Dans la vie de tous les jours, je suis entourée de gens qui ne sont pas nécessairement dans ma chambre d’écho. Dans ma carrière, ma famille, mon entourage, je suis confrontée à des personnes qui n'ont vraiment pas les mêmes opinions, les mêmes valeurs ou les mêmes backgrounds que moi. Pour passer des messages, j’aime user de subtilité et de douceur. Souvent, c'est mieux reçu et c'est plus efficace. Dans la pièce STP, par exemple, je parle des mauvaises expériences que j'ai vécues avec des hommes dans des lieux publics. Cette chanson aurait pu avoir un ton ultrafâchée. Mais musicalement, je la décris souvent comme un mariage entre Philippe Katherine et Madonna; c'est super léger. Finalement, ce que cette chanson veut dire, c'est juste: «Hé, dude, je sais que tu es intelligent, que tu es capable d'être poli et de ne pas être déplacé.» Ça vient d'un véritable espoir en l'humanité et de l'idée que les gens peuvent changer.

Publicité

Dans Fierté, tu transformes la violence envers la communauté LGBTQIA+ en une célébration dansante, presque comme un acte de résistance joyeuse. Vois-tu la musique comme un moyen de désamorcer la haine au quotidien?

À 100 %. La musique est directement connectée aux émotions. Quand on entend une chanson ou qu'on voit une œuvre qui parle de la réalité d'une personne, j’ai l’impression qu'on a tendance à être encore plus empathique et ouvert que lorsqu'on lit un article sur le sujet dans les médias, par exemple. Là, on dirait qu'on a trop le temps de penser, tandis qu'en art, en musique, c'est plus émotif comme connexion. Je pense que la représentativité est aussi super importante. Moi, en tant que femme queer, je ne fais pas nécessairement partie des personnes les plus marginalisées. Je suis une femme blanche très straight-passing. J'ai des privilèges et je les reconnais. Mais je sais que pour plusieurs personnes qui me suivent, le fait de voir une autre femme queer qui fait de la musique, c'est inspirant.

Te considères-tu comme une artiste engagée?

Pour moi, faire de l'art, c'est un acte politique en soi. C'est quelque chose qui devrait être politique. Il faut vouloir dire quelque chose, avoir un angle, une vision. Personnellement, j'ai de la misère à connecter avec la musique dans laquelle je sens qu'il n'y a pas de vision ou de désir d’exprimer quelque chose en particulier. Ça ne veut pas dire de prendre d'assaut tous les combats et de tous les défendre en même temps dans chacune de ses tounes. Mais, pour moi, en tout cas, être un artiste, un vrai, c'est vouloir communiquer un message et changer les choses.

Publicité

En plus d’être autrice-compositrice-interprète, tu portes plusieurs autres chapeaux: directrice artistique, photographe et graphiste. Pourquoi est-ce important pour toi d’être aussi multifacettes?

J'aime diversifier ce que je fais au quotidien. C'est certain que dans ma vie, je vais faire plein d'autres affaires, en plus de la musique. Souvent, surtout dans l'art, une discipline nourrit la curiosité ou l'inspiration pour une autre. Pour mon projet, j’aime porter tous ces chapeaux-là. Le fait d'avoir des connaissances et de l'expérience dans tout ce qui est visuel, ça me permet d'avoir une signature forte et cohérente dans ma musique. Lorsque j'écris une toune, je pense au visuel en même temps; c'est tout un univers créatif qui s'ouvre pour chaque chanson. J'ai été inspirée par plusieurs artistes dont la facture visuelle est forte et claire. Lana Del Rey, par exemple, est arrivée avec une proposition visuelle et un look cohérent du début à la fin. Lorsque Florence and the Machine a lancé son album How Big, How Blue, How Beautiful, les vidéoclips formaient un court-métrage. Ce sont des œuvres artistiques complètes.

Tu as déjà plusieurs collaborations à ton actif, entre autres avec Mistress Barbara et avec Thaïs. Avec quels autres artistes d'ici aimerais-tu collaborer dans le futur?

Il y en a plein! Je fais partie d’un groupe de femmes en musique au Québec qui se soutiennent et qui s'aiment. Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy, Virginie B, Naomi, Täbï Yösha, Soraï... Je monterais un girl band avec toutes ces filles-là! Sinon, ma collaboration de rêve, ce serait avec Philippe Katherine. Il m'inspire énormément! C’est un artiste très conceptuel qui fait aussi de l'art visuel, et qui possède un univers bien à lui. En fait, on a des démarches similaires. Il est aussi très politique et expressif, mais toujours d’une manière positive et remplie d'amour.

Publicité

SES MUSTS

Ton influenceuse préférée ou la personne que tu préfères suivre sur les réseaux sociaux?

Lorsque j'ai besoin de motivation, Lucie Rhéaume (@lucierheaume) m’inspire. On a le même âge et elle possède plein d’entreprises. Elle voyage souvent et part à l'aventure. Elle m'inspire de par sa multiplicité. Gabrielle Laïla Tittley (@iputtherealingorilla), alias Pony, est aussi un bel exemple de femme aux multiples facettes. C'est une artiste qui fait plein de choses.

Tes designers ou marques favorites?

J'aime Lakuachimoto (@lakuachimoto), qui m'a habillée pour l’Adisq en 2023. Un artiste vraiment super! Je trouve qu'il est avant-gardiste.

Tes produits de beauté de prédilection?

J'ai le sérum teinté pour les lèvres Glaze Craze de Laneige, en teinte Peach Glaze. Je le mangerais tellement je le trouve bon! Sinon, j’adore tout ce qui est Danessa Myricks. C'est une entrepreneuse et une maquilleuse qui œuvre dans le métier depuis longtemps. J’adore ses palettes, avec des fards très irisés, très métalliques. J'utilise ses pigments comme illuminateurs ou ombres à paupières.

  • Sérum pour les lèvres teinté Glaze Craze de Laneige chez Sephora
  • Palette Love is Love de Danessa Myricks Beauty chez Sephora

Ton endroit préféré pour magasiner?

J'aime magasiner en friperie pour y dénicher des trésors, que ce soit chez Renaissance ou dans des petites boutiques de la rue Saint-Laurent. À Montréal, j’aime visiter la Pompadour (@lapompadour.mtl), Seconde Vintage (@seconde.vintage), Citizen Vintage (@citizenvintage) et Annex Vintage (@annexvintage).

À VOIR AUSSI: Ce que les filles stylées portent à Madrid

Publicité
Publicité