«Piano public»: la musique instrumentale mise à l'honneur
Alicia Bélanger-Bolduc
L’équipe a pu se rendre, sous une journée bien ensoleillée, à une partie du tournage du nouveau concept Piano public, qui sera en ondes à Télé-Québec cet automne. Une compétition où les meilleurs pianistes du Québec s’affrontent dans plusieurs défis différents.
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L’émission se promène aux quatre coins du Québec, notamment à Sutton, à Trois-Rivières, et nous nous sommes rendus dans un parc en plein cœur de la ville, à côté de la rue Mont-Royal, où les passants curieux s’arrêtaient un moment ou choisissaient les nombreux bancs de l’avenue piétonne pour profiter du moment. C’est le cœur de la série: se déplacer dans des endroits connus, tel un piano public, pour faire découvrir les talents à ceux qui veulent bien entendre. Pour nous donner un avant-goût, Viviane Audet et Gregory Charles, les deux juges et animateurs de la série, se sont prêtés à un duel au piano pour reprendre, à leur manière, un classique québécois: Hawaïenne, inspiré de la chemise de Gregory. Bien installés dans les chaises et sous les parasols, c’est dur de ne pas avoir le sourire aux lèvres.
Des juges bien investis
Aux côtés des animateurs, deux juges invités de grand talent, Louis-Jean Cormier et Alex Nevsky, étaient présents pour parler de leur expérience. «J’aime beaucoup le contexte de découverte de talents cachés. J’aime voir à quel point l’humain est une machine incroyable», nous a mentionné Louis-Jean. Alex Nevsky, qui a déjà participé aux tournages, est surpris de la détermination des concurrents. «Je les trouve vraiment courageux, les gens qui décident de jouer en plein milieu du quotidien des gens. Je me prête parfois au jeu du piano public près de chez moi et je suis toujours terrifié. Je trouve ça fascinant de découvrir tous ces gens.» Pour Gregory, qui a déjà vu des milliers de pianistes, ce projet lui semblait tout indiqué. «Ça ne serait pas dur de me convaincre d'écouter n'importe qui jouer de la musique dans n'importe quel contexte. Aussi parce que j'ai interprété tous les styles de musique, que je connais l'instrument et que je l'ai enseigné sous toutes ses formes. C'est logique de faire ça. J’avais le goût de m’investir dans un projet comme celui-ci.»


Émotions ou technique
Comment décide-t-on qui passe à la prochaine ronde et qui doit quitter? C’est un choix bien subjectif, selon les juges. «Je pensais que j'allais vraiment être dans l'émotion. Finalement, je suis allé complètement à gauche, dans la technique de fou. Je ne m’imaginais pas du tout que c’est sur ça que j'allais me fier», nous a mentionné Alex, pris de court par ses propres choix. «Je priorise l’originalité et l’émotion. Je pense que j'évalue comme je compose. C'est-à-dire que j'y vais beaucoup avec l'instinct et ce que je ressens», nous confie Viviane. Gregory, quant à lui, s’est parfois retrouvé à l’opposé de sa collègue. «Il y a des moments où Viviane était tellement touchée, puis moi, ça ne me faisait absolument rien. Mon objectif n’est pas de dire aux gens d’arrêter de jouer, mais c’est une compétition, et on doit faire des choix.»

Les surprises
Les participants viennent de partout et de tous les horizons: du Conservatoire aux purs amateurs passionnés, de jeunes à retraités, ils en ont étonné plus d’un.
«J'enseigne dans tous les genres et à tous les groupes d'âge. Il n'y a pas un million de façons de me surprendre. J'ai retrouvé des gens qui, comme moi, ne sont pas capables de résister à l'idée de s'asseoir devant un piano puis de jouer. Il y a des participants qui ont vraiment un touché spécial, une bénédiction», nous dit Gregory.
«La diversité, autant d’âge que de style, m’a vraiment étonné. Je les vois arriver, et certains sont tellement timides que ça a dû leur prendre beaucoup pour se présenter devant nous. Ce sont des gens qu’on ne voit pas habituellement», nous a confié Alex.

Démocratisation de la musique classique
Pour Louis-Jean, ce genre d’émission a pleinement sa place dans le paysage télévisuel québécois. «Je sais qu'on parle souvent de façon négative de cette notion de concours amateur, mais c’est un moyen de dénicher des diamants bruts. Il ne faut pas effacer de notre rétroviseur l'idée qu’on doit garder beaucoup de place à la musique et aux professionnels de notre industrie à la télévision.» Même son de cloche pour Viviane: «Dans les dernières années, les Alexandra Stréliski et Jean-Michel Blais du milieu sont devenus très populaires chez les jeunes. Je ne sais pas s'il y a une autre province qui peut dire ça. Ce n’est pas juste d’un simple instrument dont on parle, mais de l’humain qui le joue.» «C’est effectivement rare, mais en même temps c’est très proche de notre histoire. On a l’impression que la musique a été construite autour d'artistes qui jouent de la guitare, mais c’est un moment pour nous rappeler que nous étions, à une époque, le plus important fabricant de pianos en Amérique. La télé est rendue à cette étape de son existence: elle est devenue un médium de proximité où on découvre monsieur et madame Tout-le-Monde», nous confie Gregory.

Une première pour Viviane Audet
Viviane en est à sa première animation, après avoir été comédienne, compositrice et musicienne pendant plusieurs années.
«Quand je me suis vue à côté de Gregory Charles, c'est sûr que je n’en revenais pas. J’ai grandi avec lui dans ma télé. Je suis vraiment chanceuse qu'on m’ait proposé ce rôle. Je l'aborde avec beaucoup d'humilité. C'est sûr que je regarde et j'apprends. En même temps, je n'ai pas énormément de temps. Il faut aussi que je m'implique, que je prenne ma place. Il faut trouver le juste milieu là-dedans. Gregory un allié génial. Je pense qu'on est un beau duo, car qu'on est deux pianistes d'horizons extrêmement différents.» Elle nous mentionne même que l’animation a toujours été un rêve pour elle. «C'est drôle, parce que mon père, depuis des années, me dit que je devrais être une animatrice, et je n’y avais jamais pensé plus qu’il ne le faut. J'aime parler au monde. Quand je fais des spectacles sur scène, je m'adresse aux gens, je suis avec eux. C'est ce contact-là que je retrouve en animation.»



