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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

«On résistera», les Mexicains à la frontière des États-Unis ne faiblissent pas devant Trump

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2025-03-04T21:31:11Z
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«On résistera !» a lancé mardi Juan Diego Mendoza au volant de son camion dans une file d'attente pour passer de Tijuana (Mexique) aux États-Unis, après la mise à exécution par le président Trump de ses menaces de droits de douane.

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Le camionneur mexicain s'est levé plus tôt que d'habitude pour écouter la réponse de la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, aux 25% imposés par le président américain aux exportations mexicaines.

Bien qu'il aurait aimé une réponse immédiate, le conducteur de 31 ans devra attendre jusqu'à dimanche, jour où la présidente de gauche annoncera les détails des représailles «douanières et non-douanières» lors d'une réunion publique à Mexico.

«La présidente le gère intelligemment, sans s'énerver ni se laisser provoquer par l'arrogance de Trump qui se croit le maître du monde», se félicite M. Mendoza rencontré par l'AFP à Otay Mesa.

Près d'un million de camions ont traversé ce passage frontalier de Tijuana entre janvier et novembre 2024, selon les chiffres officiels.

Les droits de douane «vont nous affecter, mais on résistera», ajoute le chauffeur avec fierté.

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La décision de Claudia Sheinbaum d'annoncer à son tour des mesures douanières en public, dimanche devant ses partisans, «envoie un message d'union», estime Diego Marroquin, spécialiste en commerce au Wilson Center. Elle gagne également du temps «pour négocier une solution de dernière minute», juge-t-il.

«L'emploi est en baisse»

Juan Diego Mendoza ressent déjà l'effet des mesures protectionnistes, que Trump justifie en accusant le Mexique et le Canada de ne pas assez lutter contre le trafic de fentanyl et l'immigration illégale vers les Etats-Unis.

À la frontière, les véhicules sont passés aux rayons X. Les chauffeurs routiers peuvent attendre jusqu'à cinq heures avant d'entrer aux Etats-Unis en raison de ces contrôles plus sévères demandés par Sheinbaum.

La présidente a déployé en février 10.000 soldats à la frontière avec les Etats-Unis en échange d'un report des taxes à l'importation.

Àngel Cervantes, un camionneur de 28 ans, affirme payer les pots cassés des taxes imposées par Donald Trump sur les produits chinois (20%).

«L'emploi est en baisse parce que la moitié des entreprises de Tijuana exportent du matériel chinois. Et comme les tarifs sont aussi contre la Chine, l'emploi dans les compagnies de transport est en baisse», signale-t-il.

L'entreprise pour laquelle M. Cervantes travaille a perdu un client qui exportait des climatiseurs chinois.

«On est passés de deux voyages par jour à un seul, puis un par semaine et un tous les quinze jours, jusqu'à ce qu'ils cessent», relate le chauffeur, dont le salaire a baissé de 800 à 600 dollars par semaine.

Résistance

Un autre chauffeur-routier, Jonathan Figueroa, 26 ans, est au chômage depuis quatre mois. Explication : l'un des principaux clients de son ex-employeur, un fabriquant de panneaux solaires, a transféré son usine du Mexique aux Etats-Unis.

«Mon patron m'avait dit que si Donald Trump était élu, l'entreprise s'en irait au Nouveau-Mexique. Et c'est arrivé», raconte-t-il.

Dans les villes frontalières comme Tijuana, les taxes douanières préoccupent également l'industrie manufacturière de la sous-traitance américaine (les «maquiladoras»).

Après avoir terminé sa vacation de douze heures dans une usine de haut-parleurs de voitures pour une grande marque, Maria Virginia Gutiérrez admet son «inquiétude», surtout que l'usine a été vendue par des Américains à des investisseurs chinois récemment.

«Nous devons nous défendre. Nous sommes forts économiquement et autonomes. Contrairement à eux, nous ne voulons pas la voiture de l'année ni le meilleur morceau de viande. Nous sommes heureux avec des haricots et un œuf», conclut Juan Diego Mendoza.

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