Quatre morts dans un carambolage monstre: «Tant qu’il n’en parlera pas, on ne saura jamais ce qu’il s’est passé»
Le camionneur responsable du drame est de retour en cour pour les observations sur la peine

Valérie Gonthier
Le camionneur responsable du carambolage monstre qui a fait quatre morts en 2019 à Laval risque 10 ans de détention, une des pires peines pour un crime du genre.
• À lire aussi: Quatre morts dans un carambolage monstre sur la 440: le conducteur du camion reconnu coupable de négligence criminelle
«C’est une sentence qui doit faire écho parmi les camionneurs à travers le Canada, qui ont carrément une arme entre les mains pendant qu’ils conduisent», a lancé Me Simon Blais, qui représente le ministère public.
Jagmeet Grewal était de retour devant le tribunal jeudi, dans le cadre des observations sur la peine.

Le 5 août 2019, il était au volant de son camion semi-remorque lorsqu’il a percuté une file de voitures immobilisées sur l’autoroute 440 Ouest à Laval, tuant ainsi quatre personnes.

Il n’avait jamais freiné, ni avant ni pendant l’impact.
Il a depuis été reconnu coupable de négligence criminelle causant la mort et des lésions.
Trouver une explication
Par ailleurs, pour la première fois en cinq ans, des proches des victimes ont pu s’adresser au camionneur responsable des lourdes conséquences qu’ils subissent par sa faute.
«Ma mère disait toujours que rien n’arrive pour rien. J’ai essayé de trouver une explication [à sa mort], je n’ai pas trouvé. J’ai assisté à chaque jour de cour pour savoir ce qu’il s’est passé... Tant que [l’accusé] n’en parlera pas, on ne le saura jamais», a déploré Amélie Martin, la fille d’une des victimes, Michèle Bernier.

Elle réagissait au fait que l’accusé n’a jamais donné sa version des faits.
Sa mère de 48 ans est décédée aux côtés de son conjoint, Gilles Marsolais. Ce dernier aurait d’ailleurs eu 60 ans ce vendredi.
«Au lieu de planifier en cachette sa fête surprise, je suis ici», a lancé sa fille Mariane Marsolais.

Sylvain Pouliot, 55 ans, et Robert Tanguay-Laplante, 26 ans, avaient aussi péri dans le carambolage.
Au moment du drame, un épais panache de fumée noire se dégageait de l’incendie et était d’ailleurs visible à plusieurs kilomètres à la ronde.
«Imaginez-vous vous rendre compte que les photos et les vidéos qu’on a vues passer la veille, ce n’était plus de simples photos, mais bien celles de ma mère et mon beau-père qui étaient en train de mourir», a ajouté Mme Martin.
Peine suggérée importante
Si la juge Yanick Laramée décidait de condamner l’accusé à 10 ans de détention comme le suggère la Couronne, il s’agirait de la peine la plus importante jamais rendue pour un cas de négligence criminelle impliquant la conduite d’un poids lourd pour un conducteur qui n’était pas intoxiqué.
Rappelons que Grewal n’aurait jamais dû se trouver sur la route au moment du drame. Il avait déjà été déclaré inapte de façon permanente à occuper le métier de camionneur, notamment en raison de problèmes psychiatriques.

Il avait aussi d’importants problèmes de santé incompatibles avec la conduite de camions.
Malgré tout, il avait réussi à obtenir son permis à nouveau en raison d’une erreur majeure de la Société de l’assurance automobile du Québec.
Et même après avoir causé quatre décès et des blessés, il avait continué à conduire régulièrement des poids lourds alors qu’il se savait inapte.
M. Grewal est présentement détenu, puisqu’il a récemment brisé ses conditions de libération. Il avait notamment refusé de déclarer aux autorités son nouveau lieu de résidence.
Me Philipe Knerr, de la défense, croit pour sa part qu’une sentence allant entre six et sept ans de détention serait raisonnable pour son client. Mais il demande aussi qu’une réduction de peine d’un an et demi soit imposée, en raison de la violation des droits fondamentaux de son client lors de son arrestation.
La juge rendra sa décision plus tard en 2025.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.