Hydro-Québec: la durée des pannes a plus que doublé en un an
Les clients ont passé en moyenne plus de 14 heures sans électricité l'an dernier


David Descôteaux
L’an dernier, les clients d’Hydro-Québec ont passé en moyenne plus de 14 heures sans électricité, après avoir patienté 5 heures 45 minutes en 2021.
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Ces chiffres proviennent du Rapport sur le développement durable 2022 d'Hydro-Québec. Pour mesurer la fiabilité de son service, Hydro-Québec utilise un «indice de continuité» qui correspond au temps moyen annuel d’interruption du service par client.
En 2022, les clients d’Hydro ont passé en moyenne plus de 14 heures (848 min) sans électricité, alors cette durée était d’environ 5 heures 45 (346 min) en 2021.
Dame Nature n’aide pas
Deux événements météorologiques en particulier ont fait bondir l’indice en 2022. D’abord, le dérécho de mai, un front orageux accompagné de rafales soufflant à plus de 150 km/h qui a frappé le réseau, causant le remplacement de 1125 poteaux et de 400 transformateurs.
Aussi, la tempête de neige du 23 décembre dernier, qui a causé une interruption de service de 204 min en moyenne par client, selon la société d’État. Une partie des 640 000 foyers touchés a dû passer Noël aux chandelles, pendant que des milliers d’employés d’Hydro s’affairaient à réparer 7529 pannes.
Pannes en double
«Ce qui n’a pas aidé, c’est que ces tempêtes ont affecté beaucoup de clients à la fois. Ce n'était pas juste un quartier d'une ville, mais des pannes majeures dans plusieurs régions. Ce qui a fait augmenter les indices de façon importante», explique François Bouffard, professeur associé au Département de génie électrique et informatique de l'Université McGill.
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Lors de ces pannes, Hydro a aussi dû gérer des «pannes secondaires» qui se sont produites au moment de remettre les artères sous tension, explique le professeur.
«Les gens, par exemple, n'avaient pas éteint leur chauffage ou leurs lumières. Or, quand Hydro les rebranche, les maisons sont froides et tous les systèmes de chauffage repartent en même temps, ce qui entraîne une grosse pression sur cette partie du réseau. Dans certains cas, des transformateurs ont sauté, créant une deuxième panne encore plus longue à réparer, puisque changer un gros transformateur, c'est très onéreux en termes de temps», dit-il.
Ça risque d’empirer
«On constate qu’il y a de plus en plus d’événements météorologiques violents», souligne Maxence Huard-Lefebvre, d'Hydro-Québec. «Mais on s’est donné l’ambition de corriger la tendance et de réduire le nombre de pannes de 35% d’ici sept à dix ans, en augmentant nos investissements dans la fiabilité du réseau électrique», ajoute-t-il.
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Le nouveau PDG, Michael Sabia, a récemment affirmé que le service d’Hydro-Québec n’était «pas au rendez-vous». Pour réduire les pannes et les délais de branchement, Hydro-Québec dépensera jusqu’à 50 milliards $ dans les prochaines années.
Toutefois, l’indice de continuité d’Hydro-Québec risque peu de s’améliorer cette année, car de l’aveu même de l’entreprise, l’année 2023 a été parmi les pires des 15 dernières années en ce qui concerne les pannes d’électricité.
«C'est sûr que si on a un réseau qui est plus fragile en partant, les poteaux ont plus de chances de casser. Et si la végétation n'a pas été toujours bien gérée autour des installations, c'est aussi un facteur aggravant, souligne François Bouffard. Les gens d’Hydro ont beaucoup de travail devant eux et ils en sont bien conscients.»
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