Hydro pourrait dédommager les futurs clients d’Énergir
Le fournisseur de gaz qui verra ses clients opter pour la biénergie sera dédommagé
Olivier Bourque
Non seulement Énergir pourrait être dédommagé par Hydro-Québec pour la conversion de ses clients actuels qui se tourneront vers la biénergie (gaz et électricité), mais aussi pour ses futurs consommateurs dans de nouveaux bâtiments, selon des documents consultés par Le Journal.
• À lire aussi: Hydro-Québec ne participera pas au paradis des bitcoins
• À lire aussi: Entente entre Hydro-Québec et Énergir: la Régie de l’énergie doit absolument refuser cette entente de dupes
• À lire aussi: Hydro-Québec: où sont passés les surplus d’électricité ?
L’entente entre Hydro-Québec et Énergir est actuellement étudiée par la Régie de l’énergie. Elle vise à dédommager la perte de revenus du fournisseur de gaz qui verra ses clients se tourner davantage vers la biénergie et l’électricité lors des prochaines années.
Elle permettrait à Énergir de toucher un montant de 400 millions $ jusqu’en 2030, mais toute l’opération en coûtera 2,4 milliards $ à Hydro jusqu’en 2050, selon une estimation, et serait notamment financée par une hausse des tarifs des clients de la société d’État.
Mais selon les documents déposés à la Régie, l’entente ne vise pas seulement les clients actuels d’Énergir, mais aussi ceux dans l’avenir qui décideraient de se tourner eux aussi vers la biénergie.
«Agrandir son réseau»
«L’offre vise à la fois des bâtiments existants et les nouveaux bâtiment», est-il écrit dans le document déposé à la Régie de l’énergie.
Ce nouvel éclairage crée encore plus de grogne au sein de groupes citoyens et environnementaux qui estiment que l’entente va pérenniser le gaz naturel pour encore plus longtemps au Québec.
«Énergir ne peut plus cacher son jeu. Le distributeur de gaz fossile veut se faire subventionner pour agrandir son réseau, le tout avec la complicité d’Hydro-Québec», a souligné Patrick Bonin, de Greenpeace.
De son côté, Énergir affirme que le partenariat n’augmentera pas ses parts de marché, mais donnera plus de choix aux futurs clients.
«C’est justement pour éviter le statu quo que les nouvelles constructions sont incluses dans l’offre. Sans la contribution, le déséquilibre tarifaire ferait en sorte que les nouveaux bâtiments se tourneraient vers le gaz naturel fossile plutôt que vers l’électricité ou la biénergie», a souligné Catherine Houde, porte-parole d’Énergir.
«Sans l’offre biénergie, ces clients se seraient plutôt tournés vers un chauffage entièrement au gaz naturel», a renchéri Cendrix Bouchard, porte-parole chez Hydro.
- Écoutez Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec, sur QUB radio :
Promotion du gaz
La société d’État tient mordicus à cette entente qui lui permettra de passer à travers les pointes hivernales, le moment où la demande est à son sommet. Hydro croit également qu’électrifier tous les clients existants d’Énergir impliquerait des coûts beaucoup plus importants que ceux de l’entente.
Mais pour Jean-Pierre Finet, porte-parole du Regroupement des organismes environnementaux en énergie, la proposition va à l’encontre des grandes tendances.
«De multiples juridictions bannissent complètement le gaz naturel dans la nouvelle construction, tandis que nos institutions en font la promotion. Trouvez l’erreur», affirme-t-il.
Le groupe demande au ministre de l’Énergie, Jonatan Julien, de «se prononcer contre le financement de la biénergie par d’autres hausses de tarifs d’électricité».
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.