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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Ces travailleurs colombiens installés au Québec ont peur d’être renvoyés dans leur pays

Au-delà du boulot, il y a de véritables drames humains derrière ces règles fédérales

Photo Francis Halin
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-07-20T04:00:00Z
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Des travailleurs étrangers temporaires (TET) colombiens sur les nerfs craignent de devoir retourner dans leur pays à cause des nouvelles règles d’Ottawa.

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«On devrait ouvrir la porte à ceux qui travaillent ici légalement», regrette Yeferson Sneider Munoz Martinez, 27 ans, mécanicien industriel colombien.

L’homme travaille chez Durabac, une entreprise québécoise de fabrication de contenants de camions de collecte en acier et en plastique, à Granby.

Comme lui, plusieurs travailleurs étrangers temporaires (TET) risquent de ne pas pouvoir rester ici parce qu’Ottawa a changé les règles en septembre dernier.

Yeferson Sneider Munoz Martinez saisit mal que des travailleurs comme lui qui payent leurs impôts ici sont pointés du doigt par le fédéral.
Yeferson Sneider Munoz Martinez saisit mal que des travailleurs comme lui qui payent leurs impôts ici sont pointés du doigt par le fédéral. Photo Francis Halin

Pourquoi? Parce que nos PME n’ont plus le droit d’avoir 20% d’employés à bas salaire, mais bien 10%, et que les contrats de travail sont amincis, passant de deux ans à une seule année.

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Cela a des répercussions sur le plancher de l’usine de Durabac de La Haute-Yamaska. L’entreprise fait partie d’un groupe qui demande réparation au gouvernement, comme le révèle Le Journal.

Yeferson Sneider Munoz Martinez martèle son message au premier ministre Mark Carney.

«Ouvrez la porte à ceux qui habitent déjà ici et qui payent leurs impôts», dénonce celui qui est arrivé ici en 2022.

À deux pas de lui, Nestor Éduardo Solaque Nuvan, 33 ans, esquisse un sourire malgré les nuages qui le hantent. On le sent préoccupé.

«Ça a pris un an faire venir ma femme ici. C’est beaucoup de stress», confie le mécanicien industriel.

«Je ne sais pas si je vais pouvoir être ici encore», lâche-t-il.

Nestor Éduardo Solaque Nuvan se sent comme Sisyphe. Il a l’impression de devoir recommencer du début.
Nestor Éduardo Solaque Nuvan se sent comme Sisyphe. Il a l’impression de devoir recommencer du début. Photo Francis Halin
«Ça tourne dans la tête»

Comme ses deux collègues, c’est dans la langue de Michel Tremblay que Diego Fernando Gomez Urrea, 32 ans, aborde Le Journal près de ses machines.

«J’ai appris ici. J’aime la langue française», raconte fièrement le soudeur de Bogota.

Or, ce rêve québécois est désormais menacé. Celui qui avait déjà du mal à trouver les mots pour consoler son fils resté là-bas se sent désemparé.

Diego Fernando Gomez Urrea redoute de devoir retourner travailler en Colombie parce qu’il est fier de ses conditions de travail ici.
Diego Fernando Gomez Urrea redoute de devoir retourner travailler en Colombie parce qu’il est fier de ses conditions de travail ici. Photo Francis Halin

«Mes enfants pleurent tout le temps, raconte-t-il. J’ai laissé mon garçon de 7 ans là-bas. Il a 10 ans aujourd’hui. Il me pose toujours la même question: “Papa, quand on va être avec toi?”»

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«Je lui réponds: “Mon bébé, c’est la patience. Je vais travailler fort”», poursuit-il.

Investissements de 10 M$

En pointant ses travailleurs, Patrick Charbonneau, PDG de Durabac, se désole de la tournure des événements.

L’homme d’affaires québécois vient d’investir 10 M$. Il s’attendait à avoir ses travailleurs étrangers temporaires (TET).

«Mes infrastructures sont trop importantes pour perdre 20% de mes employés», souffle-t-il.

M. Charbonneau dit avoir tout essayé pour trouver des travailleurs québécois. Il a lancé son école en usine. Il a fait des pieds et des mains pour attirer du monde.

Patrick Charbonneau, PDG de Durabac, pense que le fédéral fait erreur en empêchant les TET de fournir des bras à nos usines.
Patrick Charbonneau, PDG de Durabac, pense que le fédéral fait erreur en empêchant les TET de fournir des bras à nos usines. Photo Francis Halin

Il ne comprend pas que le fédéral ne comprenne pas que l’argent finira par manquer dans les coffres de retraite si les travailleurs étrangers sont renvoyés chez eux.

«Il y a des travailleurs qui pourraient très bien peut-être se diriger vers l’Ouest canadien ou l’Ontario», laisse-t-il tomber.

«Si on n’est pas capable de trouver des gens, évidemment, va falloir trouver d’autres solutions et celle de s’exporter en est une aussi», conclut Patrick Charbonneau.

– Avec la collaboration de Gabriel Côté

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