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L'article provient de Le Journal de Québec

Cadre financier: la CAQ chiffre ses nouveaux engagements à 30 milliards $

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Photo portrait de Marc-André Gagnon

Marc-André Gagnon

2022-09-10T13:56:05Z
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SAINT-JÉRÔME – La CAQ chiffre le coût de ses nouvelles promesses à 30 milliards $ d’ici 2026-2027. Le cadre financier dévoilé samedi matin par François Legault et Eric Girard prévoit un déficit, après versement au Fonds des générations (FDG), beaucoup plus important que ce qui était prévu dans le rapport préélectoral.  

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Dès 2022-2023, le déficit atteindrait 7,69 milliards $, alors qu’il était de 6 milliards $ de moins dans le rapport préélectoral, validé par la vérificatrice générale, dévoilé le mois dernier. 

L’année suivante, le solde après versement au FDG serait dans le rouge de 5 milliards $, alors que le déficit en 2023-2024 se chiffrait à 1,27 milliard $ dans le rapport préélectoral. 

MARC-ANDRÉ GAGNON / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI
MARC-ANDRÉ GAGNON / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI

La CAQ vise toujours le retour à l’équilibre budgétaire en 2027-28, alors que le solde budgétaire, l’année précédente, serait négatif de -2,1 milliards de dollars en 2026-27, après contribution au FDG. 

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«On est le seul parti qui présente un plan crédible pour retourner à l’équilibre budgétaire», a fait valoir François Legault. 

Croissance économique

Tel qu’annoncé en début de campagne électorale, la Coalition Avenir Québec promet des baisses d’impôt totalisant 7,5 milliards $. En excluant ces revenus dont l’État se priverait, les dépenses supplémentaires prévues par le parti de François Legault totalisent 22 milliards $. 

La CAQ s’attend à ce que ces baisses d’impôt, jumelées à des investissements majeurs de 3 milliards $ dans la 5G et la téléphonie cellulaire, génèrent une croissance économique supérieure à celle prévue le mois dernier. 

Marc-André Gagnon / Journal de Québec
Marc-André Gagnon / Journal de Québec

«Nous sommes persuadés de pouvoir dépasser les attentes des économistes», écrit le ministre des Finances sortant, Eric Girard, dans le document résumant le cadre financier de son parti pour les quatre prochaines années. 

M. Girard prévoit ainsi une hausse des revenus totale de 3,3 milliards de dollars entre 2024 et 2027. 

En conséquence, les provisions pour imprévus seraient amputées d’un milliard de dollars par an pendant les deux derniers exercices financiers du mandat. Les réserves pour pallier les risques économiques seraient ainsi de 8 milliards $, au lieu des 10 milliards $ inscrits dans le rapport préélectoral. 

7,5 milliards $ de plus au PQI

Les grands chantiers d’infrastructures que souhaite lancer la CAQ coûteront cher. Le parti de François Legault prévoit bonifier une fois de plus le Plan québécois des infrastructures (PQI). De 142,5 milliards $ au dernier budget, il passerait à 150 milliards $, soit 7,5 milliards $ de plus. 

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La bonification de l’offre de soins au privé qui seraient remboursés avec la carte soleil ne se ferait pas sans coût: à compter de 2024-2025, 5 millions $ par année seraient dépensés en raison de la hausse du nombre d’actes médicaux pratiqués à l’extérieur du réseau public. D’ici la fin du mandat, l’impact budgétaire serait de 15 millions $. 

MARC-ANDRÉ GAGNON / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI
MARC-ANDRÉ GAGNON / JOURNAL DE QUÉBEC / AGENCE QMI

En attendant les cadres financiers du Parti Québécois et du Parti conservateur du Québec – François Legault les réclame d’ici jeudi, avant le premier débat – le chef caquiste n’a pas manqué de critiquer les plans déjà dévoilés par Dominique Anglade et Gabrielle Nadeau-Dubois. 

«Pas le temps de jouer aux cowboys»

«Ce n’est pas le temps de jouer aux cowboys avec l’argent des Québécois», a lancé le chef caquiste. 

Contrairement au PLQ, la CAQ a prévu des réserves de 8 milliards $, a entre autres souligné M. Legault. 

Rappelons que le Parti libéral propose de son côté des engagements totalisant 41 milliards $ sur cinq ans, ce qui ferait augmenter la dette de 5 milliards. Dominique Anglade repousserait également de sept ans, le retour au déficit zéro. 

Québec solidaire, qui irait puiser 4,43 milliards $ dans les poches des plus riches et 4,6 milliards $, chaque année d'ici la fin d’un premier mandat, dans les revenus des grandes entreprises, suspendrait les versements au Fonds des générations, ce qui ferait augmenter le ratio dette/PIB à 44%, contre 42% présentement.  

Pour François Legault, c’est dans le pourcentage de la dette sur le PIB que se trouve la clé.  

