Prix estimé à 200 M$ du projet SAAQclic: «Ça n’a mauditement pas d’allure», a déclaré le commissaire Denis Gallant

Nicolas Lachance
Élaborer un projet aussi complexe que SAAQclic pour 200 millions $ relevait de la «mission impossible», a affirmé, visiblement sceptique, le commissaire Denis Gallant. C’est pourtant ce que la SAAQ a laissé entendre au gouvernement du Québec en 2015.
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La Commission Gallant a révélé mercredi que la SAAQ savait que la transformation numérique coûterait bien plus que les 200 millions $ présentés pour obtenir l’aval du gouvernement. Elle ne prévoyait d’ailleurs «aucune augmentation à l’enveloppe budgétaire».
Selon un tableau préparé en décembre 2014, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) estimait que l’achat d’un progiciel de gestion intégré (PGI) coûterait entre 277 et 480 millions $.
Ce tableau, détaillant les estimations de coûts d’un PGI, a été dévoilé mercredi lors du témoignage de la consultante en informatique Louise Savoie devant la Commission Gallant.
Entre 2015 et 2021, Mme Savoie a reçu 1,5 million $ pour ses services, soit environ 250 000 $ par année, à titre de «conseillère stratégique externe de la SAAQ».
Durant son témoignage, la consultante a expliqué la complexité de mettre en place un PGI avec autant de spécificités que celui de la SAAQ.
Pourtant, en avril 2015, la PDG de la SAAQ, Nathalie Tremblay, et l’ex-ministre des Transports, Robert Poëti, ont convaincu le gouvernement de lancer un appel d’offres en présentant un projet censé coûter 200 millions$ sur 10 ans.
«Mission impossible»
«Début 2015, quand je dis que, y compris les ressources internes de la SAAQ, je vais être à 200 millions $ pour une période de dix ans, avec ce que vous me dites ce matin, on a un problème», a déclaré le commissaire en interrogeant Mme Savoie.
«Vous êtes d’accord avec moi: à 200 millions $, c’est mission impossible.»
Le témoin n’a toutefois pas beaucoup collaboré, se contentant de dire qu’elle ne pouvait pas répondre à cette affirmation.
Mme Savoie supervisait l’élaboration des estimations, mais soutient aujourd’hui qu’elle n’avait «pas assez de connaissances» pour commenter la décision.
«Je n’étais pas en mesure de juger», a-t-elle ajouté, affirmant que c’était au domaine d’affaires de déterminer les coûts.
Engagée par LGS
En 2021, à la fin de son mandat, Louise Savoie a ensuite été engagée à titre de consultante pour LGS, l’intégrateur du projet SAAQclic. Elle a continué à faire exactement le même travail à la SAAQ, mais pour l’Alliance, et ce, même si son contrat avec la Société lui interdisait.
«C’est comme si je passais entre les cracks», a-t-elle admis.
Elle a gardé le même ordinateur et la même carte d’accès de la SAAQ. «Je reconnais que j’avais ma part de responsabilité.»
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