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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Disparitions et meurtres irrésolus: on vous résume 3 des cas les plus marquants du Québec

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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2025-07-26T10:30:00Z
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Des centaines de cas de disparitions ou de meurtres irrésolus trainent dans les cartons des services de police à travers le Québec. Ces «cold case», qui attendent patiemment la découverte de nouveaux éléments de preuve, deviennent parfois l’obsession d’enquêteurs privés qui n’hésitent pas à fouiller les dossiers troublants.

• À lire aussi: Enquêteur privé de soir, il s’attaque aux meurtres et disparitions irrésolus du Québec

«Un cas est particulièrement marquant quand c’est certain que les autorités sont passées à côté de quelque chose», souligne le président fondateur de l’organisme Meurtres et Disparitions Irrésolus du Québec (MDIQ), Stéphane Luce. 

«Je vais mettre du temps pour tenter de trouver de l’information à remettre aux policiers à partir du moment où je crois que c’est pertinent pour l’enquête. Je ne peux pas rester les bras croisés», ajoute-t-il. 

L'enquêteur privé, Stéphane Luce
L'enquêteur privé, Stéphane Luce Photo courtoisie / MDIQ

Parmi les 1110 dossiers qui figurent dans la base de données de MDIQ, qui est «largement incomplète» selon Stéphane Luce, trois cas continuent de hanter l’enquêteur privé. 

«Je ne lâcherai jamais le morceau», assure-t-il. 

Stéphane Gauthier, assassiné en 1982

«C’est le cas qui me fait le plus réagir», lance M. Luce. 

«Ça arrive, comme dans le dossier du jeune Stéphane Gauthier, où l’information remise à la police ne semble pas être prise en compte. C’est choquant dans ce temps-là», fait-il valoir. 

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Le garçon, qui était âgé de 12 ans, a été retrouvé assassiné le 23 décembre 1982 dans un champ de l’arrondissement d’Anjou, à Montréal. Il était dévêtu et avait été agressé sexuellement. Il serait mort étranglé avec son chandail de laine gris. Son argent de poche n’aurait pas été volé. 

Photo courtoisie / MDIQ
Photo courtoisie / MDIQ

En fin d’après-midi, le 21 décembre, Stéphane Gauthier et deux amis se rendent au Canadian Tire du coin pour récupérer un cadeau de Noël. Sur la route du retour, les enfants auraient été suivis par trois individus dans une camionnette blanche. 

Le trio se dépêche de rentrer au domicile des amis, sur la rue Messier, où ils étaient attendus pour souper. Vers 18h30, le jeune Stéphane part pour aller rejoindre sa mère et son beau-père qui étaient chez des amis, à quelques rues de chez lui. 

Il ne s’est jamais rendu. 

Stéphane Luce est convaincu que l’enquête doit être relancée, notamment en raison de la présence d’ADN dans le dossier. 

«Ça traine! Ça fait quatre ans qu’on pousse pour qu’il y ait des tests de généalogie génétique pouvant lier des échantillons d’ADN à des noms de famille», explique le détective privé. 

C’est cette technologie qui a permis l’arrestation de Marc-André Grenon, en 2022, accusé du meurtre de Guylaine Potvin, une jeune femme de 19 ans retrouvée morte dans son appartement de Jonquière, en avril 2000. 

L’engouement pour la généalogie dans les dernières années a permis à la Sûreté du Québec (SQ) de faire déboucher ce crime irrésolu qui trainait depuis 22 ans. 

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Photo courtoisie / MDIQ
Photo courtoisie / MDIQ

Les millions d’échantillons d’ADN envoyés à des compagnies comme Ancestry.com fournissent une incroyable base de données aux enquêteurs, qui peuvent légalement y accéder, pour les aider à élucider des «cold case». 

Dans le dossier de Stéphane Gauthier, la généalogie génétique n’a pas encore été utilisée par les policiers malgré la présence d’ADN sur le corps du petit. 

«Bien des meurtres pourraient être résolus avec cette technologie, mais ça coûte cher», avance Stéphane Luce. 

Marilyn Bergeron, portée disparue depuis 2008

Le 17 février 2008, par une douce matinée presque printanière, dit-on, Marilyn Bergeron, 24 ans, sort faire une promenade dans le quartier de Loretteville, à Québec. Elle enfile son manteau sans prendre son sac à main ni ses cigarettes et ne reviendra jamais. 

La jeune musicienne de nature enjouée vient tout juste de revenir à la maison familiale, après avoir passé trois ans dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. Son entourage s’inquiète: elle est devenue une triste version d’elle-même. Un événement semble avoir troublé sa vie. 

Le 10 février 2008, elle appelle sa mère vers 18h30. La jeune femme ne va pas bien. Elle confie avoir peur. De quoi? Sa mère n’obtiendra jamais de réponse. Les deux concluent cependant que Marilyn doit rentrer à Québec. Elle saute dans un bus le soir même. 

Les jours suivants son arrivée, ses parents la questionnent. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu’elle soit dans cet état? Lorsqu’ils lui demandent si elle a été agressée, ils obtiennent une réponse s’apparentant à un «oui». 

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Les parents de Marilyn Bergeron contactent le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) le lendemain de sa disparition. 

Photo courtoisie / MDIQ
Photo courtoisie / MDIQ

Un indice se pointe rapidement dans l’enquête: une personne a tenté d’effectuer un retrait à partir de la carte de crédit d’urgence que le père a laissée à sa fille. 

