Parti conservateur du Québec: une campagne à la Harper

Gabriel Côté
Marteler un message le plus simple possible et cibler certains comtés pour éviter de dépenser en vain de l’énergie et des ressources: la stratégie d’Éric Duhaime est calquée sur la façon de faire campagne de Stephen Harper selon d’anciens conservateurs fédéraux... à quelques différences près.
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«Mon objectif était de parler de nos cinq gros engagements», a confié candidement Éric Duhaime de retour dans l’autobus de campagne après son entrevue à Radio-Canada dimanche dernier.
Pour l’essentiel, ces mots résument le cœur de la stratégie de campagne conservatrice, qui n’est pas sans rappeler les méthodes employées par le Parti conservateur du Canada de Stephen Harper il y a quelques années.
Pas un hasard
Ce n’est pas un hasard. La présidente de campagne du PCQ, Josée Verner, est une ancienne ministre des gouvernements Harper, et elle reconnaît que le parti d’Éric Duhaime s’inspire directement des façons de faire qui ont permis aux conservateurs fédéraux de prendre le pouvoir lors de trois élections consécutives.
«La chose la plus importante que j’ai retenue de ces années-là, c’est de rester concentrée sur le plan qu’on se donne et sur des buts précis», a-t-elle expliqué.
Les conservateurs ont pour principal objectif d’accroitre leurs appuis à Québec pour atteindre le seuil des 30%, comme le soulignait Éric Duhaime en entrevue au Journal au jour du déclenchement de la campagne.
Selon les estimations du chef conservateur, cela permettrait à son parti de «passer la gratte» dans la couronne nord de Québec, et dans un scénario favorable de grappiller quelques circonscriptions dans Chaudière-Appalaches et en Mauricie, c’est-à-dire dans les secteurs où le vote adéquiste était principalement concentré lors de sa percée électorale de 2007.
Pour y arriver, les conservateurs misent sur la répétition de messages simples. «La meilleure façon de faire passer un message (...), ça reste de ne pas s’éparpiller», a noté Josée Verner.
Style
Pour Marc-André Leclerc, qui était directeur des communications du Parti conservateur du Canada lors des dernières élections fédérales remportées par Stephen Harper en 2011, il y a bel et bien des ressemblances entre ce que faisait son parti et ce que fait aujourd’hui Éric Duhaime.
«Mais d’instinct, je ne me dis pas que ça me rappelle mes années, a-t-il aussitôt nuancé. Au-delà de la stratégie, Stephen Harper avait son style. Duhaime et Harper, ce n’est pas le même politicien. Les idées, c’est une chose, le comportement en est une autre.»
«Il faut aussi prendre le contexte, a ajouté Marc-André Leclerc. Cette stratégie-là était appliquée à une époque où les réseaux sociaux n’étaient pas là. Ça aussi, ça peut avoir une influence. Les campagnes ne se mènent pas de la même façon qu’il y a une quinzaine d’années.»
Réseaux sociaux
De fait, si les réseaux sociaux sont d’une importance vitale pour l’ensemble des partis politiques, ils le sont peut-être encore plus pour le PCQ.
Selon des statistiques de Facebook, Éric Duhaime est le chef de parti qui publie de loin le plus de contenu: au cours des 28 derniers jours, on compte 140 publications sur sa page. À titre de comparaison, François Legault a fait 93 publications pendant la même période, Dominique Anglade 77, Gabriel Nadeau-Dubois 67 et Paul St-Pierre-Plamondon 59.
«Comme pour tout le monde, on se sert des réseaux sociaux parce qu’ils nous permettent de rejoindre directement notre électorat, sans filtre. C’est une façon de contrôler le message», a expliqué le directeur exécutif du parti, Raffael Cavaliere, qui est responsable des réseaux sociaux du parti et du chef.
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