Ouverture du REM: des résidents craignent que la densification apporte plus de voitures à L'Île-des-Sœurs et non le contraire
La demande pour des logements à haute densité n'est pas nécessairement liée au transport en commun, selon un expert


Anouk Lebel
Les tours de condos ont commencé à pousser bien avant l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) à L’Île-des-Sœurs, au déplaisir de résidents de longue date qui doutent que le développement de leur quartier soit réellement axé sur le transport en commun.
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«Je n’ai rien contre le REM, ce qui me dérange, c’est la densité. Quand on ajoute des gens, on ajoute des voitures [sur les routes]», croit Marc Nawar.
À 2 km de chez lui, près de la nouvelle station REM, se dresse le nouveau quartier Pointe-Nord du promoteur Proment. Deux des tours atteignent 30 étages et une autre, 36. La dernière tour Évolo «Nex» 1 est encore en construction. Elle compte 258 logements sur 26 étages.
Le promoteur voulait la faire encore plus haute, avec 37 étages, mais l’arrondissement a mis des limites. Le promoteur a toutefois réussi à négocier 1,06 place de stationnement par logement alors que le règlement impose un maximum de 0,75.
Un condo pour délaisser la voiture?
À L’Île-des-Sœurs, la culture de la voiture est encore très forte, avec plus de 60% des déplacements qui s’effectuent en automobile, selon la dernière enquête Origine-Destination datant de 2018.
Les acheteurs de condos des quartiers densifiés autour du REM ne seront pas nécessairement des utilisateurs du transport en commun, note Jean-Philippe Meloche, professeur et directeur du département d’urbanisme de l’Université de Montréal.
«Il y a une demande partout au Québec pour des logements à haute densité, entre autres à cause du vieillissement de la population. Ce sont des gens qui ont déjà leur famille et qui cherchent quelque chose de moins compliqué à entretenir, mais ce n’est pas nécessairement lié au transport en commun», explique-t-il.
- Écoutez le commentaire de Robert Poëti, ancien ministre des Transports de 2014 à 2016 au micro de Jean-François Baril via QUB radio au sujet du REM :
Alain Bossé, qui vit sur l’île depuis 35 ans, doute lui aussi que la nouvelle population délaisse la voiture.

«Ça va être plus long pour beaucoup de gens de se rendre dans le Vieux-Montréal avec le REM, quand les autobus ne pourront plus passer par le pont Champlain», dit-il.
«Si on a 1500 ou 2000 logements de plus avec des stationnements, c'est sûr que ça va amener plus de voitures sur l'île», estime le président de l'Association des propriétaires et résidents de L'Île-des-Sœurs, Daniel Manseau.

«Réflexion urbanistique»
La mairesse de Verdun et de L’Île-des-Sœurs, Marie-Andrée Mauger, fait valoir que depuis 2018, l'arrondissement a entamé une «réelle réflexion urbanistique» pour la pointe Nord, autour de la station du REM, pour mettre fin au «développement sauvage».
Cette démarche a mené à l’adoption d’un Plan particulier d’urbanisme, en 2020, qui met des balises en matière de densité et de hauteur. Le maximum est désormais fixé à 78 mètres pour protéger les vues du mont Royal.
L'élue de Projet Montréal est convaincue que cette nouvelle vision du développement poussera les gens à monter à bord du REM.
«Avec une fréquence aux 3 minutes, on vise que dans un rayon d'un kilomètre, il y ait autant des étudiants, des travailleurs que des familles, avec un vrai pôle de services et des commerces de proximité», souligne-t-elle.
- Écoutez l'édito de l'économiste Francis Gosselin via QUB radio :
Une île qui se densifie
- Une station du REM sur la pointe Nord
- 21 568 résidents en 2021, 5% de plus qu’en 2016
- 11 400 autos en 2018, 1,18 par logement
- 63% de la population utilise l'automobile
Sources: Statistique Canada et Enquête OD 2018
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