OD, Lisa LaFlamme, Grand Prix: crise par-dessus crise chez Bell

En moins de six mois, soit depuis juin, Bell Média a été forcée de gérer trois crises qui entachent sa réputation en plus de mettre en lumière une incohérence entre ses valeurs et ses actions. 

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«Mieux pour tous» est le slogan qui accueille les internautes sur le site web de Bell, entreprise qui est aussi associée à la cause de la santé mentale depuis plusieurs années. 

Or, l’entreprise nage aujourd’hui en pleine controverse parce que l’émission Occupation double, qu’elle diffuse sur sa chaîne Noovo, a versé dans l’intimidation, devant des milliers de téléspectateurs. 

• Écoutez l'entrevue avec Charles Montigny, entrepreneur et ex-candidat d’Occupation Double à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 23 via QUB radio :

Neuf commanditaires choqués ont mis fin à leur partenariat, tandis que sur les médias sociaux, les voix s’élèvent pour dénoncer une téléréalité qui présente des comportements toxiques, dont on sait qu’ils ont un effet négatif sur la santé mentale.

«Avec tous les enjeux des dernières semaines, les dirigeants de Bell auraient raison de se préoccuper de l’impact sur leur réputation et leur crédibilité. Toute entreprise sait qu’il est très long de gagner la confiance, que cette confiance se mérite à chaque jour et qu’il est aussi facile de la perdre», observe Catherine Cano, présidente de CanoVision et experte en éthique et gouvernance. 

GRAND PRIX DU CANADA

Selon M^me Cano, une entreprise doit répondre d’un code d’éthique et le respecter. Ses valeurs devraient aussi, dit-elle, être reflétées à tous les niveaux. 

Mais comment Bell peut-elle d’un côté promouvoir ce «Mieux pour tous», associé à la santé, au bien-être et à la carboneutralité, tout en étant promoteur du Grand Prix de Formule 1, un événement où l’essence brûle et le tourisme sexuel abonde? Tout en diffusant de l’intimidation réelle? Tout en congédiant une lectrice de nouvelles expérimentée et adulée? 

«Je ne suis pas sûr que le public les relie à tous ces événements. L’entreprise est tellement tentaculaire que je ne suis pas certain que la marque soit si entachée», réfléchit le professeur de communication publique à l’UQAM Bernard Motulsky, tout en reconnaissant que jouer sur deux tableaux finit par entacher la crédibilité.

INCOHÉRENCE

«Il y a une incohérence et une inconséquence. Ça ne fitte pas avec les valeurs affichées et c’est condamnable, mais ce n’est pas quelque chose qui menace l’organisation à long terme», analyse pour sa part le professeur Christophe Roux-Dufort, qui enseigne la gestion de crise à l’Université Laval. 

Volkswagen, qui a déjoué les contrôles d’émissions polluantes des agences gouvernementales il y a quelques années, est pour lui le summum du scandale et pourtant, l’entreprise a résisté à la crise. 

«La taille, l’histoire et les réalisations d’une organisation sont des facteurs absorbants des méfaits, affirme M. Roux-Dufort. Et je pense que les organisations comme ça misent sur le fait que l’attention du public tourne très vite. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle.»

En fin de journée, Bell Média n’avait toujours pas répondu à notre demande d’entrevue.

Quelques enjeux de gestion de crise

Intimidation à Occupation Double

Octobre 2022 : Neuf commanditaires de l’émission mécontents des comportements abusifs dans la maison des gars d’OD se retirent. En réaction, la production expulse deux intimidateurs, alors qu’un troisième a été éliminé du jeu.

Congédiement de la lectrice de nouvelles à CTV, Lisa LaFlamme

Août 2022 : Les téléspectateurs sont choqués et de nombreuses personnalités canadiennes condamnent la « décision d’affaires » au parfum d’âgisme qui a mené au congédiement de la populaire lectrice de nouvelles, lauréate de nombreux prix.

Tourisme sexuel Grand Prix de Formule 1 de Montréal 

Juin 2022 : L’exploitation sexuelle et la prostitution juvénile sont dénoncées de partout, en plus de la pollution. Bell, qui est promoteur de l’événement depuis 2021 a dû diffuser sur Noovo une campagne pour sensibiliser les clients de la prostitution.