Réplique canadienne: des produits soigneusement choisis pour faire mal aux proches de Trump

Raphaël Pirro
Les produits de consommation américains qui seront taxés à 25% dès mardi ont été soigneusement choisis en fonction du tort qu’ils pourraient causer à des personnes qui ont l’oreille du président Donald Trump.
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«On s’attend à ce que ces tarifs sur ces biens aient un impact sur des intervenants clés aux États-Unis», a indiqué un haut fonctionnaire du gouvernement fédéral lors d’une séance d’information, dimanche.
Le gouvernement a pris soin de ne pas nommer de marques spécifiques, préférant se référer à des catégories de marchandises.
Aucun État, républicain ou démocrate, n’est visé en raison de sa couleur politique: on préfère s’attarder à des individus dans l’entourage du président – sans les nommer – qui semblent avoir une influence auprès de Donald Trump.
L’autre raison pour laquelle Ottawa choisit d’imposer les produits de consommation de tous les jours est pour que la hausse des prix qui suivra l’imposition des tarifs touche l’ensemble des régions du pays de la même façon.
Des tarifs «illégaux»
À moyen terme, le Canada compterait porter plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre les États-Unis pour la «violation» de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), signé en 2018... par nuls autres que M. Trump et Justin Trudeau.
Ottawa considère que les tarifs imposés par les États-Unis sont «injustifiés et déraisonnables, mais aussi illégaux», a établi un haut fonctionnaire.
«Si d'autres moyens juridiques sont à notre disposition, ils seront également pris en considération», a-t-on indiqué.
La Chine, visée elle aussi par des tarifs de 10%, avait déjà annoncé samedi soir qu’elle irait de l’avant avec une plainte contre les États-Unis devant l’OMC.
Pas d’étude claire sur l’économie encore
La liste des produits américains dévoilée dimanche n’est que le premier de deux actes. La première ronde de tarifs ne touche que 30 milliards $ d’importations. La deuxième ronde, qui entrera en vigueur après trois semaines de consultations, sera étendue à 125 milliards $ supplémentaires.
Cela n’est presque rien comparativement à la valeur des produits canadiens exportés aux États-Unis, qui était évaluée à 594 milliards $ en 2023.
La guerre commerciale qui commence fera monter les prix sur une foule de produits quotidiens pour les Québécois et les Canadiens.
Les fonctionnaires ont refusé de fournir des projections de l’impact de l’ensemble des tarifs annoncés par les États-Unis et le Canada étant donné que les détails des tarifs américains n’ont été dévoilés qu’en journée samedi.
Ils ont également refusé de spéculer sur les revenus supplémentaires que pourrait prélever le Canada sur les 25% de taxe sur les importations américaines.
Dans une analyse préliminaire publiée dimanche, l’économiste en chef de la Banque de Montréal prévoit une croissance du PIB de 0% en 2025, un taux de chômage en hausse à 8% et un dollar canadien à 0,64 ou 0,65 par rapport au dollar américain.