Quatre morts dans un carambolage monstre: le camionneur ne veut pas rester 10 ans en prison
Il conteste en Cour d’appel la sentence exemplaire qu’il juge «excessive»


Valérie Gonthier
Le camionneur responsable du carambolage monstre qui a fait quatre morts en 2019 à Laval conteste la peine de prison historique de 10 ans rendue contre lui, la jugeant «excessive et disproportionnée».
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«Les camionneurs doivent assurer que les armes létales qu’ils conduisent ne mettront pas en péril la sécurité du public sur la route», avait lancé le mois dernier la juge Yanick Laramée, en condamnant Jagmeet Grewal à une longue peine de détention.
Le conducteur de poids lourd n’aurait pas dû être sur la route lorsqu’il a transformé les voies rapides de l’autoroute 440 à Laval en une scène d’horreur.

Il lui était interdit, à vie, de conduire un camion lourd notamment en raison de problèmes psychiatriques.
Il avait aussi d’importants problèmes de santé incompatibles avec la conduite de camions, dont un diabète non contrôlé.
Le 5 août 2019, Grewal s’est malgré tout retrouvé derrière le volant d’un semi-remorque.

Il avait percuté de plein fouet une file de véhicules immobilisés devant lui, pourtant visible plusieurs mètres à l’avance. Il n’avait jamais freiné, ni avant ni après l’impact.
Quatre automobilistes ont péri et d’autres avaient été gravement blessés.
«Un message clair»
Au terme de son procès, Grewal a été reconnu coupable de négligence criminelle causant la mort et des lésions.
La juge Laramée avait conclu que le chauffard n’avait «absolument aucune considération pour la sécurité des autres».
Elle l’avait ensuite condamné à 10 ans de détention, soit la peine la plus importante jamais rendue au pays pour un cas de négligence criminelle impliquant la conduite d’un poids lourd pour un conducteur qui n’était pas intoxiqué.
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«Le tribunal doit envoyer un message clair à l’accusé que ce genre de comportement ne peut pas être accepté. Aussi, un message aux camionneurs, que conduire un camion-remorque de 53 pieds est plus qu’un privilège, que cela peut mener à de sérieuses conséquences», avait justifié la magistrate.
Jagmeet Grewal, 58 ans, espérait s’en tirer avec une sentence de quatre ou cinq ans, notamment en raison de la violation de ses droits lors de son arrestation.

Mais la juge lui a refusé cette réduction de peine. Une erreur de droit, estime maintenant le camionneur déchu, dans un avis d’appel récemment déposé.
«Manifestement excessive»
Il conteste en effet la peine «inadéquate» rendue contre lui, la qualifiant de «manifestement excessive et disproportionnée».
Selon lui, une trop grande importance a été accordée aux principes de dénonciation et de dissuasion.
C’est la deuxième fois que Jagmeet Grewal s’adresse à la Cour d’appel pour cette cause, ayant aussi contesté son verdict de culpabilité.

Grewal n’a pas demandé à être libéré en attendant que le plus haut tribunal du Québec se prononce sur son sort.