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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Policiers contre Radio-Canada: la journaliste d’«Enquête» poursuivie en diffamation se défend

La journaliste Josée Dupuis (à droite) lors de son passage au palais de justice de Montréal ce jeudi 21 mars 2024. Elle témoigne au procès de policiers de la SQ à Val-d'Or qui l'accusent de diffamation en lien avec le reportage de l'émission «Enquête» à Radio-Canada intitulé «Abus de la SQ: des femmes brisent le silence» et diffusé en 2015.
La journaliste Josée Dupuis (à droite) lors de son passage au palais de justice de Montréal ce jeudi 21 mars 2024. Elle témoigne au procès de policiers de la SQ à Val-d'Or qui l'accusent de diffamation en lien avec le reportage de l'émission «Enquête» à Radio-Canada intitulé «Abus de la SQ: des femmes brisent le silence» et diffusé en 2015. Photo Michaël Nguyen
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-03-21T18:04:35Z
2024-03-21T21:40:00Z
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Une journaliste de Radio-Canada poursuivie en diffamation par des policiers de la Sûreté du Québec de Val-d’Or a pris la barre des témoins pour défendre son travail qui pourrait coûter près de 3 M$ à la société d’État.

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«Ça prend des preuves [avant de sortir un reportage], on parle à tellement de personnes, on a besoin de corroborer. Ce n’est pas un spectacle, on garde une neutralité», a témoigné la journaliste Josée Dupuis, jeudi au palais de justice de Montréal.

Maintenant retraitée, elle était à la barre des témoins dans le cadre d’un procès civil intenté par 42 policiers de la police provinciale, qui lui reproche ainsi qu’à Radio-Canada un reportage diffusé en 2015 à l’émission Enquête.

La journaliste donnait alors la parole à des femmes autochtones de Val-d’Or en Abitibi-Témiscamingue, qui affirmaient avoir été victimes de violences physiques et sexuelles de policiers.

Le reportage avait créé une onde de choc, poussant le gouvernement à créer la commission Viens sur les relations entre Autochtones et les services publics. Elle n’avait toutefois pas mené à des accusations, faute de preuves suffisantes pour obtenir une condamnation.

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Corroboration

«Un reportage [d’Enquête], ça peut frapper fort quand il y a des choses à changer, a commenté la journaliste. On révèle la vérité en corroborant les informations avec tout le monde.»

Les policiers ne sont toutefois pas du même avis et affirment que certaines informations n’ont pas été vérifiées. Au début du procès, l’avocat des policiers, Me Marco Gaggino, avait donné en exemple une affirmation dans le reportage, en lien avec un chalet de ski de fond où auraient eu lieu des événements à caractère sexuel entre des policiers et des femmes autochtones.

Or, selon l’avocat, l’information diffusée n’aurait pas été corroborée.

Recherche

Mme Dupuis a toutefois expliqué que l’information venait en premier lieu d’une avocate de la défense qui avait «déjà entendu» cette allégation, en plus d’autres informations «très précises» concernant le comportement allégué de policiers.

Une intervenante avait pour sa part entendu par ouï-dire que des femmes autochtones avaient été agressées sexuellement par des policiers, tandis qu’une femme déplorait que les agents semblaient moins enclins à aider les femmes autochtones que les femmes blanches.

Mme Dupuis s’était également rendue à un poste de police de la SQ à Amos pour tenter d’interviewer deux policiers autochtones à propos d’une disparition, mais aurait essuyé un refus de la part de responsables à Montréal.

Décochant une flèche envers la SQ, la journaliste a ensuite abordé le cas d’une femme autochtone portée disparue, mais qui aurait été vue dans une grande surface.

La police avait été prévenue, mais n’aurait pas vraiment poussé ses vérifications.

«J’ai voulu corroborer l’information avec le propriétaire, a expliqué Mme Dupuis. Il m’a répondu que les policiers lui avaient dit de vérifier lui-même et que pour lui, toutes les femmes autochtones se ressemblent.»

Le témoignage de Mme Dupuis, devant le juge Babak Barin, se poursuit ce vendredi.

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