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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Perte de travailleurs étrangers temporaires: «Je vais être obligé de fermer si ça ne change pas», prévient un restaurateur

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Gabriel Côté

2025-07-20T04:00:00Z
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Un restaurateur de Québec craint de devoir mettre la clé sous la porte en raison des nouvelles règles d’Ottawa sur les travailleurs étrangers temporaires, qui lui feront perdre plusieurs cuisiniers.

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«C’est une catastrophe. Si les choses ne changent pas, dans un an, on est fermé», s’insurge le propriétaire du Pub Saint-Alexandre et du Murphy’s sur la rue Saint-Jean à Québec, Jean-François Barré.

En septembre dernier, Ottawa a resserré les règles concernant les travailleurs étrangers temporaires (TET).

Auparavant, les commerçants comme M. Barré pouvaient engager des TET pour une période de trois ans avec un permis fermé, et ces travailleurs pouvaient représenter jusqu’à 20% des effectifs totaux d’une entreprise.

La limite a été abaissée à 10%, et les travailleurs ne peuvent désormais rester qu’un an seulement.

«C’est trop court, on ne peut plus rien planifier, surtout que ça prend des mois, remplir les formulaires pour faire venir un employé!», s’indigne M. Barré.

La fin du monde
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En vertu de ces nouveaux paramètres, le restaurateur perdra quatre cuisiniers en septembre, et potentiellement six autres en décembre.

«Le moteur d’un restaurant, c’est la cuisine. Sans cuisine, on ferme. C’est aussi simple que ça», laisse tomber l’entrepreneur, en soutenant qu’il lui serait impossible de compter sur la main-d’œuvre locale pour assurer les opérations de son commerce.

Le propriétaire du restaurant Chez Murphy’s et du Pub Saint-Alexandre à Québec, Jean-François Barré.
Le propriétaire du restaurant Chez Murphy’s et du Pub Saint-Alexandre à Québec, Jean-François Barré. Photo Gabriel Côté

«J’ai des offres d’emploi qui roulent sans arrêt, et ça ne marche pas. Les jeunes ne veulent pas travailler en cuisine, et les finissants de l’école hôtelière vont plutôt travailler dans les grands restaurants», déplore-t-il.

«Ce n’est pas un enjeu de salaire. Ça me coûte beaucoup plus cher d’employer des TET que si je pouvais trouver des employés ici. C’est une question de survie», conclut celui qui fournit un logement à ses cuisiniers mexicains.

Tout un secteur en péril

M. Barré n’est pas le seul restaurateur dans cette situation. Un récent sondage de l’Association restauration Québec (ARQ) révèle en effet que 44 % des répondants ont des postes vacants à temps plein pour la cuisine et 40 % pour la salle à manger.

Une enquête de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a aussi montré qu’environ 59% des entreprises des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration au pays pourraient fermer à cause des nouvelles règles.

«On ne peut pas remplacer un cuisinier par un robot», illustre le vice-président de l’organisation, François Vincent, en entrevue.

François Vincent, vice-président, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante du Québec (FCEI), à Montréal, le jeudi 29 mai 2025. Photo Agence QMI, AMANDA MOISAN
François Vincent, vice-président, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante du Québec (FCEI), à Montréal, le jeudi 29 mai 2025. Photo Agence QMI, AMANDA MOISAN Photo Agence QMI, AMANDA MOISAN

La FCEI demande donc d’urgence le retour au permis de travail de deux ans pour les bas salaires et le retrait de la limite de 10% du nombre de TET à bas salaires.

«Sinon, les restrictions vont faire extrêmement mal. Je suis très inquiet des impacts économiques que ça va avoir», affirme M. Vincent.

«Ça fera en sorte que les entrepreneurs devront travailler plus d’heures. Plusieurs restaurateurs vont également réduire leurs heures d’ouverture, et l’expérience client va en pâtir», conclut-il.

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