[PHOTOS] Remontez le temps à bord d'un navire luxueux, le S.S. Keewatin, à Kingston
Marie-Ève Blanchard
De la même classe que le Titanic, mais encore plus ancien, le S.S. Keewatin, ce navire de l’époque édouardienne, est le dernier de son genre au monde! Depuis l’année dernière, il est possible de le visiter au Musée maritime des Grands Lacs à Kingston. Un voyage vraiment fascinant au cœur d’une époque et d’un univers révolus, ceux des paquebots à vapeur.
Construit à Glasgow en Écosse en 1907, le S.S. Keewatin a un parcours atypique. Avant même d’être en service, son arrivée vers les Grands Lacs relève en quelque sorte de l’aventure! À cause de ses 102 mètres de long, le paquebot a dû être coupé en deux parties à Sorel afin de pouvoir être remorqué à travers les canaux trop étroits de la voie maritime du Saint-Laurent et les écluses initiales du canal Welland. Il a finalement été reconstitué à Buffalo.

Commandé par le Canadian Pacific Rail, ce navire luxueux a joué un rôle crucial au Canada, reliant l’Ouest et l’Est, et transportant sur les Grands Lacs des passagers de première classe et certaines marchandises dans sa cale, notamment du blé. C’était l’époque où les paquebots servaient de liaison entre les trains, certains chemins de fer n’étant alors pas encore suffisamment développés. Ainsi, le Keewatin a navigué entre les ports de Port Arthur/Fort William (maintenant Thunder Bay) sur le lac Supérieur et Port McNicoll sur la baie Georgienne du lac Huron en Ontario. Après une longue carrière de près de six décennies, le Keewatin a été retiré du service en 1965 avant d’entreprendre finalement son dernier voyage en octobre 2023 jusqu’à la Cale sèche de Kingston. Une foule de bénévoles a alors entrepris de le revamper.
Une véritable immersion dans l’Histoire

La visite en vaut franchement la peine: l’intérieur du navire est méticuleusement préservé avec son mobilier d’origine, son escalier de bois massif et ses fenêtres en verre de Murano d’Italie. On a l’impression de remonter illico au début du dernier siècle en atteignant le pont inférieur. Le premier élément qui attire l’attention, c’est assurément le salon du barbier à même la cabine de ce dernier. Le barbier assurait aussi le rôle de maître de poste et tenait le petit magasin général pour les oublis.


Le bateau pouvait accueillir 288 passagers et 86 membres de l’équipage. Au pont supérieur, les cabines luxueuses se succèdent. Elles ont été soigneusement aménagées, la première avec des éléments reconstituant les effets personnels d’un passager en 1907, afin d’offrir un éventail de costumes et d’accessoires d’époque, pour chaque décennie jusque dans les années 1960.


Les artéfacts qu’on peut partout y admirer sont d’ailleurs multiples: cendriers, coupures de journaux, vinyles, horloges, porcelaine à l’effigie du Canadian Pacific, machine à écrire Remington, etc. Tout est disposé de manière à ce que les visiteurs se sentent replonger directement au cœur d’une époque révolue. N’empêche, une époque pas si lointaine dont cette grande dame représente avec élégance le dernier témoin.

Carnet pratique
Les tours guidés du S.S. Keewatin Tours: la visite s’effectue de mai et septembre. J’encourage fortement les visiteurs à réserver en ligne pour s’assurer une place. Diverses expériences sont offertes (45 minutes, 31,50$ adulte; ou 1 h 15, 41,50$ adulte), mais mieux vaut prendre le temps de parcourir l’exposition muséale avant, question de mieux comprendre et d’apprécier la visite. Pour les passionnés d’ingénierie, la visite de la salle des machines (30 minutes, 25$) est l’occasion de s’émerveiller devant les moteurs en laiton et en acier qui ont propulsé le Keewatin à travers les Grands Lacs (www.greatlakesmuseum.ca).

Lieu: Le Musée des Grands Lacs est situé au 55, rue Ontario à Kingston, aux abords de la Cale sèche de la ville de 1892. C’est un lieu historique national du Canada, la Cale sèche ayant servi à la réparation de navires, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale.
Accessibilité: Le navire même n’est pas accessible aux fauteuils roulants à cause de sa conception d’origine, mais une visite virtuelle est en cours de développement au musée.
