Québec a atteint sa cible de réduction des GES en 2020 en raison de la pandémie

Gabriel Côté | Agence QMI
Les émissions de gaz à effet de serre ont chuté pendant la pandémie, ce qui a permis au gouvernement de dépasser la cible de réduction de GES qu’il s’était donnée pour 2020. Mais à mesure que l’économie va reprendre sa vitesse de croisière normale, le Québec devrait revenir à ses niveaux d’émissions habituels.
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Le bilan net de réduction des GES du Québec s’établissait à 26,6% en 2020, alors que sa cible de réduction était de 20%, a annoncé le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, lors d’une conférence de presse mercredi.
Tout en convenant que la pandémie de COVID-19 a beaucoup contribué à ce bon résultat, M. Charette a soutenu qu’il est difficile d’évaluer son impact réel, et qu’il faudra attendre les prochaines années pour avoir un portrait plus fidèle de la situation.
«On ne peut pas pavoiser ce matin, a-t-il dit. Mais rien ne nous indique qu’on n’aurait pas atteint la cible de 2020 sans la pandémie. Ce sont les prochaines années qui vont nous le démontrer.»
Les données du ministère permettent néanmoins d’entrevoir l’ampleur des effets de la pandémie sur les émissions de GES. Alors qu’elles n’avaient diminué que de 3% par rapport au niveau de référence de 1990 en 2019, elles ont chuté de 10,5% l’année suivante, principalement en raison du télétravail qui a entrainé une baisse de 13,2% des émissions liées au transport.
Marché du carbone
Par ailleurs, le gouvernement n’aurait pas atteint son objectif s’il n’avait pas eu recours à l’achat de droits d’émissions en Californie, ce qui lui a permis une diminution supplémentaire de 11,4 mégatonnes de CO2, ce qui équivaut à une baisse de 13,4% de ses émissions globales.
M. Charette assure qu’il ne s’agit pas d’un «tour de passe-passe». «Les émissions qui sont réduites grâce à des achats de crédits par des entreprises québécoises sont calculées en sol québécois uniquement (...). Ça aurait été un tour de passe-passe si la Californie avait comptabilisé ces réductions-là», a-t-il expliqué, en ajoutant que «les émissions de gaz à effet de serre ne connaissent pas les frontières».
Mais est-ce encore une fois en raison de la pandémie que les entreprises québécoises ont pu acheter autant de crédits carbone ?
«C’est difficile à évaluer. Sans pandémie, peut-être qu’il y aurait eu moins de crédits disponibles, peut-être que le prix de l’unité aurait été plus élevé. On n’arrive pas à faire de parallèle à ce niveau-là», a répondu le ministre de l’Environnement.
37,5% en 2030
L’objectif de Québec est maintenant de réduire ses GES de 37,5% d’ici 2030, sous leur niveau de 1990. Benoit Charette s’est dit confiant dans la capacité du gouvernement d’atteindre cette cible, même s’il reconnaît qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour y parvenir.
Au cours du dernier mandat, le gouvernement Legault avait déposé un Plan pour une économie verte, lequel prévoit des fonds de 7 milliards $ sur cinq ans, et qui a identifié environ la moitié des mesures nécessaires pour atteindre son objectif de 2030.
Pas de raison de se réjouir, dit QS
Québec solidaire considère qu’il est «gênant» que le Québec n’ait atteint ses objectifs en matière de réduction de GES qu’en raison de la mise sur pause de l’économie par les mesures sanitaires.
«L'an prochain ce sera différent, car le rapport démontre que malgré la pandémie, le Québec demeure un des États dans le monde qui émet le plus de GES. C'est encore et toujours le transport qui est notre talon d'Achille, et la CAQ empire le problème en sous-finançant le transport en commun et en encourageant l'étalement urbain avec des projets comme le 3e lien», a exprimé Gabriel Nadeau-Dubois dans une déclaration écrite.