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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

«On n’avait rien du tout»: témoignage d’une chirurgienne de Maisonneuve-Rosemont sur le point d’opérer au moment de la panne

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Photo portrait de Yannick Beaudoin

Yannick Beaudoin

2025-05-01T00:52:55Z
2025-05-01T01:01:11Z
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Au lendemain de la panne qui a privé d’électricité une partie de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, une chirurgienne qui était sur le point d’opérer au moment où l’établissement a perdu le courant est venue témoigner à l’émission Le Bilan.

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«Je pense qu'on a évité le pire. Tout s'est somme toute bien déroulé, malgré les circonstances», a affirmé la Dre Ariane Lacaille-Ranger.

Des étages qui ne sont jamais censés manquer d’électricité ont été plongés dans le noir en raison d’une génératrice qui n’a pas fonctionné.

Cette situation a mis la Dre Lacaille-Ranger et son équipe dans une situation inquiétante, puisque deux chirurgies étaient prévues mardi soir.

«On s'apprêtait à endormir ma première patiente pour ma chirurgie. Puis là, les lumières se sont éteintes. D'habitude, quand il y a une panne d'électricité, c'est une fraction de seconde puis après ça, ça se rallume. Des fois, on opère à laparoscopie. C'est un cas que j'avais besoin de laparoscopie. Donc on part l'image, puis là, ça fait comme un gros clignement des yeux, puis ça revient. Mais là, ça ne revenait pas. On n'avait pas commencé à opérer: une chance», raconte la chirurgienne.

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«Puis là, c'était le questionnement de tous les employés qui étaient au bloc opératoire. Puis le premier réflexe qu'on a eu, c'est d'aller voir aux soins intensifs s'il y avait de l'électricité, parce qu'ils sont au même étage que nous», ajoute-t-elle, avant de confirmer que les soins intensifs aussi étaient privés de courant.

Capture d'écran LCN
Capture d'écran LCN

La situation aurait pu être bien pire si la chirurgie avait été entamée au moment de la panne, souligne la médecin.

«Je n'aurais plus d'image du tout. Donc là, la décision, dépendamment de l'étape, de qu'est-ce qui se passe, c'est d'attendre, si je peux me permettre d'attendre. Là, il aurait fallu que j'attende une heure et quart. Ou de se dire, on va convertir puis on va ouvrir la patiente. Mais là, on n'a pas d'électricité, [...] on n'a rien. On n'a pas de lampe, on n'avait rien du tout», indique la Dre Lacaille-Ranger.

Bien que l’ensemble du personnel médical est demeuré professionnel, un sentiment de colère a animé les employés de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont au moment de la panne.

«Oui, c'est fâchant, mais sur le coup, on n'est pas fâchés. Puis tout le monde, les employés, c'était... C'était vraiment beau à voir. C'est bizarre à dire, mais c'était de l'entraide. Ce n’était pas en mode catastrophe ou panique. Tout le monde restait calme puis c'était de trouver des solutions pour assurer le bien-être des patients en travaillant en équipe», mentionne la chirurgienne.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Celle-ci espère voir des gestes concrets et rapides être posés par le gouvernement Legault.

«On se ramasse un peu avec un hôpital tellement désuet, combien de temps est-ce qu'on va pouvoir continuer comme ça?», s’interroge-t-elle.

La situation est de plus en plus insoutenable pour le personnel de Maisonneuve-Rosemont.

Capture d'écran LCN
Capture d'écran LCN

«On est capable de fonctionner comme ça, mais on est capable de fonctionner comme ça en se disant qu'on va avoir des solutions à moyen terme», soutient la Dre Ariane Lacaille-Ranger.

Celle-ci refuse d’aller travailler dans un autre hôpital, malgré tous les problèmes dans cet établissement.

«Maisonneuve, c'est ma deuxième maison. J'ai été formée là. Je pense que tout le monde qui travaille à Maisonneuve travaille à Maisonneuve parce que c'est Maison Neuve Rosemont. C'est le personnel, c'est l'ambiance. On se serre les coudes puis on avance puis on... Somme toute, un très bon hôpital qui offre d'excellents soins aux patients. Il faudrait juste avoir la bâtisse qui va avec», clame-t-elle.

La chirurgienne a d’ailleurs un message pour le premier ministre du Québec.

«Je lui demanderais comment il se serait senti s'il avait été hospitalisé aux soins intensifs hier soir ou si quelqu'un de proche de lui était dans cette situation-là. Est-ce qu'il faut qu'on se rende à un point qu'il y a quelque chose de grave qui arrive pour qu'on réalise que Maisonneuve a besoin d'être rénové? On ne veut pas se rendre là», déclare-t-elle.

«Je ne peux pas croire que ça va prendre une catastrophe, mais il ne faut pas le prendre à la légère quand ça arrive des situations comme ça», ajoute la médecin.

Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.

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