Les caméras de surveillance de l’institution confirment qu’elle a bel et bien tenté de retirer 60$ au guichet automatique de la caisse populaire de Loretteville, en vain. 

Sur les images, la jeune femme porte un sac à dos noir. Ses parents sont catégoriques: Marilyn n’avait aucun bagage lorsqu’elle a quitté la maison vers 10h45, la veille. 

Une seconde transaction est signalée vers 16h, cette fois, au café dépôt de Saint-Romuald, de l’autre côté du pont Pierre-Laporte à une vingtaine de kilomètres de la résidence familiale. 

Une caissière affirme que la jeune femme a acheté un café avec la carte de crédit. Elle serait la dernière à avoir vu Marilyn Bergeron. 

Pour la police, l’affaire est considérée comme un départ volontaire. Pour la famille, toutefois, l’histoire est différente. 

De nombreux éléments laissent présager que leur fille était en danger: son départ précipité de Montréal, la possible agression dont elle aurait été victime et le changement d’attitude soudain de Marilyn. 

Mélissa Blais, portée disparue depuis 2017

La mère de famille de 34 ans a été vue pour la dernière fois dans un bar de Louiseville, en Mauricie, au petit matin, le 2 novembre 2017. 

Mélissa Blais habite avec son amoureux des quatre dernières années, François, dans une maison qu’ils viennent d’acheter. Elle occupe un emploi au bar-salon chez Nina, à Berthierville, tout en commençant une carrière de courtière immobilière qui se terminera rapidement, moins d’un an et demi après avoir obtenu son permis. 

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Le soir du 1er novembre 2017, elle et son conjoint se disputent. La chicane est banale, mais ce genre d’accrochage n’est pas habituel pour le couple. 

Mélissa décide de quitter la maison vers 19h30 pour aller prendre l’air. Elle embarque dans sa voiture, une Toyota Corolla 2011 de couleur noire, et elle roule une douzaine de minutes avant d’aller rejoindre des amis à Louiseville pour une partie de poker. 

Après sa partie, vers 23h45, elle texte son conjoint pour lui annoncer sa victoire et lui dire qu’elle ira prendre une bière à la Brassette L’Ami. Elle y reste le temps d’un verre. 

Elle marche ensuite à moins de 100 mètres de l’établissement pour se diriger au bar Les 2 dès. Elle s’y installe pour quelques verres, aux alentours de minuit. Elle est seule. Le propriétaire du bar la connait bien, car elle y a déjà travaillé. 

Vers 2h, le propriétaire du bar lui propose deux fois d’aller la reconduire chez elle. Elle refuse et quitte l’établissement. 

C’est la dernière fois que Mélissa Blais a été vue vivante. 

Photo courtoisie / MDIQ
Photo courtoisie / MDIQ

Le lendemain, son conjoint signale sa disparition à la police. L’hypothèse la plus probable: la jeune femme a été victime d’un accident de la route comme sa voiture n’est plus dans le stationnement de la Brassette L’Ami où elle l’a laissée la veille. 

La SQ commence les recherches. Après deux semaines, Mélissa et son véhicule demeurent introuvables. 

Les caméras de surveillance du bar Les 2 Dés ne fonctionnaient pas ce soir-là et les témoins présents ont tous passé le polygraphe avec succès ou détenaient des alibis solides. 

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Sur celles de la Brassette L’Ami où la Corolla de la jeune femme était garée, on aperçoit la portière du côté conducteur s’ouvrir, se refermer, puis la voiture quitter le stationnement. Rien d’autre. 

En 2021, l’équipe de Stéphane Luce entre dans l’enquête. Des plongeurs de l’organisme Meurtres et Disparitions Irrésolus du Québec (MDIQ) fouillent les cours d’eau de la région en plus d’organiser des recherches sur le terrain. 

Photo courtoisie / MDIQ
Photo courtoisie / MDIQ

Dans cette histoire, plusieurs éléments troublants sont relevés:

  • Le dernier signal cellulaire de la jeune femme a été émis à 2h14 du matin, la nuit de sa disparition, mais provenait de la tour à proximité de la petite rivière du Loup, à Louiseville.
  • Le 30 septembre, une étrange publication de Mélissa Blais apparait sur Facebook. Alors qu'elle indiquait être en train de regarder l'émission Saison meurtrière, qui traite de meurtres et d'enquêtes, elle écrit «Yen a qui peuvent aller voir où ... C’est mon tour bientôt !!!!» 

  • Alors qu’elle était bébé, le père de Mélissa a lui aussi été porté disparu quelques jours avant d’être retrouvé mort sur les berges d’une rivière de Saint-Jean-de-Matha. Il s’agit d’une mort violente dont le dossier est toujours irrésolu à ce jour. Selon les dires de sa demi-sœur, Manon St-Pierre, Mélissa se serait fait avertir d’arrêter de «fouiner» sur le décès de son père.
  • En juillet 2021, là où le dernier signal du cellulaire de la jeune femme a été enregistré, un graffiti sur lequel on peut lire «Je t’aime MB» est retrouvé. 

Au mois de mai 2021, les proches de Mélissa Blais auraient été informés qu'un policier de la section des homicides participait désormais à l'enquête. 

Sa disparition continue de troubler les enquêteurs privés, comme Stéphane Luce, qui poursuivent les recherches. 

La semaine dernière, le duo de plongeurs derrière Exploring with a Mission a patrouillé dans le secteur de Yamachiche et de Louiseville en collaboration avec MDIQ pour tenter de retrouver la Corolla de Mélissa Blais, sans succès. 

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