Hydro-Québec ne participera pas au paradis des bitcoins
Pierre Poilievre veut attirer l’industrie de la cryptomonnaie au Canada

Olivier Bourque
Le candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, rêve de créer ici la capitale des bitcoins et de la cryptomonnaie. Mais ses grandes ambitions risquent de frapper un mur au Québec.
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Il s’agit de l’un des axes les plus importants de sa campagne. Dernièrement, on l’a vu payer un shawarma avec des bitcoins, avant de s’asseoir et de fumer de la chicha.
Lors des dernières semaines, M. Poilievre s’est aussi fait le défenseur de la cryptomonnaie, un moyen selon lui de contourner l’inflation galopante au pays.
« Je veux retirer le contrôle de l’argent des politiciens et des banquiers et le redonner au peuple », a-t-il affirmé. Il veut aussi faciliter l’implantation au Canada des entreprises de minage de cryptomonnaie.

Mais cette exploitation est extrêmement énergivore et l’industrie doit impérativement obtenir un tarif préférentiel pour opérer. M. Poilievre devra donc avoir des discussions avec des joueurs comme Hydro-Québec pour mettre son plan à exécution.
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Hydro n’en veut plus
Mais le projet risque de ne pas trouver preneur au Québec. La société d’État n’a aucun appétit pour cette industrie.
« On n’est vraiment pas dans une logique d’attraction des joueurs de la cryptomonnaie », a souligné le porte-parole de la société d’État, Cendrix Bouchard, lors d’une entrevue avec Le Journal.
Actuellement, Hydro fournit l’électricité à 80 entreprises de minage pour un total de 98 MW, ce qui représente la consommation de 7000 résidences. Si le nombre de projets semble encore limité, c’est parce qu’Hydro-Québec a freiné les ardeurs de l’industrie.
En seulement trois mois, entre décembre 2017 et février 2018, pas moins de 300 projets avaient été reçus à Hydro pour un total de 18 000 MW, ce qui représente plus de la moitié de la puissance de la société d’État.
Pour gérer la pression de la demande, la Régie de l’énergie a statué sur un bloc de 300 MW pour les joueurs de cette industrie. Jusqu’à maintenant, 22 MW ont été alloués. « Notre approche est prudente, c’était la bonne à avoir, car on pressentait une grande volatilité dans cette industrie », a souligné M. Bouchard.
Charest critique face à la crypto
La patronne d’Hydro-Québec aimerait même abandonner le bloc qui reste à attribuer. « Nous, ce qu’on dit, c’est que ce bloc-là, on devrait l’effacer, on ne devrait plus accueillir ce type de consommation là », avait souligné Sophie Brochu lors d’une entrevue avec l’animateur Bernard Drainville.
De son côté, le principal adversaire de M. Poilievre, l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, est bien loin de voir la cryptomonnaie comme une panacée.
« La cryptomonnaie est un atout, mais ne prétendons pas qu’il s’agit d’une solution magique à l’inflation. Ses énormes fluctuations de prix en font un actif risqué et les investisseurs doivent en être conscients », a écrit l’équipe de M. Charest dans un courriel envoyé au Journal.
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