Publication controversée sur Instagram: deux avocates du procès de Marc-André Grenon témoignent devant le Conseil de discipline
Élodie Drolet
Deux avocates de la défense qui ont publié une vidéo controversée sur les réseaux sociaux ont «instrumentalisé» le procès du meurtrier Marc-André Grenon à des fins de publicité, a dénoncé le syndic adjoint devant le Conseil de discipline du Barreau du Québec.
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Les images montraient les deux avocates à la télé, en train marcher dans les corridors du palais de justice de Chicoutimi, avec la chanson Gangsta’s Paradise. La publication était notamment accompagnée du mot-clic #htgawm (l’abréviation d’une série de télé américaine How to get away with murder).
L’avocate dont la séquence s’est retrouvée sur son compte Instagram s’est défendue vendredi devant le Conseil de discipline. Me Vanessa Pharand a affirmé avoir partagé cette vidéo uniquement pour promouvoir sa toge confectionnée par une petite entreprise locale.
Elle a soutenu que son intention était tout autre que celle perçue par le public.
Elle a ajouté qu'elle souhaitait notamment donner de la visibilité à l’entreprise en utilisant des images tournées par les médias lors du procès.
Le choix de la chanson Gangsta’s Paradise, entendue en trame sonore, a également soulevé de nombreuses critiques. L’avocate a soutenu qu’il s’agissait simplement d’un morceau qu’elle affectionne depuis longtemps et qu’elle y voyait une critique de la criminalité.
Elle n’a jamais voulu faire référence au procès en cours à ce moment-là ni aux gestes commis par Marc-André Grenon.
Rappelons que ce dernier a été reconnu coupable de meurtre au premier degré et d’agression sexuelle grave en 2024.
Quant aux mots-clics «meurtre» et «how to get away with murder», Vanessa Pharand a affirmé les avoir utilisés uniquement pour accroître la portée de sa publication.
Selon elle, il s’agissait d’une stratégie visant à rejoindre davantage d’avocats afin de faire connaître le travail de cette entreprise.
«How to get away with murder» est également une série télé qu’elle aime.
De son côté, Karine Poliquin, également présente dans la vidéo, a soutenu qu’elle n’avait aucune expérience des réseaux sociaux. Elle croyait que seules les connaissances de sa collègue verraient la publication.
Elle a dit ne pas avoir porté attention à la musique ni aux mots-clics. Toutefois, elle avoue avoir aimé la vidéo de Me Phrarand lorsqu’elle l’a vue pour la première fois.
Me Pharand a par ailleurs confié avoir reçu une avalanche de messages haineux et violents après la diffusion de la vidéo.
Faute déontologique
Les audiences du Conseil de discipline se sont terminées par les plaidoiries vendredi.
L'avocat du syndic du Barreau du Québec a demandé au Conseil d’évaluer l’impact qu’a eu cette vidéo, notamment sur la réputation du métier d’avocat.
Selon lui, la vidéo ternit l’image de la profession et demande que cet incident soit considéré comme une faute déontologique, puisque les parties ont instrumentalisé un procès à des fins de publicité ou pour leur propre intérêt.
Il souhaite que ce cas soit utilisé comme exemple à ne pas faire dans le métier d’avocat.
Voyez le reportage complet dans la vidéo ci-dessus