Pasteur Claude Guillot: la Bible, sa seule autorité

Nicolas Saillant | Journal de Québec
Après que l’avocate de Claude Guillot eut plaidé qu’une peine maximale de trois ans devrait être imposée à son client, le pasteur reconnu coupable de sévices physiques et psychologiques sur cinq enfants s’est levé pour dire au juge que Jésus était sa seule autorité.
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Au début des longues observations sur la peine, qui se sont étalées sur deux jours, l’avocate du pasteur baptiste Claude Guillot, reconnu coupable de 18 chefs d’accusation de voies de fait, de séquestrations et de harcèlement, avait annoncé que son client ne témoignerait pas. «Il a dit ce qu’il avait à dire», avait indiqué Me Suzan Corriveau en faisant référence à ses 14 jours à la barre lors du procès.
L’accusé de 71 ans a donc causé une certaine surprise lorsqu’il s’est adressé au juge Christian Boulet pour lui adresser un dernier commentaire avant qu’il prenne la sentence en délibéré.

Jésus avant le Code criminel
Il a alors répété ce qu’il avait déjà dit: «Jésus est mon autorité dans ma vie, et sa parole, c’est-à-dire la Bible, est la seule autorité». L’homme qui a hébergé cinq jeunes entre 1982 et 2014 et leur a infligé des sévices physiques et psychologiques a aussi répété qu’il «aimait» les victimes.
«J’aime ces jeunes hommes, j’ai toujours aimé ces jeunes hommes et je les aime encore selon la parole de Dieu», a-t-il ajouté en citant un verset de la Bible. Le criminel a terminé en remerciant le juge pour sa patience, lui qui entend cette cause depuis 2015.
Maximum de deux ans de prison
Quelques minutes plus tôt, son avocate venait d’admettre que les crimes pour lesquels Guillot a été reconnu coupable méritaient du temps de détention en proposant toutefois que le juge ne puisse pas aller au-delà de trois ans de prison. Or, cette proposition est à l’opposé de celle de la procureure de la Couronne, qui a demandé entre 12 et 15 ans de prison pour le septuagénaire.
«Ce que la Couronne suggère n’a aucune commune mesure avec notre cas», a plaidé avec émotion l’avocate de la défense en haussant la voix. À l’inverse, elle considère que sa proposition est appuyée sur «un terrain solide».
«Je ne vous parle pas d’émotions, de sentiments. Je vous parle de droit», a dit Me Corriveau, elle-même très intense.
En réplique aux représentations de la défense, Me Sonia Lapointe du DPCP a tenu à répéter au juge qu’«une justification religieuse ne peut pas être un facteur atténuant». La Charte des droits et libertés «n’inclut pas l’endoctrinement», a conclu Me Lapointe pour faire obstacle à l’argument du pasteur selon lequel ses agissements étaient normaux dans son «monde», l’Église baptiste évangélique.
Le juge Boulet a pris la cause en délibéré et rendra sa sentence au début du mois de décembre.