Ottawa veut serrer la vis aux compagnies aériennes

Raphaël Pirro
Frustré par le comportement «inacceptable» de Sunwing après un temps des Fêtes particulièrement chaotique, le ministre fédéral des Transports veut serrer la vis aux compagnies aériennes en facilitant les compensations aux clients dont les vols ont été retardés ou annulés.
• À lire aussi: Chaos des Fêtes: Sunwing, Air Canada et WestJet font leur mea culpa en comité parlementaire
• À lire aussi: Plaintes de voyageurs: seulement 66 850 $ de sanctions pour des transporteurs fautifs en neuf mois
• À lire aussi: Déboires dans les aéroports: le ministre et des dirigeants de l’industrie témoigneront
«Le fardeau de preuve doit passer des voyageurs aux compagnies aériennes», a déclaré Omar Alghabra en comité parlementaire spécial, jeudi. Il entend proposer de nouvelles règles dès le printemps.
«En ce moment, les passagers se font trop souvent dire qu’ils n’ont pas le droit aux compensations alors que, dans les faits, ils le sont. Cette situation a créé une avalanche de plaintes à l’Office canadien des transports», a remarqué le ministre en comité parlementaire jeudi.
Il juge en particulier que les lignes aériennes se servent d’arguments liés à la sécurité pour justifier l’impossibilité de dédommager les clients en cas d’annulation ou de retard important de leur vol.
Selon la plus récente version du Règlement sur la protection des passagers aériens, entrée en vigueur au mois de septembre, ce sont les clients qui doivent démontrer pourquoi une compensation financière leur est due.
M. Alghabra a d’ores et déjà annoncé qu’il travaillait sur de nouvelles règles et assuré que de nouvelles ressources et manières de faire seront implantées à l’Office canadien des transports.
L’organisme possède un arriéré de 33 000 plaintes en lien avec le secteur aérien, dont 21 000 seulement depuis le 1er avril dernier, a affirmé sa présidente France Pégéot.
Sunwing critiqué de toutes parts
Plus que n’importe quelle autre compagnie, Sunwing a été la cible du ministre Alghabra et d’une série d’autres intervenants qui ont défilé devant les membres du comité des Transports.
«Sunwing a enfreint les droits des passagers», a-t-il sèchement lancé, ajoutant que «certaines compagnies n’ont pas respecté leurs obligations».
Le PDG d’Aéroports de Montréal (ADM) n’a pas mâché ses mots non plus.
«L’ensemble des opérations s’est bien déroulé à YUL [aéroport de Montréal] durant toute la période des Fêtes, à l’exception d’un partenaire : Sunwing [...]», a-t-il dit, qualifiant la relation de «plus problématique» que les autres, notamment en raison d’un manque de communication «inacceptable».
M. Rainville dit que la semaine dernière, ADM a exigé de Sunwing «un plan d’action pour éviter qu’un retour à la normale de ses opérations prenne autant de temps».
Les lignes aériennes s’excusent et se défendent
Invités au comité, les dirigeants de Sunwing, d’Air Canada et de WestJet se sont tous confondus en excuses, mais semblaient las d’être les principaux suspects : ils aimeraient que la responsabilité pour les retards soit partagée par un grand nombre d’acteurs.
«Permettez-moi de commencer par m’excuser de ne pas avoir livré le niveau de service auquel les Canadiens s’attendaient», a déclaré d’emblée le président de Sunwing, Len Corrado. L’entreprise a reçu 7000 plaintes et annulé 67 vols entre le 15 et le 31 décembre.
Pour David Rheault, vice-président des relations gouvernementales et avec les collectivités de Air Canada, «les transporteurs aériens ne doivent pas être responsables de compensations financières en cas de force majeure», comme les tempêtes de neige du 23 décembre.
Même son de cloche du côté de WestJet, Andrew Gibbons, son vice-président des Affaires extérieures, ne croit pas que «la priorité du gouvernement» devrait être d’augmenter les pénalités envers «le seul groupe qui doit rendre des comptes», soit les compagnies aériennes.
Plusieurs causes hors de contrôle des lignes aériennes peuvent causer des retards ou des annulations, comme les files d’attente aux douanes, ou alors le manque de personnel à l’aéroport.