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«C’est nous qui réduisons le plus la dette en pourcentage du PIB, et puis c’est important parce que cette dette-là, on la laisse à nos enfants donc c’est vraiment une question d’équité entre les générations», a fait valoir le chef caquiste. 

Le cadre financier «qui est le plus grave, c’est QS qui ajoute 32 milliards $ à la dette pour financer des infrastructures... Tout mettre ça sur la carte de crédit de nos enfants», a déploré M. Legault. 

«L’austérité caquiste», affirme la cheffe libérale 

La cheffe libérale en vivement critiqué le cadre financier de la CAQ samedi après-midi, soutenant que la CAQ entraînera le Québec dans «l’austérité». 

«La CAQ s’invente des revenus qui sont basés sur absolument rien, sinon que du vent. Et, les chiffres sont significatifs», a -t-elle déclaré lors d’un très long bain de foule à la fête des Vendanges de Magog. «Non seulement il y a des déficits, mais ils n’arrivent pas à réduire le ratio dette/PIB comme nous sommes capables de le faire.» 

Dominique Anglade affirme que la révision des programmes prévue par la CAQ de François Legault entraînera des politiques d’austérité. 

«La révision de programme, c’est la même chose que les coupures. C’est de l’austérité caquiste qui nous est annoncée, avec 1,5 milliard de coupures. Où vont-ils couper?», demande Mme Anglade. 

La cheffe a aussi ridiculisé la réduction des versements au Fonds des générations inscrites dans le plan caquiste afin de financer leurs engagements et réduire à terme les déficits. «C’est hypothéquer l’avenir de nos enfants», a-t-elle dit.   

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Un cadre financier d'une autre époque, selon QS

« Ce cadre financier là est excellent... pour 1990 », a raillé le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois. « C’est un cadre financier d’une autre époque, pour un homme d’une autre époque », a-t-il ajouté.  

Le leader solidaire s’est également étonné de ne pas y voir une mention des changements climatiques.  

Tout comme son adversaire libérale, M. Nadeau-Dubois estime que le plan caquiste entraînera des coupures à plus ou moins long terme. « On les connaît ces partis-là, les partis comme les libéraux, comme la CAQ. Quand ils promettent des déficits, qu’est-ce qui vient après? C’est de l’austérité », a-t-il déclaré.  

Le cadre financier de QS, déposé hier, ne prévoit pas de déficits, mais pour y arriver le parti suspend l’ensemble des versements au Fonds des générations.  

Un aller simple vers l’austérité, dit le PQ

Le parti québécois qualifie le cadre financier de la CAQ « irresponsable » non pas tant sur la question du déficit mais plutôt au sujet des baisses d’impôts qui menacent les services publics, selon le chef Paul St-Pierre Plamondon. 

« On réduit notre capacité à financer nos services publics et c’est un aller simple vers l’austérité, croit M. St-Pierre Plamondon. Qui plus est, on utilise le Fonds des générations pour financer une baisse d’impôt, je ne trouve pas ça responsable. C’est une attaque contre les services publics. »

Il rappelle que le Fonds des générations a été créé dans l’objectif de diminuer la dette des prochaines générations.

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Le déficit toutefois ne l’inquiète pas. « Il faut regarder le ratio dette/PIB et ce n’est pas tant le ratio qui m’inquiète, dit-il. La dette en tant que telle, tant qu’elle est sous contrôle en rapport du PIB, ce n’est pas tant ça...que le choix de baisser les impôts qui pourraient nous amener dans une situation d’austérité.»

«Ce que je trouve irresponsable c’est la baisse d’impôt», a-t-il martelé. 

La chef libérale Dominique Anglade a aussi brandi le spectre de l’austérité mais pas pour les mêmes raisons que le PQ puisque sa formation a aussi promis des baisses d’impôt. Elle affirme notamment que la CAQ n’arrivera pas à diminuer le ratio dette/PIB comme les libéraux veulent faire. 

Le parti québécois est l’un des derniers à présenter son cadre financier. Il s’engager à la faire avant le Face-à-Face de TVA , jeudi prochain.

Le cadre financier de la CAQ prévoit aussi: 

- Un financement stable des grandes missions de l’État avec une croissance des dépenses en santé de 4,5%, et de 3,5% en éducation et en enseignement supérieur; 

- Une augmentation de 7,5 milliards $ des investissements en infrastructures publiques et le maintien des versements au Fonds des générations à près de 3 milliards de dollars par année; 

- La poursuite de la réduction du poids de la dette nette par rapport au PIB pour qu’il atteigne 31% d’ici 2032-33; 

- De rendre la cotisation au Régime des rentes du Québec (RRQ) pour les travailleurs âgés de 65 ans et plus optionnelle afin de contrer la pénurie de main-d’œuvre, ce qui pourrait représenter jusqu’à 3 000 $ par an; 

Avec la collaboration de Nicolas Lachance, de Patrick Bellerose et d'Annabelle Blais

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