Ottawa plaide la «vigilance» par rapport à TikTok, surveillée par le renseignement

Raphaël Pirro | Agence QMI
Les services de renseignements canadiens ont à l’œil TikTok, a déclaré Justin Trudeau jeudi, au lendemain de l’adoption par le Sénat américain d’une loi interdisant la populaire application chinoise sur les appareils détenus par le gouvernement.
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Le premier ministre a indiqué jeudi que le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), qui relève du ministère de la Défense, «surveille» TikTok «de très près».
«Nous surveillons ce que font les Américains et nous continuerons à nous assurer que les Canadiens sont en sécurité sur les médias sociaux [...]», a déclaré le premier ministre en mêlée de presse, avant une réunion du cabinet.Selon le cabinet du premier ministre, Justin Trudeau n’a jamais eu de compte officiel sur la plateforme.
Le chef conservateur Pierre Poilievre en a un, qui cumule plus de 150 000 abonnés.
Le chef du NPD Jagmeet Singh est de loin de chef d’un parti fédéral le plus populaire sur TikTok, avec plus de 880 000 abonnés.
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Yves-François Blanchet n’a pas de compte TikTok, mais le Bloc québécois en a un.Sur son site web, le CST explique être l’organisme «chargé de préserver, pour le gouvernement du Canada, la sécurité des technologies de l’information et de recueillir du renseignement électromagnétique étranger».Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, estime «qu’il faut être vigilant» par rapport à TikTok.
«Je pense que dans les circonstances il faut voir ce que nos alliés américains vont faire, puis consulter les alliés», a-t-il dit jeudi.Les préoccupations en lien avec l’application et la sécurité nationale ne datent pas d’hier.
Comme bien d’autres entreprises chinoises, l’entreprise est soupçonnée d’avoir des liens avec le Parti communiste chinois, et même de transférer des données sur ses utilisateurs à des fins politiques.
Le président américain Donald Trump avait créé la controverse en suggérant qu’il faudrait tout simplement bannir TikTok aux États-Unis.Loin d’avoir fait l’unanimité à l’époque, le Sénat américain vient d’interdire son utilisation dans les téléphones appartenant au gouvernement, et voilà que des républicains du Congrès ont déposé tout récemment un projet de loi pour l’interdire à la grandeur du pays.Les Européens ont des soucis similaires.
Pas plus tard que le mois dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a confirmé que plusieurs enquêtes étaient en cours en raison d’inquiétudes liées à la protection des données des utilisateurs.TikTok, qui allie création de vidéos et réseau social, est de loin le site web qui connaît la plus grande croissance dans le monde.
Le géant technologique a dépassé le milliard d’utilisateurs en septembre 2021, ce qui en a fait, selon l’entreprise de cybersécurité Cloudflare, le plus populaire dans le monde, dépassant par le fait même le moteur de recherche Google.
Dans une déclaration envoyée à l’Agence QMI, une porte-parole pour TikTok Canada a déclaré que l’entreprise continue «de cultiver une relation constructive avec le gouvernement canadien» et est «en contact avec différents ministères» pour «expliquer» comme l’entreprise «protège la sécurité et la vie privée» de ses utilisateurs canadiens.
«Nous sommes conscients que notre succès et notre croissance peuvent soulever des questions. Nous nous engageons à répondre et à dépasser les attentes des Canadiens en matière de sécurité et de confidentialité de leurs données», a-t-elle ajouté.