Québec doit s’opposer à l’entente Énergir-Hydro

Olivier Bourque
L’entente entre Hydro-Québec et Énergir pour convertir les bâtiments au gaz naturel vers la biénergie va à l’encontre des objectifs de décarbonation du Québec et le gouvernement caquiste devrait s’y opposer, estiment les oppositions péquiste et solidaire.
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« On vient pérenniser les énergies fossiles sur le bras des consommateurs québécois, c’est inacceptable. Il faut absolument revoir cette entente-là », s’est indigné le député péquiste Sylvain Gaudreault lors d’une entrevue avec le Journal.
En vertu de l’entente à l’étude devant la Régie de l’énergie, Hydro versera 400 millions $ à Énergir jusqu’en 2030 pour ses clients qui se tourneront vers la biénergie, un montant qui pourrait atteindre 1,4 milliard $ sur un horizon de 2044, a confirmé le fournisseur de gaz.
Selon le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEE), l’opération pourrait même coûter plus de 2 milliards $ à la société d’État si l’entente devait perdurer jusqu’en 2050, ce qui va se répercuter sur les tarifs des clients.
« Quand est-ce que le ministre va mettre fin à ce bar ouvert qui favorise Énergir au détriment des consommateurs ? », a demandé lors de la période de questions le député Gaudreault qui croit que le gouvernement devrait s’y opposer.
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La meilleure entente dit Québec
« Le geste qu’on pose actuellement avec Énergir et Hydro-Québec, c’est venir dire qu’en période de pointe, une centaine d’heures par année, on va venir utiliser Énergir avec du gaz naturel, auquel on injecte du renouvelable avec nos règlements », a répondu le ministre de l’Énergie, Jonatan Julien.
Selon lui, l’entente permettra une réduction de 540 000 tonnes de gaz à effet de serre par année et aura un impact plus limité sur la facture des clients d’Hydro.
« Si on électrifiait au complet, ça coûterait 2,6 milliards $ pour obtenir 20 % de plus. Donc en matière d’efficience, c’est un cinquième du coût pour 80 % de l’objectif », a-t-il imagé.
De l’enfirouapage de la CAQ
Mais les explications ne sont pas convaincantes selon la co-porte-parole de Québec Solidaire, Manon Massé. « Le ministre Julien est en train de nous enfirouaper. C’est pas compliqué », résume-t-elle en entrevue.
Selon elle, le gouvernement caquiste se targue d’en faire beaucoup pour l’environnement, mais de l’autre côté, il appuie les énergies fossiles.
« Le GIEC dépose année après année, des rapports qui nous disent : bottez-vous le derrière les décideurs ! Et là Jonatan Julien, nous dit d’une main : on est les meilleurs, on interdit les hydrocarbures », explique-t-elle.
« Mais de l’autre main, il nous enfirouape, en nous disant que l’entente Hydro-Énergir c’est nécessaire pour gérer la pointe en hiver, moi je dis au ministre, tu n’es pas un bon élève, car on peut gérer la pointe d’une autre façon », croit-elle.
Québec en fait aussi la promotion
Le Journal rapportait ce matin que l’entente Hydro-Énergir vise non seulement les clients existants d’Énergir mais aussi les futurs et les nouveaux bâtiments.
Dans un document sur la transition énergétique pour les bâtiments publics consulté par le Journal, le gouvernement caquiste en fait lui aussi la promotion.
Québec « privilégie le recours au mode biénergie comme mode de chauffage d’un nouveau bâtiment », est-il écrit.
« Ça devrait plutôt être interdit dans tous les nouveaux bâtiments. Il ne devrait pas avoir de la nouvelle canalisation », croit plutôt Mme Massé qui insiste pour avoir une commission parlementaire sur l’utilisation de l’énergie au Québec.