Quel métier surprenant pratique Alyssa Labelle de «MR BIG» quand elle n’est pas sur un plateau?
«MR BIG», dès le 10 septembre à 20 h, à TVA. Déjà disponible sur illico+
Marjolaine Simard
Alyssa Labelle brille à l’écran depuis l’âge de neuf ans. Aujourd’hui, elle revient à l’écran dans la série MR BIG, où elle incarne Rose, un rôle clé qui promet de fortes émotions. Après avoir longtemps été cantonnée à des rôles d’adolescente, elle joue enfin une femme au passé complexe — une expérience d’autant plus intense qu’elle était enceinte lors du tournage. Aujourd’hui maman d’un petit garçon de trois mois, Alyssa nous parle de son parcours et nous dévoile quelques secrets sur la carrière qu’elle mène parallèlement à celle de comédienne.
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Peux-tu nous parler de ton personnage dans la série MR BIG, qui aura une importance capitale dans l’intrigue?
Oui. Rose Pageau est la maîtresse de l’agent d’infiltration Jeff, incarné par François Arnaud. Lui, il a une femme, Marie-Pier (Stéphanie Perreault), et une fillette du nom de Chloé (Simone Bellemare-Ledoux). Entre deux missions et sa vie de famille, Jeff passe du temps avec mon personnage. On sent que ces deux-là se sont clairement attachés. Elle a un lourd passé qui va se dévoiler au fil de la saison, et Jeff va tenter de l’aider.
Comment as-tu vécu le tournage des scènes plus chargées en intensité?
Ç'a été de grosses journées, très intenses. Comme je jouais presque toutes mes scènes avec François Arnaud, on les condensait dans une même journée, et plusieurs d’entre elles étaient très lourdes. Comme c’est une relation cachée, ils vivent déjà le stress d’être ensemble. Ajoute à ça tout ce qu’elle porte... je rentrais chez moi le soir complètement vidée. C’était exigeant, mais tellement riche à jouer.

Avais-tu déjà rencontré François Arnaud?
Non, je ne le connaissais pas. Mais ça s'est tellement bien passé, ç'a vraiment été un match parfait. On n'avait pas non plus auditionné ensemble. On s'est vraiment rencontrés sur le plateau.
Vous jouez des scènes très intimes. Ça devait être intimidant de se lancer sans même avoir vérifié la chimie lors d’une audition...
Oui, ça faisait un peu peur, autant pour lui que pour moi. On a eu 10 minutes pour faire connaissance, puis on s’est lancés. La première scène qu’on a tournée était une scène de l’épisode 9, alors il fallait déjà que la complicité paraisse installée. Bref, on a commencé par un french... ça a brisé la glace! (rires) François a été d’une grande générosité et très professionnel. Et puis, quand tu passes des journées entières à tourner des scènes intenses et émotives, ça rapproche.
Pendant la saison, tu joues des scènes assez extrêmes...
On a effectivement tourné des scènes hautes en émotions. Et ce l’était encore plus parce que j’étais enceinte à ce moment-là.
Depuis combien de temps étais-tu enceinte?
Un peu plus de trois mois. Vers la fin des tournages, il fallait cacher ma grossesse. On a dû reprendre mes mensurations parce que mes costumes ne faisaient plus aussi bien. Certaines scènes étaient assez physiques, mais toute l’équipe a été formidable.
Car tu n’avais pas envisagé être enceinte lorsqu’on t’a annoncé que tu étais de la distribution...
Non, c’était une surprise. Je me suis empressée d’avertir la production, et il n’a jamais été question de me remplacer. J’avoue que je suis arrivée un peu vulnérable sur le plateau, surtout que c’était ma première grossesse. On se demande toujours comment ça va être reçu, mais je n’ai jamais senti que ça posait problème. Au contraire, Alexis m’a dit: «Ton enfant pourra regarder ça un jour et tu pourras lui dire: "J’étais enceinte de toi pendant ce tournage." J’ai trouvé ça tellement rassurant et positif, et il y avait une certaine fierté quand j’ai regardé la série sur illico+... en allaitant!
Ton fils est maintenant âgé de trois mois. Est-ce que la maternité a changé quelque chose en toi?
Si un jour on me demande d’incarner une jeune mère, je ne la jouerai plus de la même façon. Devenir mère donne du recul, surtout sur le stress, parce que ce métier est rempli d’incertitudes. Accoucher, être maman, ça m’a apporté une force, une stabilité supplémentaire. Le stress sera toujours là, car je suis de nature un peu anxieuse, mais aujourd’hui, il y a quelque chose qui s’est déposé.
Il semble que tu rêves d’être comédienne depuis que tu es toute petite...
J'avais à peine compris qu’on pouvait rêver d’un métier que je disais à mes parents vouloir être comédienne, sans trop savoir pourquoi. Mes parents, qui ne venaient pas du tout du milieu artistique, ont toujours été à l’écoute. Ils ne m’ont jamais mis de pression. Ils me demandaient parfois: «Tu as toujours envie de faire ça?» Si je répondais oui, on continuait. On a avancé ensemble dans un univers qu’ils ne connaissaient pas, et ça m’a énormément aidée d’avoir cette ouverture-là.

