Ouverture du REM: ils ne veulent pas d'un Griffintown à Brossard
La mairesse veut développer un nouveau centre-ville autour de la station Panama


Anouk Lebel
Des résidents de Brossard craignent de voir leur banlieue paisible se transformer en une réplique d'un quartier du centre-ville comme Griffintown avec l’arrivée de la station Panama du Réseau express métropolitain (REM).
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«Quand on s’est établis ici il y a 35 ans, c’était pour être dans un secteur résidentiel, on voulait une vie calme. On veut que notre cour arrière, ça reste un havre de paix. On n’est pas à New York, on est à Brossard!» lance Lucie Muller.
- Écoutez l'entrevue avec Sarah Doyon, Directrice générale chez Trajectoire Québec à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :
La retraitée a élevé ses deux grands enfants dans une maison unifamiliale en face de la place Portobello, un centre commercial où le promoteur First capital souhaite se lancer dans le développement résidentiel.

Non loin de là, un autre promoteur a obtenu l’autorisation de construire une première tour commerciale et résidentielle de 8 étages.
«Ça va complètement dénaturer le coin, il n’y a rien aux alentours qui a plus de quatre étages», affirme Guy Boily, qui a acheté sa maison dans le secteur en 1978.
«Développement sauvage»
Sa maison se trouve dans le secteur T, une zone résidentielle séparée de la nouvelle station Panama par l’autoroute 10.
Près de la gare, le groupe Prével a acquis avec la société immobilière TGTA certains lots de la place Panama, un autre centre commercial du promoteur First capital, qui a obtenu l’autorisation de construire des édifices allant jusqu’à 30 étages.


Les résidents de longue date parlent d’un «développement sauvage» mené par les promoteurs devant lesquels la population locale ne fait pas le poids.
«Si je voulais vivre à Manhattan, j’irais à Griffintown», peste le conseiller municipal indépendant Claudio Benedetti en faisant référence au quartier le plus dense de la métropole américaine, connu pour son effervescence et ses gratte-ciel.
Il affirme que les systèmes d'égouts et d’aqueduc ne fourniront pas si de tels quartiers voient le jour à Brossard.
- Écoutez l'entrevue de Rémi Villemure avec Axel Fournier, porte-parole de l'Association pour le transport collectif de la Rive-Sud via QUB radio :
D'Unisolar à Panama
Élue en 2017, la mairesse de Brossard, Doreen Assaad, veut marquer un grand coup en faisant de la station Panama le nouveau centre-ville de la municipalité en croissance.
«C'est nous le conseil qui allons définir la vision du projet, en collaboration avec les promoteurs», explique-t-elle.
Elle dit avoir appris de l’imposant Solar Uniquartier autour de la station du Quartier, où le promoteur Devimco a construit des centaines d’unités résidentielles qui côtoient commerces, bureaux et même un campus universitaire.

«Pour nous, c’est ça, un projet de développement urbain à haute densité, autour d’un moyen de transport important. Sinon, ça encourage l’étalement urbain, ce n’est pas envisageable dans le futur», souligne la mairesse.
Si le zonage actuel permettait 57 000 nouvelles unités d’habitation dans tout le territoire de Brossard d’ici 2060, la Ville envisage d'en développer environ la moitié – 30 000 –, principalement le long du tracé du REM.
Une ville en pleine croissance
- Trois stations du REM vers Montréal
- 91 525 habitants en 2021, une hausse de 7% par rapport à 2016
- Des centaines de nouveaux habitants au Solar Uniquartier, de l'autre côté du DIX30
- Un centre-ville à venir à la station Panama
Qu'est-ce qu'un TOD?
La Ville de Brossard souhaite développer les alentours des stations du Quartier et Panama selon le principe TOD (Transit oriented development ou, en français, aménagement axé sur le transport en commun).
«Ça veut dire que la gare devient un lieu commun fréquenté et vivant, au milieu d’un parc et d’un centre commercial», explique Jean-Philippe Meloche, directeur et professeur de l’École d’urbanisme de l’Université de Montréal.
Si ce type de développement mixte à haute densité ne présente aucun gain pour les résidents actuels, il représente un gain collectif s’il est bien conçu et encourage le transport en commun, avance-t-il.
«À l’heure actuelle, on est mi-figue mi-raisin, on sensibilise les gens à habiter dans les TOD, près du transport en commun, mais on facilite l’automobile», déplore-t-il toutefois.
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