Pourquoi le Tricolore aurait besoin d’un centre gaucher


Nicolas Cloutier
Depuis le 1er juillet, qui a coïncidé avec le départ de Christian Dvorak, les Canadiens de Montréal comptent sur un seul attaquant gaucher qui a été employé au centre la saison dernière. Alex Newhook.
Newhook a pris 558 mises au jeu, remportant 42,8% d’entre elles. Un taux d’efficacité à des lunes de celui de Dvorak, qui était de 55,8% en 2024-2025, bon pour le 19e rang de la LNH parmi les joueurs qui ont pris un nombre raisonnable de mises au jeu, 500 au minimum.
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À l’exception de Newhook, les joueurs du CH pressentis pour évoluer au centre la saison prochaine sont tous droitiers : Nick Suzuki, Kirby Dach, Jake Evans et même les espoirs qui cognent à la porte, notamment Oliver Kapanen et Owen Beck.
Sur le marché des joueurs autonomes, Joe Veleno, un gaucher, répond à ce besoin, mais en 306 matchs dans la LNH jusqu’ici, un échantillon assez costaud pour tirer des conclusions, il a remporté 46,5% de ses mises au jeu. À première vue, Veleno ne remplacerait pas Dvorak à ce chapitre.
L’absence de centres gauchers complique le travail de l’entraîneur-chef Martin St-Louis lorsqu’il doit dépêcher un joueur aux cercles des mises au jeu, particulièrement lors des situations critiques en fin de rencontre. L’efficacité d’un joueur peut augmenter ou diminuer de façon appréciable selon le côté de la patinoire où la mise au jeu est effectuée et le profil, gaucher ou droitier, de son adversaire.
On dit d’un centre gaucher qu’il est sur son côté fort à gauche de la patinoire, puisqu’il peut mieux utiliser son revers, et sur son côté faible à droite; vice-versa pour les droitiers. Ainsi, un gaucher sur son côté fort n’est pas forcément avantagé contre un droitier, puisque ce dernier sera lui aussi sur sa moitié de la glace privilégiée. Mais un gaucher sur son côté fort qui fait face à un autre gaucher est théoriquement avantagé. C’est une situation que St-Louis peut exploiter lorsqu’il a le dernier changement.
Cette observation est vérifiable : dans un vieil article publié en 2017 sur le site web The Athletic, l'analyste Tyler Dellow, désormais un adjoint au directeur général des Hurricanes de la Caroline, Eric Tulsky, avait confirmé avec les chiffres qu'un joueur de centre était bel et bien plus efficace sur son côté fort, et que son taux d'efficacité grimpait davantage lorsqu'il affrontait un joueur sur son côté faible.
Les droitiers profitent plus rarement de cet avantage, car il y a plus de gauchers que de droitiers dans la LNH. Un droitier sur son côté fort n’affrontera jamais un gaucher sur son côté faible; l'avantage est neutralisé. Un droitier est seulement avantagé sur son côté fort lorsqu’il affronte un autre droitier.
Il a été question de l’importance pour le CH d’obtenir un joueur de centre de deuxième trio afin d’épauler Ivan Demidov, avec raison, mais ce n’est pas le seul besoin de l’organisation à cette position depuis que Dvorak a levé les feutres. Un centre gaucher qui peut évoluer au sein du troisième ou quatrième trio ferait probablement le bonheur de St-Louis.
Le CH a embauché la saison dernière un spécialiste des mises au jeu, Marc Bureau, pour rehausser le rendement de ses joueurs de centre. On ignore si son expertise sera retenue l’an prochain. Si Veleno est embauché à Montréal malgré ses difficultés au milieu des cercles depuis le début de sa carrière, on peut présumer que l’organisation croit avoir les ressources à l’interne pour peaufiner cet aspect du jeu de l’attaquant québécois.