«C’est vraiment un grand désastre»: Phyllis Lambert dénonce le projet d’Hydro à côté de la Grande Bibliothèque
La célèbre architecte presse la société d'État de refaire ses devoirs

Sylvain Larocque
La fondatrice du Centre canadien d’architecture (CCA), Phyllis Lambert, n’en revient pas qu’Hydro-Québec envisage de construire un immense poste de transformation électrique juste à côté de la Grande Bibliothèque, à Montréal.
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«Ce sera vraiment un grand désastre parce qu’il est question d’un grand volume, de murs aveugles [sans fenêtre]. Ça va changer le quartier», dénonce Mme Lambert au cours d’un entretien téléphonique avec Le Journal.
Entente entre BAnQ et Hydro

La semaine dernière, Le Journal a révélé qu’Hydro-Québec songe à reconstruire le poste Berri, actuellement situé entre les rues Ontario et Sherbrooke, sur le terrain voisin de la Grande Bibliothèque. Propriétaire du lot, Bibliothèque et Archives nationales Québec (BAnQ) a déjà accepté de le vendre à Hydro.
Rappelons qu’en 2000, Phyllis Lambert a présidé le concours international d’architecture pour la Grande Bibliothèque.
«C’est d’une grande tristesse et même si Hydro-Québec essaie de faire quelque chose de fantastiquement créatif, ce sera impossible de faire quelque chose de magnifique», déplore-t-elle.
L’architecte déplore que BAnQ ait décidé de vendre à Hydro, derrière des portes closes, le terrain, qui aurait pu servir à un éventuel agrandissement de la Grande Bibliothèque. La transaction doit permettre de financer en partie la future Maison de la chanson et de la musique, rue St-Denis.
«Pourquoi est-ce qu’ils vendent le terrain? demande-t-elle. Je ne comprends pas du tout.»
Poste souterrain?
Mme Lambert presse Hydro-Québec de considérer sérieusement l’enfouissement du futur poste.
«Est-ce qu’on a vraiment fait une bonne étude pour voir si on ne pouvait pas le mettre au sous-sol? On dit que c’est difficile. C’est toujours très difficile de mettre les choses au sous-sol, mais il y a des endroits où il faut absolument le faire», affirme-t-elle.
Celle qu’on surnomme «Jeanne d’Architecture» souhaite que les Montréalais soient nombreux à s’exprimer sur le projet.
«On peut tuer une ville avec des éléments comme ça parce que la ville, c’est la vie des gens», soutient-elle.