Robert Giroux contre les millionnaires: millions perdus, amitiés brisées
L'homme d'affaires qui administrait des prêts privés à Stéphan Huot a expliqué avoir géré les investissements d’amis proches qui allaient jusqu’à «30 M$, 40 M$»


Pierre-Paul Biron
Poursuivi pour 150 M$ par des investisseurs présumément floués dans la chute du Groupe Huot, Robert Giroux a admis mardi avoir convaincu des amis proches d’investir jusqu’à «30 M$, 40 M$» dans l’aventure où ils auraient perdu gros.
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«Malheureusement, ils ne m’ont jamais rappelé. J’ai perdu ces amis qui ont investi dans les fonds et qui me poursuivent aujourd’hui», a expliqué Robert Giroux.
L’homme d’affaires a indiqué au tribunal avoir gagné la confiance de ces gens au fil des ans. Assez, même, pour qu’ils lui confient une partie de leur fortune.
«Des gens ont placé 1, 2, 5, 10, 20 millions de dollars. Pour certains, c’est même allé jusqu’à 30 M$, 40 M$», a raconté Robert Giroux, qui gérait les fonds d’investissement privés FIISH et Q-12, largement dédiés aux activités du Groupe Huot.
Problème temporaire, selon lui
Malgré ces amitiés perdues et la poursuite de 150 M$ que lui ont collée ses anciens amis, Robert Giroux persiste et signe.
À propos d’une rencontre avec Stéphan Huot en mars 2022 où Giroux se disait forcé de faire «des hosties de fling-flang pour essayer de [le] sortir de la marde» et au terme de laquelle les prêts se sont malgré tout poursuivis, l’homme d’affaires a témoigné qu’il «reprendrait la même décision aujourd’hui».
Pour lui, jamais Stéphan Huot n’avait montré de signes de difficultés financières, seulement un problème de liquidités temporaire. Cette explication, l’homme d’affaires ne cesse de la répéter depuis le début de son témoignage, lundi.
Or, Me François Valin lui a exposé mardi des extraits du rapport de syndic KPMG sur les états financiers du Groupe Huot. Chaque année, de 2017 à 2022, des déficits de liquidités variant de 5,8 M$ à 16,9 M$ étaient enregistrés. Puis, à divers moments, des intérêts qui ne pouvaient être remboursés sur certains prêts sont apparus.
«Ça s’est fini par la faillite la plus spectaculaire du Québec, plus d’un milliard de dettes et ça, pour vous, ça correspond à un déficit de liquidités temporaire?» s’est emporté Me Valin.
«Pas de mémoire»
Les demandeurs accusent Robert Giroux de leur avoir caché les signes avant-coureurs de la débâcle à venir de Stéphan Huot. Ils l’accusent également d’avoir mis sur pied un stratagème duquel il bénéficiait au détriment des commanditaires recrutés pour investir.
Pour appuyer cette prétention, Me Valin a notamment ciblé une modification à la convention de prêts du fonds d’investissement FIISH afin de faire passer le prêt de 100 M$ à 120 M$ en mai 2021. L’exercice devait permettre d’injecter des fonds dans les projets d’Huot, mais, selon les avocats, des remboursements de prêts à des entreprises appartenant à Robert Giroux ont été effectués dans les semaines suivantes.

Avait-il déjà demandé à Stéphan Huot de faire en sorte que, dès qu’il recevait de l’argent d’un prêt, il devait payer Robert Giroux «en priorité»? Le principal intéressé a répondu par un lapsus, disant qu’il n’avait «pas de mémoire».
«Excusez-moi, pas de souvenir. Je ne m’en souviens pas.»
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