D'où es-tu originaire?
Je viens de Laval. Et c’est à neuf ans que tout a commencé pour moi. J’ai obtenu le rôle de Macha Lambert dans Lance et compte. Jean-Claude Lord m’a donné ma première chance. C’était un super beau plateau. J’avais 25 jours de tournage à cet âge-là, mais je ne comprenais pas du tout l’ampleur de ce que c’était. Pour moi, c’était juste: «Ben oui, je m’en vais jouer.» Mes parents, eux, réalisaient davantage ce que ça représentait. Ils ont été extraordinaires; mes parents et mes grands-parents prenaient congé pour m’accompagner.
Et ta carrière s’est poursuivie à l’adolescence...
Ça n’a pas été simple à l’école, sans être dramatique non plus. Mais à cet âge-là, tu changes, tu deviens une jeune femme alors que les gens t’ont connue alors que tu étais une enfant. Déjà que l’adolescence, c’est compliqué en général... Et longtemps, dans l’imaginaire des gens, je suis restée cantonnée à des rôles d’adolescentes, alors que j’étais dans la vingtaine et que j’avais la maturité d’une femme. Avec MR BIG, j’ai enfin l’impression de jouer une vraie femme, avec une trame dramatique intense.
Donc, tu n’as pas fait d’école de théâtre, tu as grandi directement dans le milieu...
Oui, c’est un cadeau, un privilège, mais ça vient aussi avec un petit manque d’expérience. Comme je n’avais connu que ça, il y a eu des moments d’accalmie où j’ai senti le besoin de retourner aux études.
En quoi as-tu étudié?
En horticulture, à l’École des métiers de l’horticulture de Montréal, au Jardin botanique. Aujourd’hui, je travaille pour la Ville, dans l’horticulture ornementale. Je me promène en ville pour la rendre plus belle. C’est un équilibre parfait pour moi. L’horticulture, c’est très concret, très terre-à-terre. Je finis mes journées épuisée physiquement, mais stimulée mentalement. Le jeu, c’est plus un stress cérébral. Ces deux métiers sont aux antipodes, et pourtant, ils me définissent bien à 35 ans. Il m’est arrivé de finir une journée en horticulture, de me laver vite, vite, puis de filer me faire maquiller pour tourner. C’est drôle, mais j’adore voir cohabiter ces deux univers.

Ton amoureux, Nils Caneele, est réalisateur de plusieurs documentaires, dont la série documentaire Peuples souterrains, qui met en lumière des gens qui vivent sous terre dans différents pays. Il a tourné avec son ami, le comédien Jean-Simon Leduc, et on peut regarder cela sur TV5 Unis...
On s’est justement rencontrés pendant qu’il tournait cette série aux quatre coins du globe.
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Est-ce que le fait de graviter tous les deux dans le monde de l’image pourrait vous inspirer un projet commun... autre que votre fils, bien sûr?
Oui, définitivement! On a une sorte de langage visuel commun. Regarder des séries ensemble, en discuter longtemps, confronter nos visions... c’est quelque chose qui nous passionne. On se nourrit mutuellement et, un jour, c’est sûr qu’on aimerait mettre nos idées en commun.
Après plus de 25 ans de carrière, quels sont tes souvenirs les plus marquants?
Ce sont surtout les expériences que je retiens. Par exemple, Le monde de Charlotte où, enfant, j’incarnais la meilleure amie espiègle et un peu détestable de Catherine Brunet. Il y a le film 1987 de Ricardo Trogi: replonger dans les années 1980, tourner au Dagobert avec des dizaines de figurants... ça reste gravé. Les tournages de Lance et compte aussi, quand on remplissait le Colisée de Québec et que les figurants nous ovationnaient, c’était complètement fou. J’ai aussi adoré jouer dans Fourchette, de Sarah-Maude Beauchesne, où mon personnage a une façon de parler très près de la mienne. Tout ça reste mémorable!