Que se passe-t-il réellement dans les départements et facultés d’éducation?

Collectif de signataires
La critique des départements et facultés d’éducation n’est jamais bien loin. Dans l’espace public, de nombreux commentateurs s’égarent effectivement dans des clichés navrants. À titre de professeurs en éducation nous aimerions apporter quelques éléments à cette discussion.
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D’abord, nous lisons ou entendons souvent qu’il y règne une pensée théorique unique. Certains courants sont certes plus populaires, mais il en est de même dans d’autres domaines.
D’ailleurs, le bagage théorique de nos collègues professeurs et chargés de cours est fort diversifié : certains sont formés en éducation, alors que d’autres sont issus de disciplines telles que la philosophie, l’économie, la politique, la psychologie, la sociologie, la physique, etc.
Confrontation d’idées
Même si certains refusent de le voir : les idées sur l’éducation se confrontent les unes aux autres, entre nos murs. Une simple participation à une assemblée de professeurs permet de constater combien il est difficile de parvenir à un consensus en raison, justement, d’un dialogue entre des personnes qui n’ont pas les mêmes repères théoriques.
Ensuite, certains commentateurs aiment bien dire que les programmes d’enseignement sont de piètre qualité. Nous pouvons évidemment toujours faire mieux, mais notons que des efforts substantiels en ce sens sont réalisés dans tous les départements et toutes les facultés d’éducation.
Par exemple, les nouvelles moutures des programmes de formation à l’enseignement au secondaire en mathématiques ainsi qu’en sciences et technologie de l’Université de Montréal résultent d’une collaboration entre notre faculté et les départements de mathématiques et statistiques, physique, biologie et chimie. Nos étudiants sont donc aussi formés par les professeurs de ces départements, ce qui enrichit leur bagage de connaissances et de perspectives éducatives.
Meilleurs au monde
Par ailleurs, que sait-on des enseignants que nous formons? Certains indicateurs sont plutôt réjouissants. Selon les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) analysés par le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada, les élèves québécois se classent parmi les meilleurs au monde en lecture et en mathématiques.
Même si ces statistiques ne constituent qu’une image capturée aux quatre ans, elles suggèrent que les enseignants de ces disciplines effectuent un travail remarquable depuis la première passation du test, en 2000. La qualité du travail des enseignants semble d’ailleurs reconnue par la population québécoise.
Dans le Baromètre des professions produit par Léger Marketing en 2021, 88% des répondants disaient faire confiance aux enseignants/professeurs que nous formons. Et si nous retournons un peu en arrière, leur confiance était aussi élevée, par exemple avec un taux de 91% en 2016. Ainsi, bien qu’il convienne de reconnaitre que nos programmes de formation sont – et seront toujours – perfectibles, il importe d’aussi en souligner les bons coups.
Et puis, comme dirait Faulkner « Nous avons échoué à atteindre nos rêves de perfection. Je nous juge donc à l’aune de notre admirable échec à réaliser l’impossible. »
Sébastien Béland (Université de Montréal)
Marc-André Ethier (Université de Montréal)
David Lefrançois (Université du Québec en Outaouais)
Catherine Malboeuf-Hurtubise (Université Bishop)
Christelle Lison (Université de Sherbrooke)
Jonathan Smith (Université de Sherbrooke)