Patrick Roy inspiré par Jacques Demers

Jonathan Bernier
On a toujours su que Jacques Demers vouait un immense respect à Patrick Roy, celui qui fut le grand artisan de la dernière conquête de la coupe Stanley du Canadien, en 1993. Même si on n’en doutait point, on sait maintenant que le sentiment est réciproque.
À son premier bain médiatique avec les médias new-yorkais, l’ancien gardien du Canadien et de l’Avalanche a admis vouloir s’inspirer de Demers. Il a rappelé quel avait été le tout premier message de Demers à ses joueurs au moment d’amorcer cette campagne 1992-1993.
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«Jacques nous avait dit: "On va surprendre le monde du hockey en gagnant la coupe Stanley", a raconté Roy. On s’était tous regardés en se disant: "Est-ce qu’il a jeté un coup d’œil à notre formation?" Mais l’homme croyait en nous et nous y avons cru. Je veux qu’on y croie.»
Les Islanders frappent à la porte d’une qualification pour les séries éliminatoires. Avant les rencontres de dimanche, ils accusaient seulement deux points de retard sur les détenteurs du dernier rang donnant accès à la valse du printemps dans l’Est.
Retrouver la constance sera évidemment le mot d’ordre pour remonter les échelons. À commencer par le jeu défensif. D’ailleurs, les statistiques avancées démontrent que les Islanders occupent l’un des derniers rangs dans les sorties de zone.
«La défense gagne des championnats, a souligné Roy. Si tu sors efficacement de ton territoire, tu vas passer moins de temps dans ta zone. À l’inverse, si tu crées revirement après revirement, tu donnes à l’adversaire d’excellentes occasions de marquer.»
- Écoutez l'entrevue avec Nicole Bouchard, acolyte de longue date de Patrick Roy au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :
En partenariat avec les joueurs
D’ailleurs, Roy n’a pas tardé à afficher ses couleurs. Dès le premier entraînement, il y est allé de directives claires et s’est assuré que le tempo des exercices serait élevé. Mais pas question ici d’afficher une intention de mettre le pied à terre et de sortir le fouet pour faire comprendre qu’il y avait un nouveau shérif en ville.
«J’ai eu une bonne discussion avec Jacques Lemaire. Il m’a dit: "Ton premier meeting est important", a-t-il raconté. J’ai toujours été une personne qui essaie de parler avec son cœur. Je veux un partenariat avec mes joueurs. Je veux qu’ils se sentent soutenus et qu’ils sentent qu’on est là pour les aider.»
On sent donc un Roy dont le désir est d’être plus près de ses joueurs. Un entraîneur qui veut que le canal de communication soit toujours ouvert. Voilà l’une des carences de son premier séjour à la barre d’une équipe de la LNH, celui qui l’a vu diriger l’Avalanche du Colorado durant trois saisons (de 2013-2014 à 2015-2016).
Séjour au cours duquel, au terme de sa première campagne, il a remporté le trophée Jack-Adams, remis à l’entraîneur-chef de l’année.
Lou, l’unique patron
Roy a dû patienter huit ans avant que le téléphone ne sonne à nouveau. Le Canadien l’a ignoré à quelques occasions. Récemment, les Sénateurs ont fait de même. Le principal intéressé reconnaît qu’il a lui-même provoqué cette situation en voulant prendre trop de place. Qu’il en a peut-être effrayé plusieurs.
«Ça a été une [leçon d’humilité], a confié le nouvel entraîneur-chef des Islanders de New York après cet entraînement matinal. Ça me permet d’avoir encore plus de respect pour le travail d’entraîneur-chef dans la Ligue nationale.»
«Durant mon premier séjour, j’ai tenu beaucoup de choses pour acquises et je pensais que ce serait facile, a-t-il ajouté. J’ai beaucoup de regrets par rapport à ça. Aujourd’hui, je suis convaincu que je suis dans de meilleures dispositions et que je suis beaucoup plus humble en me lançant dans cette nouvelle aventure.»
En fait, ça prenait un homme comme Lou Lamoriello pour ne pas craindre Roy. À 81 ans bien sonnés, le vénérable homme de hockey en a vu d’autres. Il n’est pas du genre à se laisser impressionner. Même pas par une légende.
La preuve que Lamoriello est bien le patron? Roy s’est rasé la barbe avant d’arriver à Long Island. Une condition sine qua non pour quiconque se joint à l’organisation du vieux Lou.