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OPINION: La CAQ a peur de se mettre les automobilistes à dos

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Photo portrait de Maude Carmel

Maude Carmel

2023-11-15T21:26:49Z
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Visiblement, la CAQ a très peur de se mettre les automobilistes à dos. Comment se fait-il qu’on donne des subventions non-négligeables pour des voitures électriques à 60 000$, sous le couvert de la transition climatique, qu’on réduit le coût du permis de conduire, mais qu’on donne si peu d’amour aux transports en commun?

Pour une troisième année de suite, le renouvellement du permis de conduire ne coûtera que 25,50$ aux automobilistes en 2024, au lieu de 127$.

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Le mois dernier, la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, annonçait pourtant que Québec pourrait cesser d’éponger le déficit des principales sociétés de transport de la province. Résultat appréhendé : une baisse inévitable dans les services.

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Afin de rééquilibrer les budgets, Mme Guilbault entrevoit comme seule solution de couper dans l’offre de service des autobus et des métros de la province, mais continue de faire des cadeaux aux automobilistes. Et si tout ça n’était pas une question de budget, mais bien d’idéologie?

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On le sait: la lutte aux changements climatiques passe en grande partie par la modification de nos habitudes de déplacements. Pour inciter la population à réduire l’auto solo, y’a-t-il pire chose que de réduire la fréquence, le nombre de lignes et les heures de service des transports en commun?

L’achalandage a beau avoir baissé pendant la pandémie, les bus et les métros retrouvent depuis plusieurs mois leurs lettres de noblesse. Couper dans l’offre de service, c’est entrer dans un cercle vicieux qui ne fera que fragiliser la clientèle...et les obliger à se tourner vers d’autres modes de transport. Ça, c’est s’ils en ont les moyens. 

Les plus vulnérables pénalisés

En écumant un petit extra consenti aux sociétés de transport, Geneviève Guilbault ne fait que dépouiller les usagers d’un besoin de base. 

Chaque fois qu’on coupe dans le transport collectif, ce sont ceux qui en ont le plus besoin qui en pâtissent. Étudiants, personnes à mobilité réduite, citoyens qui n’ont pas les moyens d’avoir une automobile... Pendant que les plus nantis, qui se déplacent plus souvent qu’autrement en voiture, ne voient pas leur quotidien changé. 

Pourtant, économiquement parlant, c’est beaucoup plus avantageux pour une société d’avoir une majorité d’usagers de bus, trains et métro que d’automobilistes! Le coût collectif pour un déplacement en voiture revient 4,8 fois plus cher qu’un déplacement en bus, entre autres à cause de tout l’espace qu’une automobile et son stationnement demandent, sans compter l’impact sur nos routes et nos écosystèmes. 

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Côté mobilité durable, la CAQ semble d’ailleurs abonnée aux incohérences: alors qu’elle prévoyait augmenter l’offre de service de 5% par année, elle ne fait que négocier sur les endroits où couper. 

Éponger grâce aux malus

Comment fait-on, alors, pour éponger le déficit si les sociétés de transport n’ont plus de gras où couper? 

Via l’écofiscalité, qui fait déjà ses preuves dans plusieurs régions du monde!

En indexant tout simplement la taxe sur l’essence, qui n’a pas été augmenté depuis 2013, on pourrait aller chercher plusieurs millions. Même chose pour la taxe pour le transport en commun qui ne coûte que 30$ depuis les années 90 (75$ à Montréal). Sans compter la taxe sur les stationnements non résidentiels, qui représenterait un financement non-négligeable!

En ayant une réelle politique structurante, en pénalisant les “comportements polluants”, le gouvernement pourrait facilement aller chercher 500 millions par année, épongeant ainsi le déficit en 4 ou 5 ans seulement. Ce n’est qu’une question de priorité...et d’idéologie.

Si notre gouvernement prenait réellement les changements climatiques au sérieux, il reverrait l’entièreté du système de financement des transports et se ferait un devoir de bousculer notre manière archaïque d’aménager notre territoire. Un gouvernement qui perçoit la mobilité durable comme un réel levier dans la transition climatique ne prendrait jamais la chance de fragiliser un tel service. Il mobiliserait des ressources pour la placer enfin au cœur des déplacements de ses citoyens.

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