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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Fiasco SAAQclic: la SAAQ a fait miroiter en 2015 un projet au rabais au gouvernement du Québec

Madelaine Chagnon
Madelaine Chagnon Capture d’écran Commission d’enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société d’assurance automobile du Québec
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-06-04T17:04:48Z
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La SAAQ savait que la technologie pour sa transformation numérique coûterait beaucoup plus cher que les 200M$ qu’elle a présentés afin d’obtenir le feu vert du gouvernement. Elle ne prévoyait d’ailleurs «aucune augmentation à l’enveloppe budgétaire».

Selon un tableau qui a été préparé en décembre 2014, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) estimait que l’achat d’un progiciel (PGI) coûterait entre 277 millions$ et 480 millions$.

Pourtant, en avril 2015, la PDG de la SAAQ Nathalie Tremblay et l’ex-ministre des Transports Robert Poëti ont convaincu le gouvernement de lancer un appel d’offres en présentant un projet qui devait coûter 200 millions$ pour 10 ans.

Le tableau élaborant les estimations du coût d’un PGI a été révélé mercredi, alors que la consultante informatique, Louise Savoie, témoignait devant la commission Gallant.

Mme Savoie a bel et bien travaillé sur le tableau d’estimation. Elle n’était toutefois pas au courant des sommes qui ont été présentées au Conseil du trésor afin d’entamer le processus d’appel d’offres.

Pas de dépassement de coûts

Par ailleurs, la SAAQ ne prévoyait «aucune augmentation à l’enveloppe budgétaire» dans l’appel d’offres initial et se réservait même le droit «de mettre fin à la relation d’affaires» en cas de dérapage du projet SAAQclic.

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C’est ce qu’a démontré le procureur de la commission Gallant, Me Vincent Ranger, en présentant un document à Madelaine Chagnon, l’une des consultantes rémunérées par la SAAQ pour préparer l’appel d’offres du projet CASA/SAAQclic.

Mme Chagnon, une connaissance de Karl Malenfant, a obtenu un contrat de consultante de 1,2 million$ pour contribuer à la rédaction de l’appel d’offres du plus important projet de transformation numérique de l’histoire du gouvernement du Québec. La consultante, aujourd’hui retraitée, assure que Karl Malenfant était uniquement une connaissance professionnelle.

Échappé

Selon Mme Chagnon, au moment de la rédaction de l’appel d’offres du projet SAAQclic, il est «fort possible» que la SAAQ et ses consultants n’aient pas envisagé la possibilité d’un dépassement de coûts.

«C’est possible qu’il y ait un élément qui nous ait échappé», a-t-elle admis lors d’un interrogatoire serré. La commission Gallant est chargée de faire la lumière sur le fiasco SAAQclic. Le coût du projet atteindra minimalement 1,1 milliard$, selon le Vérificateur général du Québec (VGQ), soit plus du double du budget initial.

Partage des risques

Mme Chagnon avait pourtant proposé une méthode visant à limiter les risques de dépassement de coûts. Il s’agissait d’une approche de partage des risques, qui consistait à découper le mégaprojet en plusieurs petits projets spécifiques. Cette méthode permettait à la SAAQ de mieux prévoir les budgets.

Lorsqu’un petit projet coûtait moins cher que prévu, la SAAQ et l’Alliance — le consortium ayant obtenu le contrat — devaient placer l’excédent en réserve. Si un lot coûtait plus cher, les fonds excédentaires servaient à combler la différence. Cette méthode visait à restreindre la contingence du projet CASA/SAAQclic.

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