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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Les causes profondes de la crise de l’éducation

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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2024-05-23T04:00:00Z
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Cette fois, c’est moi, cher lecteur, qui vous demande un service.

On me dit souvent: écrivez sur ceci, lisez cela.

Je vous demande aujourd’hui d’aller lire, dans notre section Faites la différence, un article publié hier intitulé «Nos universités diplôment des analphabètes fonctionnels».

Témoignage

On le doit à une chargée de cours à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQÀM nommée Pascale Bourgeois.

L’article est saisissant tant par sa lucidité que par le courage de la signataire, considérant son statut précaire.

On pense à tort que la crise de l’éducation chez nous se résume au manque de professeurs, à la vétusté des locaux et à l’omniprésence des écrans.

Ce sont évidemment des problèmes, mais l’éducation est aussi rongée de l’intérieur par un virus sournois.

Mme Bourgeois enseigne à de futurs enseignants aux niveaux primaire et secondaire.

  • Écoutez la chronique de Joseph Facal via QUB :

Il y a certes de merveilleuses exceptions, mais beaucoup de ses étudiants ne veulent surtout pas de cours trop ardus sur les fondements historiques et culturels de l’éducation et sur les débats théoriques qui la traversent.

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Ils veulent du «concret», de l’«utile», des recettes, des raccourcis.

Ils exigent aussi de bonnes notes, comme s’il existait un droit à la réussite.

L’idéal pour eux serait de réussir sans faire les lectures et sans venir en classe.

En fait, ils ne viennent guère pour apprendre, pour s’instruire, mais pour y obtenir les papiers officiels que le marché du travail exige pour exercer le métier.

Nos facultés d’éducation, dit-elle carrément, «diplôment des analphabètes fonctionnels».

Ils iront ensuite... enseigner.

En fait, ils sont les produits de ce qu’ils ont eux-mêmes connu à l’école... et qu’ils apprennent maintenant... et qu’ils transmettront aux enfants dont ils auront la charge.

C’est-à-dire?

C’est-à-dire une façon de concevoir l’école dans laquelle l’enseignant n’est pas une figure de référence et d’autorité.

L’enseignant se voit plutôt comme un ami, un grand frère, un accompagnateur, un guide, une sorte de moniteur de camp de vacances.

Cet enseignant s’est fait dire, du temps où on le formait, que l’enfant devant lui est un petit être fragile qu’il ne faut pas brusquer, et duquel il ne faut pas trop exiger pour ne pas lui faire connaître l’échec et la perte d’estime de soi.

Photo d'archives, Agence QMI
Photo d'archives, Agence QMI
Repenser

Nous sommes passés, dit-elle, d’une «éducation centrée sur les connaissances à une éducation centrée sur l’enfant, collée sur ses besoins, ses intérêts individuels».

Cela sonne bien: «centrée sur l’enfant», «ses besoins», «ses intérêts individuels».

On s’imagine prioriser, dit-elle, «l’épanouissement personnel, le bien-être, le bonheur».

Le problème est que cela donne des jeunes qui ne sont ni plus épanouis, ni plus heureux, et dont le narcissisme, l’inculture et l’anxiété sont frappants.

Il faut revoir de fond en comble le recrutement et la formation des futurs enseignants.

Personnellement, je vois mal comment on pourrait confier cette tâche à ceux qui font partie du problème. 

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