Pénurie d'ingénieurs: «On n’est pas en mesure d’offrir le service à Hydro»

Francis Halin
«À une certaine époque, on était cinq ou six firmes à soumissionner pour un projet. Aujourd’hui, on n’est souvent que deux ou bien on est seul», prévient Bruno Del Degan, à la tête d’une importante firme de génie-conseil, qui peine à avoir assez d’ingénieurs pour nos grands projets.
«Dans certains projets hydroélectriques, même, on n’est pas en mesure d’offrir le service à Hydro pour remplir certaines tâches ou fonctions», partage Bruno Del Degan, directeur général et actionnaire principal du Groupe DDM.
«On va aller par exemple voir Hydro et leur dire: “Pour ce projet-là, on n’a pas les capacités de le réaliser”», illustre l’ingénieur de formation, qui prendrait une vingtaine d’ingénieurs demain matin pour répondre à la demande croissante.
Ingénieurs en hydraulique, en structure ou en environnement... la firme a besoin de bras au moment où le gouvernement Legault multiplie les annonces majeures de méga-usines dans la filière batterie, sans parler du plan de croissance ambitieux d’Hydro-Québec.
La semaine dernière, Le Journal rapportait que plus de 52 000 professionnels en génie seront nécessaires ces dix prochaines années, selon l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). Lundi, Le Journal révélait que c’est la ruée vers les formations accélérées payées en construction.

Bâtiments sur la glace
Mardi, en marge du Grand rendez-vous RH-manufacturier organisé par une douzaine de comités de main-d’œuvre, à Drummondville, la pénurie de main-d’œuvre était sur toutes les lèvres puisqu’elle vient carrément maintenant compromettre de gros projets.
«On a plusieurs promoteurs dans la région de Québec qui nous ont approchés pour que l’on dessine les bâtiments qu’ils souhaitent construire, mais on n’a pas le personnel pour le faire», a indiqué Bruno Del Degan, qui est à la tête d’une firme de Québec de 80 personnes, avec des bureaux à Montréal.
Au moment de déposer son plan d’action, le PDG d’Hydro-Québec avait lui aussi déjà mis le doigt sur ce problème névralgique, qui risque de gâcher la fête.
«Jusqu’en 2035, environ 35 000 travailleuses et travailleurs de la construction, en moyenne, devront participer au déploiement des nouvelles infrastructures. Leur recrutement constituera un énorme défi», avait prévenu le grand patron d’Hydro.
Même chose dans les villes
Au Journal, Bruno Del Degan mentionne également que l’usure des infrastructures municipales se fait aussi énormément sentir. Aqueducs et égouts ont grand besoin d’amour.
«Il faut dessiner ou projeter ce qui devrait être remplacé, mais là aussi, on a moins de capacité de dessins», illustre-t-il.
D’après Bruno Del Degan, les équipes seront sursollicitées pour une bonne dizaine d’années encore.
«Il y a beaucoup de travaux en retard et certains autres qui ont besoin d’être faits dans un certain calendrier», conclut l’homme.
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