Pierre Karl Péladeau souhaite que l’industrie télévisuelle soit aussi importante que l’aérospatiale pour l'aide aux entreprises

David Descôteaux
Pierre Karl Péladeau y est allé d’un plaidoyer pour que l’industrie cinématographique et télévisuelle soit vue comme aussi importante aux yeux des gouvernements que d’autres secteurs protégés, comme l’aérospatiale.
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«Pendant combien de temps encore les gouvernements et le CRTC vont-ils laisser une industrie se précariser, se détériorer, quitte à la laisser disparaître? Pendant ce temps, des milliers de personnes perdent leur emploi au Québec et au Canada», a lancé le PDG de Québecor lors du lancement de programmation de TVA et d’illico+.
«C’est choquant, quand on pense que les gouvernements s’empressent d’aider d’autres industries en péril ou menacées par des marchés extérieurs», a-t-il déclaré.
Parallèle avec l’aérospatiale
«C’est le cas notamment de l’industrie aérospatiale, dont nous sommes si fiers et pour laquelle nos gouvernements se battent et investissent... et ils ont raison de le faire!» a poursuivi le propriétaire du Journal.

Or, l’aérospatiale génère moins d’emplois au Canada que l’industrie cinématographique et télévisuelle, soit 225 000 pour l’industrie aérospatiale au Canada en 2024, contre 271 000 pour l’industrie cinématographique et télévisuelle au Canada, a souligné M. Péladeau
«Tous les gouvernements nous disent que la culture est importante, mais quand vient le temps de soutenir notre télé, d’y investir et de parler d’industrie – parce que c’en est une –, il n’y a plus de son, plus d’image.»
«Alors voilà, gouvernements, CRTC : wake-up call», a envoyé M. Péladeau devant les gens réunis.
Repenser le modèle
Il a aussi profité de cette tribune pour dévoiler une nouvelle campagne de publicité: «Fermer notre télé, c’est éteindre notre culture».
«Ils doivent saisir l’urgence», a-t-il clamé, rappelant que TVA a enregistré des parts de marché de près de 43%, de janvier à juin dernier, sans que cela se reflète dans les résultats de Groupe TVA. Malgré tout, l’entreprise investira encore une fois 400 M$ dans ses productions.
«J’ai créé le Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel, dont le rapport sera rendu public prochainement, a rappelé à TVA hier le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe. C’est une évidence qu’il faut repenser le modèle de financement de ce secteur pour assurer la survie de notre culture. C’est aussi une évidence que, dans 10 ou 15 ans, les diffuseurs ne joueront plus du tout le même rôle qu’en ce moment», a-t-il ajouté.
Une mesure qui pourrait aider les joueurs privés de l’industrie serait de réviser le mandat de Radio-Canada et CBC pour retirer toutes formes de publicité de leurs plateformes, ce qui permettrait de libérer quelque 270 M$ de revenus publicitaires potentiels pour les stations privées canadiennes.
«Est-ce que chaque dollar de publicité passerait de Radio-Canada aux diffuseurs privés? Peut-être pas complètement, mais ce serait déjà un pas dans la bonne direction», a répondu M. Péladeau au Journal.
«On a tous une responsabilité collective de protéger notre télé et de faire en sorte qu’elle puisse s’orienter à l’intérieur des nouveaux paramètres technologiques», a conclu le dirigeant de Québecor devant l’industrie venue assister au lancement de programmation.
VOICI LES CINQ MESURES RÉCLAMÉES
- Annulation de l’allégement fiscal pour les achats publicitaires faits auprès d’entreprises numériques étrangères.
- Révision du mandat de CBC/SRC: recentrage du mandat du diffuseur public, incluant le retrait de toutes formes de publicité de ses plateformes.
- Réforme du Fonds des médias du Canada: exclusion des diffuseurs publics, comme Radio-Canada, du financement du fonds.
- Inclusion du journalisme télévisé au crédit d’impôt pour la main-d’œuvre journalistique.
- Réduire considérablement les fardeaux réglementaire, financier et administratif des radiodiffuseurs d’ici.
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