Pourquoi les enfants développent des obsessions (et pourquoi c’est normal)
Anaïs Guertin-Lacroix et Équipe Salut Bonjour
Que ce soit pour la lecture, les jeux, la musique ou les vêtements... les enfants adorent répéter les mêmes choses. Et on va se le dire: pour les parents, ça peut vite devenir irritant. Pourtant, c’est une étape normale de leur développement.
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Revoyez la chronique d'Anaïs Guertin-Lacroix dans la vidéo en tête de cet article.
Beaucoup de parents vont se reconnaître: Passe-Partout, La Reine des neiges, plus récemment Demon Hunters... Albert et moi avons lu la même histoire de Caillou tellement de fois que j’ai perdu le compte. Rassurez-vous: c’est tout à fait normal.
Pourquoi est-ce normal?
Ces «obsessions» apparaissent entre 2 et 7 ans chez 80 à 90% des enfants. L’enfant a besoin de routine, donc de répétition: pour les repas, l’heure du dodo... c’est rassurant. Et c’est le même principe pour leurs émissions, chansons et autres.
Le monde est souvent plus étrange et stressant pour les enfants que pour nous, adultes, qui avons de l’expérience et savons anticiper. Pas eux. Alors, être confronté à des stimuli bien connus – comme un film qu’ils ont vu mille fois – devient une source de réconfort et de sécurité.
Pourquoi aiment-ils autant répéter?
Les apprentissages sont au cœur de leur vie. Pensez-y: leur quotidien est rempli de nouveautés. Nouveaux amis, nouvelles matières à l’école, nouvelles règles de grammaire... Ça peut être épuisant. Lire un livre qu’ils connaissent par cœur, sans surprise ni nouveauté, leur offre une pause.
Éprouver un intérêt profond pour une activité leur donne aussi une impression de contrôle, dans une vie où ils suivent souvent les décisions des parents. Cette passion vient d’eux, et non des adultes.
Est-ce que ça les rend experts?
Tellement! Prenons un enfant passionné par les dinosaures: quand il joue, lit ou regarde un film sur le sujet, c’est comme s’il faisait de la recherche, préparait un exposé. Les enfants sont constamment mis au défi de prouver ce qu’ils savent à l’école ou ailleurs. Connaître l’univers des dinosaures, leurs noms... c’est une vraie fierté.
Et concrètement, la répétition est essentielle au développement du cerveau. Pour bien maîtriser un geste, il faut le répéter plus de 6000 fois! Le cerveau d’un enfant, avec ses milliards de cellules, doit créer des connexions – des autoroutes entre elles. Les répétitions aident ces autoroutes à se construire, à grossir et à se renforcer. Même si l’enfant se détend en écoutant encore et encore la même chanson, son cerveau, lui, travaille et se développe.
Quand faut-il s’inquiéter?
Ça devient problématique si cela nuit à d’autres aspects importants: suivre un horaire, interagir, faire de l’exercice. Collectionner des dinosaures, c’est normal. Mais si la passion déclenche des colères ou des émotions très fortes quand ça ne se passe pas comme il veut, il faut se poser des questions.
Et surtout: est-ce que cela crée de la souffrance chez l’enfant ou son entourage? Si sa passion pour les camions de pompier rend la vie familiale impossible – par exemple, s’arrêter en voiture à chaque camion croisé –, il est temps de consulter.