Poursuite de 150 M$: Robert Giroux cuisiné par les avocats des millionnaires
L’homme d’affaires a débuté son témoignage au procès civil qui l’oppose à plus de 75 investisseurs présumément floués dans la débâcle du Groupe Huot

Pierre-Paul Biron
Robert Giroux est catégorique: les millionnaires qui ont témoigné la semaine dernière n’avoir jamais été avisés de possibles problèmes financiers du Groupe Huot avant la débâcle ont tous fait le même «oubli». Il insiste sur le fait de les avoir appelés un à un.
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L’homme d’affaires visé par une poursuite de 150 M$ pour avoir entraîné plus de 75 investisseurs privés aux poches profondes dans les déboires de «son chum» Stéphan Huot est interrogé depuis lundi matin par les avocats des demandeurs.
Si ces derniers affirmaient lors d’interrogatoires préalables et de témoignages la semaine dernière être «tombés en bas de leur chaise» en apprenant les déboires de Stéphan Huot, Robert Giroux, lui, affirme «avoir toujours été transparent».
«Je les ai entendus dire ça. Ils ne doivent pas s’en souvenir, mais je les ai appelés», a assuré M. Giroux.

Incrédule, Me Jean-François Bertrand, qui l’interrogeait, lui a donc demandé si c’était la trentaine de personnes qui ont affirmé ne pas avoir été avisées des problèmes financiers du Groupe Huot qui avaient tous des problèmes de mémoire.
«Je ne dis pas qu’ils ont des problèmes de mémoire constants, je dis juste qu’ils ne se rappellent pas que je les aie appelés», a insisté Robert Giroux.
Signaux d’alarme?
Rappelons que l’empire du Groupe Huot s’est effondré au cours de la dernière année et demie, menant à une faillite provoquée par une dette de 1,2 milliard de dollars, suivie du rachat d’une partie de son parc immobilier. Les commanditaires ayant investi par l’entremise de Robert Giroux ont quant à eux perdu gros.

Taxes municipales impayées, manque de liquidités pour le remboursement d’intérêts sur les prêts, aveux de Stéphan Huot sur ses difficultés financières, Me Jean-François Bertrand a confronté Robert Giroux lundi sur ce qu’il a qualifié de «signaux d’alarme» de ce qui se dessinait à l’horizon.
Or, pour l’homme d’affaires, il n’en est rien. Selon M. Giroux, la situation de Stéphan Huot était «un manque de liquidités temporaire» et non un effondrement en règle.
Rien qui justifiait un «moratoire avec les investisseurs». L’avocat des demandeurs a alors soulevé la possibilité que la poursuite du financement ait pu être très avantageuse pour Robert Giroux, qui facturait des frais de gestion sur les différents prêts.
Selon Me Jean-François Bertrand, Robert Giroux et ses entités ont fait des revenus d’environ 70 M$ «découlant uniquement des activités du Groupe Huot» entre 2017 et 2022. De ce montant, 44 M$ auraient été facturés en frais de dossiers ou de service.
Témoignage tendu
L’ambiance était tendue en ouverture de témoignage lundi matin. Les avocats de Robert Giroux se sont opposés à plusieurs moments aux questions de Me Jean-François Bertrand qui, lui, avait parfois un ton de confrontation.
«Je vous avertis, la prochaine fois, je sors et vous irez vous obstiner dehors», les a menacés le juge Jocelyn Geoffroy.
En fin de journée, visiblement irrité de l’insistance de l’avocat des demandeurs, Robert Giroux a admis que l’un des projets financés était un «fiasco», insistant toutefois sur le fait que Stéphan Huot était le responsable.
«Je veux trouver où est rendu cet argent-là, retrouver mon argent et celui des commanditaires. C’est ma mission», a souligné Robert Giroux, soulignant avoir lui-même investi 40 M$ dans les projets d’Huot. «Il a pris de l’argent et l’a fait disparaître.»
Le témoignage de Robert Giroux se poursuivra mardi.
Extraits du témoignage de Robert Giroux
Sur les difficultés financières de Stéphan Huot:
«Le soleil brillait à l’horizon quand on est entré dans le bureau de M. Huot [en mars 2022]. Il arrivait d’un voyage de 200 000$ ou 300 000$ en Antarctique et d’une fin de semaine de ski à 10 000$ au Club Med à Charlevoix. Si ce gars-là était en difficulté financière, ça ne paraissait pas. Il avait un manque de liquidités temporaire.»
Sur les témoignages d’investisseurs «tombés de leur chaise» en apprenant les problèmes du Groupe Huot:
«Ils n’ont pas raison de dire que je ne les ai pas appelés, c’est un oubli, ils ne s’en souviennent probablement juste pas.»
Sur le maintien des prêts malgré les difficultés d’Huot:
«On avait en masse d’équité sur ses projets. Il n’avait qu’à vendre. Si Stéphan Huot avait vendu, on ne serait pas assis ici, tout simplement.»
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